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8 juillet 2016 5 08 /07 /juillet /2016 16:33

« Nous voulons participer ! »

Oui, la société change rapidement. Trop rapidement même aux yeux de certains qui ont du mal à s’adapter. Dans tous les domaines l’évolution est profonde. Les vieilles structures « craquent » et les institutions les plus solides sont ébranlées. C’est l’époque aussi d’une revendication de participation. En déposant en 1971 une initiative fédérale qui réclame une participation des travailleurs à la gestion des entreprises, les syndicats suisses expriment la volonté d’un nombre croissant de gens d’être étroitement associés à tout ce qui détermine leur destin, notamment dans leur vie professionnelle.

Il est vrai que les événements de mai 1968 avaient conduit de nombreux citoyens – pas seulement des jeunes – à adopter une attitude plus critique à l’égard de la société, à mettre en cause les institutions et les valeurs établies. C’est l’époque où se développent des expériences de vie communautaire et du « retour à la campagne ». L’époque aussi de la drogue qui commence à faire des ravages. Déçus par les maigres résultats des rêves de Mai 68 et, ayant du mal à s’insérer dans une société qui paraît de plus en plus préoccupée par la seule satisfaction de ses besoins matériels, des jeunes se laissent séduire par la drogue.

Cette évolution suscite des réactions d’incompréhension et de crispation dans les milieux officiels qui acceptent difficilement cette remise en question. Si certains hommes politiques tentent de comprendre le désarroi des jeunes et le sens de leur révolte, la majorité, au contraire, se raidit. Les protestations suscitées en juillet 1970 par la diffusion du Petit livre rouge des écoliers sont démesurées par rapport à la valeur (très médiocre !) de cet ouvrage. Il en est de même de l’interdiction d’un festival pop par la ville de Lausanne qui parle « d’une exploitation commerciale douteuse et d’une recrudescence du trafic de drogue », de la crise avec les jeunes Zurichois du « Bunker » ou de la réaction du Conseil d’Etat genevois lors de l’occupation de la Maison des jeunes.

[Certes le Petit livre rouge des écoliers n’est pas une œuvre littéraire. Mais le but n’était pas de lire de belles phrases, élevées et pleines de poésie, non, il s’agissait de donner des clés, des modèles et conseils aux jeunes, pour se révolté, pour contester l’autorité parentale et « officiel ». Un mode d’emploi en quelque sorte.]

Le temps des orages et du terrorisme

On pourrait citer de nombreux autres exemples de ce divorce entre les autorités et une partie de la jeunesse qui s’insurge contre les règles sociales et remet en cause l’image traditionnelle de la famille et du monde des adultes. Certes, il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau. Chaque génération a vécu le même affrontement. Mais la crise paraît profonde en ce début des années septante ; d’autant plus qu’elle est amplifiée par l’écho que lui donnent les médias et qu’elle s’accompagne d’une critique plus générale de la société et d’une contestation profonde des structures sociales.

Un autre phénomène, plus grave celui-là, inquiète également les responsables politiques suisses ; le terrorisme. Attentats, enlèvements et actes de violence se multiplient. Dans plusieurs pays des mouvements extrémistes recourent à la violence pour se faire entendre et imposer leur idéologie. C’est l’époque des enlèvements, des prises d’otages et des détournements d’avions.

Au Québec, des nationalistes enlèvent et assassinent un ministre. En Uruguay, les Tupamaros exécutent un diplomate américain. Au pays basque espagnol, l’E.T.A. multiplie les attentats. Au Brésil, les « Escadrons de la mort » assassinent les opposants politiques.

La Suisse n’échappe pas à cette poussée de violence. Le détournement d’un avion de Swissair en septembre 1970 et l’obligation faite au Conseil fédéral de libérer trois militants palestiniens détenus en Suisse depuis l’attentat de Kloten en 1969 afin d’obtenir la libération des passagers, montrent brutalement à l’opinion publique que la Suisse n’est plus à l’abri des convulsions du monde. L’enlèvement, quelques mois plus tard, de l’ambassadeur de Suisse au Brésil, confirme cette mise en cause de notre pays, les ravisseurs justifiant leur action « en raison du soutien indirect » que la Suisse accorderait à la dictature brésilienne.

[La Suisse, pays neutre, s’est souvent dit ne pas être concernée par les blocus ou les directives collectives d’ostracisme à l’égard de tel Etat ou de tel Autre.]

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