Sainte-Hélène, septembre 1816
Beaucoup de malades autour de moi : M. de Las Cases a une hépatite et Gourgaud une dysenterie. Quant au maréchal Bertrand, il a une entorse. Il y a eu une scène violente entre l’Empereur et le gouverneur qui exige des économies : Santini et Archambaud doivent partir. Le gouverneur accuse M. de Las Cases et son fils d’avoir dissimulé certaines lettres et les menace de prison. Je dois faire de plus en plus attention à mon journal.
L’Empereur a demandé des somnifères au docteur O’Meara.
Cipriani nous a raconté qu’au printemps 1793, Napoléon avait manqué être assassiné. La Corse était en pleine confusion : partisans de l’indépendance, les francophiles et les paolistes. Le 29 avril, alors qu’il se rendait aux Iles Sanguinaires, Napoléon échappa à un attentat. Il voulut alors se réfugier à Corte, mais les paolistes le retrouvèrent en hurlant : « A morte il traditor de la patria ! » Napoléon qui avait choisi la cause française, se cacha d’abord dans un bois, ensuite dans une grotte de Casone, puis à Ajaccio, il se cacha chez son ami Elvie, derrière une alcôve. Heureusement, le 8, un autre ami, Illario Felici l’emmena avec sa barque à Bastia, et puis enfin, au début de juin, il trouva un voilier pour l’emmener avec toute sa famille, à Toulon.
A Marseille, il était capitaine à la douzième compagnie du quatrième d’artillerie, et il logeait rue Rameau chez le citoyen Chauvet, et c’est en partant pour rejoindre l’armée d’Italie, le 15 septembre, qu’un autre ami corse, Salicetti, avec qui il avait lutté à Ajaccio, lui offrit le commandement de l’artillerie du siège de Toulon. En quatre mois, Napoléon passa du grade de capitaine à celui de général.
A suivre