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28 mars 2007 3 28 /03 /mars /2007 17:58
Au XVIIIe siècle, Fribourg veut s’approprier les richesses de deux couvents, La Part-Dieu et La Valsainte. L’âpreté que déployèrent les autorités seigneuriales de Fribourg pour annihiler le pouvoir des deux institutions religieuses et s’approprier les richesses supposées, nous apparaît aujourd’hui incompréhensible. Pourtant il y eu acharnement, puisqu’en 1778, La Valsainte n’était plus et les Pères devaient se réfugier à La Part-Dieu qui fut sauvé malgré les efforts de Fribourg pour la dissolution des deux chartreuses. 
 
Un livre que l’on peut encore trouver chez les bouquinistes, retrace l’histoire de La Valsainte et l’épisode cruel de la fermeture et la spoliation de La Valsaint : D. A. Courtray « HISTOIRE DE LA VALSAINTE », Fribourg, imprimerie et librairie de l’œuvre de Saint-Paul, 1914
 
Voici l’introduction.
 
Il n’existait sur La Valsainte que des notices ou des renseignements épars concernant telle ou telle période, manuscrits ou imprimés. La pensée d’en écrire une histoire plus générale remonte aux environs de l’année 1884. Vers cette époque, Dom Zoël-Joseph Giraudier, vicaire (sous-prieur) de la maison, commença à rassembler les matériaux nécessaires à sa rédaction. Outre les éléments qu’il avait sous la main, il en a cherché au dehors.
m. l’abbé Théophile Bovet, chancelier de l’évêché, à Fribourg, lui communiqua gracieusement tous les papiers qui pouvaient lui être utiles. Les directeurs de l’Instruction publique du canton de Fribourg, particulièrement M. le Conseiller d’État Georges Python, pleins de bienveillance, accordèrent toute facilité pour consulter les anciens titres de La Valsainte conservés aux archives de l’Etat, et M. l’archiviste Joseph Schneuwly, qui ne le cédait à personne en complaisance, rechercha dans les autres sections du dépôt confié à sa garde les documents relatifs au monastère.
Dom Giraudier, aidé de scribes, copia au analysa presque tous ces documents.
De plus, le R. P. Gaudé, rédemptoriste, illustré par ses remarquables travaux sur le théologie morale de saint Alphonse de Liguori, eut la bonté de lui transcrire aux archives du Vatican toutes les pièces qu’il découvrit sur La Valsainte.
Sur ces entre faits, Dom Giraudier contracta une maladie dont il ne se remit jamais complètement. Il ne put poursuivre son travail que par intervalles, lorsque sa santé ou ses autres occupations lui en laissaient le loisir, et il mourait en décembre 1901, n’ayant composé que la moitié de l’ouvrage qu’il méditait. La rédaction de son histoire comprend, en effet, trois siècles sur six de l’existence de La Valsainte.
Après un long espace de temps, j’ai repris l’œuvre inachevée de mon confrère. La tâche m’était rendue facile, puisqu’il m’avait épargné la peine de réunir les documents, sauf une autre partie de ceux du Vatican que je fis copier, et où peut-être tout n’a pas encore été exploré.
Mais il est bien rare que deux têtes aient de tout point le même sentiment : tot capita, tot sensus. Le plan adopté par mon devancier ne m’a point paru devoir être maintenu. Il n’omettait, pour ainsi dire, l’analyse ou la recension d’aucun document, et basant la trame de son récit sur la nomenclature très développée des prieurs qui ont gouverné la maison, il en était réduit, afin de parler de chacun d’eux, à signaler les actes les plus insignifiants où se rencontrent leurs noms et qui sont tout ce que l’on connaît de leur priorat.
Il entre parfois dans d’interminables discussions sur l’authenticité de certains faits, et il m’a semblé que tant pour quelques-uns de ceux-là que pour d’autres, il n’était pas dans le vrai. J’ai relevé plusieurs de nos divergences d’appréciation dans les deux articles intitulés De qui dépendit la chartreuse de La Valsainte dès l’instant de sa fondation ? et dans le Catalogue des prieurs et recteurs des chartreuses de La Valsainte et de La Part-Dieu y compris son Supplément, publiés par la Revue d’histoire ecclésiastique suisse (1911, 1913 et 1914). Au sujet de moindres divergences, il suffisait de lire les documents ou de les juxtaposer pour découvrir en quoi il était dans l’erreur à mon avis. Enfin, il avait donné une telle étendue à son ouvrage que, terminé, il aurait comporté deux volumes comme celui-ci. L’intérêt en était fort amoindri, et il n’aurait plu qu’à de très rares amateurs.
Mon but, au contraire, est d’atteindre tout lecteur, sans nuire naturellement à la précision des événements : d’écrire en conséquence non pas une histoire documentaire, mais une histoire documentée, en ce sens que tout ce qui y sera consigné, sera prouvé, et que tout ce qui ne présente aucun intérêt sera éliminé.
Pour tous ces motifs, j’ai donc été obligé de refondre de fond en comble la partie déjà écrite par Dom Giraudier, avant de rédiger la seconde. L’ensemble ne comporte plus qu’un récit sans discussions qui le coupent, établi sur les faits les plus saillants et non sur une liste de noms, autour desquels on ne saurait rien coordonner. On trouvera le catalogue des prieurs en appendice, sans preuves ; celles-ci pourront être lues dans la Revue d’histoire ecclésiastique suisse (1913-1914). Il m’a paru superflu de reproduire leurs 60 pages, d’ailleurs un peu sèches.
Ce n’est pas que je ne me sois servi de l’œuvre de mon prédécesseur. Je l’ai suivie autant que j’ai pu, tout en l’abrégeant avec de si nombreuses modifications, apportées pour une raison ou pour une autre, qu’il suffira d’indiquer ici de cette façon les emprunts faits à son manuscrit.
Ma narration est appuyée sur les documents. Toutefois le texte ne comportera pas de preuves propres à l’alourdir, ni au bas des pages de notes, dont on fait abus aujourd’hui au détriment de la lecture. Elles la rendent pénible et difficile. Tout ce qui méritera d’être dit sera dans le texte, et les références, qui ne manqueront pas, - il y en a plus d’un millier, - seront reportées à la fin du volume. Elles comprendront fort peu d’explications ; ce ne sont que des renvois à des sources ne pouvant intéresser qu’un très petit nombre d’érudits. De la sorte, j’espère contenter plus de monde : ceux qui aimeront lire tout ce que le volume contient de lisible sont avertis qu’ils l’auront sous les yeux avec le texte lui-même sans être interrompus à chaque instant par une annotation gênante ; les quelques amateurs, qui voudront se rendre compte de la documentation, auront aussi toute satisfaction, en recourant aux notes.
Mon unique souci n’a été que de faire à la fois un livre de lecture et d’érudition. A un autre point de vue, il est destiné à trois catégories de personnes : les chartreux, les Suisses et les touristes des pays étrangers. Mes confrères me pardonneront d’avoir écrit un chapitre sur la vie cartusienne. Il ne leur est évidemment pas adressé, mais l intéressera peut-être d’autres lecteurs. Je donne plusieurs détails d’histoire suisse qu’un indigène doit certainement connaître mieux que moi. Ils ne sont pas inutiles aux étrangers tant chartreux que touriste afin de mieux comprendre les autres faits ; et si chartreux et Suisses connaissent déjà quelque partie de ce qui est rapporté, tout sera sans doute nouveau pour les touristes.
Parmi les Suisses, je n’ai pas la prétention d’apprendre beaucoup aux Fribourgeois : tout ce que je raconte, du moins l’essentiel, a déjà été écrit par leurs historiens. Quelques traits peut-être inconnus jusqu’ici, d’autres plus circonstanciés qu’ailleurs, et tous joints ensemble formeront un aspect, dégageront un enseignement dont on ne se doutait guère. L’ancien gouvernement aristocratique de fribourg, par exemple, au point de vue de ses rapports avec les monastères, n’en sort pas indemne. La chose a bien été constatée déjà, et c’est ce qui faisait dire à Bourquenoud, Conseiller d’État, dans ses Matériaux pour l’histoire du Pays et Val de Charmey, et dans la préface de son Précis historique du Vénérable monastère de La Valsainte : « A Dieu ne plaise que je prétende déprécier le gouvernement de Fribourg, mais je ne ménagerai personne et je dirai la vérité sans fard. Je tâcherai de suivre le précepte de Fleury tiré de son quatrième discours sur l’histoire ecclésiastique, où cet auteur dit que le fondement de l’histoire est la vérité et que ce n’est pas la rapporter fidèlement que d’en supprimer une partie. C’est une espèce de mensonge de ne dire la vérité qu’à demi. Personne n’est obligé d’écrire l’histoire, mais quiconque l’entreprend s’engage d’avance à dire la vérité tout entière. »
Et M. Hyrvoix termine par ces mots son article intitulé : Comment fut obtenue la suppression de la chartreuse de La Valsainte, publié par la Revue de la Suisse Catholique (1895) : « Ceux qui me connaissent savent assez que je n’ai pas écrit ces pages par animosité contre l’ancien régime : je serais prêt à le défendre, en principe, même contre les honorables descendants des familles de l’État ; car j’estime que les défauts des anciens gouvernements se retrouvent sous des formes plus disgracieuses chez les modernes, en général, qui du reste, n’offrent pas sous bien des rapports, les mêmes garanties. Mais je suis de ceux qui pensent que les fidèles enfants de l’Église se doivent appliquer à écrire l’histoire vraie, d’où nous pouvons toujours tirer d’excellentes leçons. »
Tel est aussi mon sentiment. Qui pourrait s’en formaliser ? En écrivant l’histoire de leur pays, les Fribourgeois n’omettent pas de flétrir les procédés indignes des rois de France dans la question de la dette helvétique, ni l’ignoble attitude de leur propre souverain, le duc Albert d’Autriche, en 1450. Ils ne croient pas cependant déshonorer la maison de ces personnages et ils n’en sont pas moins restés fidèles aux descendants des monarques qui les ont spoliés, de même que les chartreux sont toujours attachés aux Fribourgeois, et que les Français ou les Autrichiens ne conservent pas rancune à ceux-ci pour avoir raconté les faits que je viens de rappeler et bien d’autres.
Un gouvernement d’ailleurs n’est pas un pays ni ses habitants. Les Fribourgeois eux-mêmes n’ont-ils pas eu à souffrir plus d’une fois sous le pouvoir aristocratique ? C’est le sort réservé aux faibles. Et si l’on ne veut pas être mis un jour au pilori de l’histoire par la pure et simple relation des événements, il ne faut pas s’y exposer par une conduite répréhensible. Que cette considération, avec d’autres d’ordre plus élevé, instruise les princes : Et nunc, reges, intelligite ; erudimini, qui judicatis terram.
 
http://www.lagruyere.ch/archives/2006/06.11.14/magazine.htm

http://www.unifr.ch/webnews/fr/detail.php?nid=136
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commentaires

J
 Salut Christian,<br /> Très bien monté ton blog. Le thème est original et, ma foi, très plaisant. <br /> Cela me rappelle qu'à l'école, les enfants n'aimaient pas tous l'histoire!<br /> Maintenant on en redemande! Merci et bonne ontinuation.<br />  <br />  
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