750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rechercher Un Mot

Archives

Articles RÉCents

Liens

14 mai 2007 1 14 /05 /mai /2007 10:12
Physiologiste suisse Berne 1708 – 1777
Ce fils de famille patricienne était né délicat, et de bonne heure il fut passionné de lecture. Il avait en lui, comme innée, la curiosité encyclopédique. Enfant, il rédigeait des grammaires, des lexiques, et travaillait à un recueil qui devait renfermer deux mille biographies.
À seize ans, alors que son père le poussait vers la théologie, il choisit la médecine, et prit la route de Tübingen. Les études y étaient faibles, la vie joyeuse et même dissipée. On partait certains jours à la recherche de plantes rares, on revenait son panier vide, mais de jolies filles au bras.
Haller, déçu, ne résista pas alors à l’attraction de la Hollande, de Leyde, où enseignait le grand Boerhaave. C’était là-bas une atmosphère de travail et d’une gravité presque religieuse.
De fort bonne heure le matin, le maître emmenait ses élèves à travers les jardins botaniques. Il convenait qu’avant d’en arriver à l’anatomie de l’homme on commençât par celle de ces créatures inférieures, mais bien vivantes elles aussi, et où les grandes fonctions de la vie se montraient dans leur simplicité : la circulation, la respiration, la croissance, le reproduction.
On passait ensuite dans les salles de l’hôpital, d’une propreté exemplaire, aux parquets luisants, aux draps et rideaux changés chaque jour. Assis auprès des malades, Boerhaave parlait de telle ou telle maladie avec une simplicité admirable, d’où n’était cependant pas exclus certains partis pris théorique : le maître de Leyde partageait avec Descartes la doctrine iatromécaniste, qui s’opposait aussi bien à la chimiatrie de Paracelse qu’au vitalisme de l’école de Montpellier.
 
Reçu docteur en 1727, il achève ses études à Paris, puis à Londres, à Bâle enfin, et retourne dans sa ville natale. Il y végétera sept ans, dans le désert intellectuel que Berne offrait alors. Mais, de même que Rousseau, à peu près à la même époque, s’enfuyait parfois – et bientôt pour toujours – de l’ennuyeuse Genève vers les montagnes proches, Haller allait vers les Alpes et sentait, tandis qu’il gravissait les chemins, passait les torrents, s’élever du fond de son cœur un monde d’images et de rythmes. En ce médecin il y avait un poète, l’un des plus grands que compte la Suisse. Son Essai de poésies suisses, dont on peut négliger les vers moralisateurs ou de circonstances, possède, en ses meilleures parties, des accents qui font penser à Goethe.
Ce fut à l’université de Göttingen, qui venait de se fonder, qu’il reprit contact avec la science médicale. Là, il n’était plus étudiant, mais professeur, enseignant, comme Boerhaave à Leyde, à la fois la botanique et l’anatomie. Il aménagea un jardin botanique sur le modèle de celui de Leyde. Avec son beau visage distingué, au regard déjà romantique, il apparaissait à ses élèves comme un modèle, et peu de maîtres ont su tel que lui susciter les dévouements et les enthousiasmes.
En anatomie, Haller s’est attaché particulièrement à l’étude des vaisseaux sanguins. Ses Icones anatomicae sont un extraordinaire atlas, d’une exactitude sans exemple à l’époque*, de l’ensemble de notre système circulatoire. On y trouve enfin élucidées les relations, extrêmement complexes, des veines qui conduisent au foie et des capillaires dont le réseau très fin pénètre les poumons.
Une querelle s’était engagée à propos du mécanisme de la respiration. L’espace compris entre les deux feuillets de la plèvre était-il vide, ou plein d’air ? Haller résolut le problème par un moyen d’une ingénieuse simplicité. Il ouvrit, sous l’eau, le thorax d’un animal. Aucune bulle d’air ne monta à la surface. Il fallait donc en conclure que l’espace était vide.
Dans le cas présent, il s’agissait d’un problème physiologique qui pouvait aisément se résoudre par la physique. Mais d’autres problèmes offraient de beaucoup plus grosses difficultés. Ainsi, comment ressentons-nous les excitations du monde extérieur ? Comment se contractent les muscles ? On ne pouvait résoudre ces problèmes par la mécanique. Haller, après de nombreuses expériences et cogitations, fit entrer en jeu deux notions qui, fort discutées jusqu’aux premières années du XIXe siècle, trouveront grande faveur en Angleterre et en France : les notions de contractilité ; qui appartient au seul tissu musculaire, et de sensibilité, qui appartient au système nerveux. Il rejoignait ainsi ce qu’avait déjà formulé l’Anglais Francis Glisson en 1654, auteur du concept d’irritabilité.
*Sauf peut-être les dessins de Léonard de Vinci méconnus et remit au grand jour seulement au XIXe siècle et qui sont admirables. gtell
http://fr.wikipedia.org/wiki/Albrecht_von_Haller
Partager cet article
Repost0

commentaires