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4 janvier 2008 5 04 /01 /janvier /2008 11:38
L'établissement d'entreprises suisses en Allemagne du Sud remonte au 19e siècle. Il est lié notamment au développement de l'industrie suisse du textile. Dans la première moitié du 20e siècle, le nombre d'établissements d'Allemagne du Sud en mains suisses est important puisqu'il avoisine les 150; parmi elles, d'importantes firmes suisses qui y ont effectué des investissements significatifs.
Durant la Seconde guerre mondiale, des sociétés comme Maggi, Aluminium Walzwerke ou Georg Fischer ont dépassé la traditionnelle implantation suisse dans le Sud de l'Allemagne. Elles ont non seulement pris une part active à la production de guerre et considérablement augmenté leur production et leur chiffre d'affaires mais ont encore, par leurs activités et par le choix de leurs cadres dirigeants, tenté de s'adapter le mieux possible au régime hitlérien. Une entreprise comme Maggi a même voulu bénéficier des avantages accordés aux firmes allemandes, tout en souhaitant conserver le soutien des autorités suisses, et sans cesser de rapatrier ses bénéfices dans le giron de la maison mère.
Après la guerre, lorsqu'il faudra protéger les propriétés suisses contre les réquisitions voulues par les Alliés, les entrepreneurs se regrouperont en association. Créée à Zurich le 16 novembre 1945, la Vereinigung Schweizerischer Unternehmen in Süddeutschland comptait, parmi ses membres, des représentants des sociétés Maggi (Alimentana), Georg Fischer, Aluminium Industrie, Lonza, Geigy, Escher Wyss, ou encore Villiger. Les autorités suisses la soutiendront, notamment le nouveau Ministre de Suisse à Paris et président du Comité international de la Croix-Rouge Carl JakobBurckhardt.
Pour reprendre l'expression d'un document d'archives, l'"enchevêtrement économique" entre la Suisse et l'Allemagne durant la Seconde guerre mondiale mérite d'être mieux étudié, notamment sous l'angle de la présence de filiales d'entreprises suisses en Allemagne même. Cette approche permet de souligner les diverses facettes des relations économiques, politiques et"humanitaires" entre ces deux pays

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Croix gammées et mot d'ordre nazi "Le Führer fait l'histoire, nous suivons".
L'industrie helvétique apprécie l'Allemagne du Sud, pour y investir. Elle saura s'adapter au Troisième Reich, en tirer profit.
En 1935, pour prouver que la société, ses actionnaires et sa direction sont conformes aux normes raciales que le Troisième Reich instaure, elle demande à un notaire d'établir en sa faveur un "certificat d'aryanité".L'entreprise confie son organisation à des cadres triés sur le volet. Ainsi, les dirigeants de l'usine, R. Brüggemann et R. Weiss, sont-ils des nazis patentés. Weiss est un "camarade de lutte" d'Hitler, haut gradé dans la SS et porteur de l'ordre du mérite nazi (Blutordensträger). Maggi s'attache aussi les services du lieutenant capitaine Crompton, un nazi convaincu qui avait été commandant de sous-marin durant la Première guerre mondiale et qui est bien introduit dans les hautes sphères de la Wehrmacht,l'armée allemande.
Le 1er mai 1940, la filiale Maggi de Singen est élevée au rang"d'entreprise modèle nationale-socialiste". Le fanion d'or lui est décerné par Rudolf Hess, adjoint d'Hitler. Les drapeaux nazis flottent sur le toit de l'usine, les chants nazis résonnent dans l'enceinte, et l'ordre règne parmi les ouvrières et ouvriers, imposé au besoin par la Gestapo.
Ces efforts s'accompagnent d'une autre récompense pour l'entreprise-modèle:l'obtention des commandes de la Wehrmacht. Un marché gigantesque qui absorbe durant la guerre deux tiers de la production de l'usine et même sa totalité en 1945. Profitables aux actionnaires de la société Maggi – le capital de Maggi Singen est à 96,36% en mains suisses - les livraisons de soupe à la Wehrmacht, comme les livraisons d'armes effectuées par d'autres entreprises suisses, apportent un important soutien à l'effort de guerre allemand.
Que dire ?
Que dès les débuts du national-socialisme allemand on ne pouvait savoir ? Que les discriminations d’avant la prise de pouvoir d’Hitler n’étaient pas connues ? Que les chemises brunes écrivant « Jude » sur les commerces partout en Allemagne n’étaient pas connues de la Suisse voisine ? Possible !
Mais dès les débuts des hostilités, plus rien ne justifiait la présence des entreprises Suisses et de ses dirigeants. Ils sont entrés volontairement dans les rouages d’une dictature clairement annoncée dès 1925. Encore un trait du caractère typique des « suisses » âpres aux gains, jusqu’au bout !  (Il y a encore beaucoup de pages de notre histoire de cette époque aussi noires. Je reviendrais sur certaines d’elles.)
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merci
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