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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 15:48

 

Glacier-du-Rhone_1.jpg

 

   « Quoique tout fût couvert de neige, les parois de glace où le vent ne permet pas aisément à la neige de se fixer, étaient visibles avec leurs crevasses d’un bleu de vitriol, et l’on pouvait voir distinctement où le glacier finit, et où commence le rocher couvert de neige. Nous côtoyâmes le glacier qui s’étendait à main gauche. Bientôt nous trouvâmes encore une légère passerelle sur un petit torrent de montagne (le Muttbach), qui descendait au Rhône par un vallon creux et stérile. À gauche, à droite et en amont du glacier, on ne voit plus aucun arbre, tout est désert et sauvage… Alors nous montâmes vers la gauche, et nous nous enfonçâmes dans la neige profonde. Un de nos guides dut marcher devant nous, et nous frayer d’un pas intrépide le chemin où nous le suivons. Il y avait de quoi s’étonner, lorsqu’on reportait un moment son attention de la route sur soi-même et sur la troupe. Dans la contrée la plus solitaire du globe, dans un immense désert de montagnes, couvert de neige uniforme, où l’on ne connaît, en avant et en arrière, à trois lieues de distance, aucune âme vivante ; où l’on a de part et d’autre de vastes abîmes de montagnes entrelacées, on est plus frappé de voir des hommes à la file, l’un posant le pied dans les traces de l’autre… Les profondeurs où l’on arrive s’étendent à perte de vue dans la brume grisâtre… » et rien, sur ces pentes uniformément couvertes de neige et comme polies, n’attire le regard, « excepté le sillon qu’on a tracé ».

   Sans être dangereux, le chemin comportait, par conditions défavorables, quelques risques d’avalanches. Aussi les montagnards qui portaient vendre dans l’Urseren et plus loin, des cuirs et des peaux de chèvres dont il se faisait un important commerce, prenaient-ils, pour éviter les avalanches, un sentier plus court, mais beaucoup plus raide et plus difficile et connu d’eux seuls.

   Les nuages passaient par intervalles sur un soleil pâle ; il neigeait un peu par moment. « Après trois heures et demie de marche, nous atteignîmes la croupe de la Furka, auprès de la croix (une croix de bois qui existait déjà alors), où se trouve la limite d’Uri et du Valais. À cette place encore, le double sommet qui a fait donner à la montagne son nom, n’est pas visible pour nous. Nous espérions trouver une descente plus commode, mais nos guides nous annoncèrent une neige plus profonde encore… Nous allions toujours à la file : celui qui marchait le premier et qui ouvrait la voie, enfonçait souvent jusqu’au-dessus de la ceinture. L’adresse de ces hommes, et l’insouciance avec laquelle ils traitaient la chose soutenaient notre courage, et, je dois le dire, pour ce qui me regarde, j’ai eu le bonheur de soutenir cette marche sans trop de fatigue… Un lämmergeier passa sur nos têtes avec une incroyable vitesse : c’est le seul être vivant que nous ayons rencontré dans ces solitudes. »

   Les vieux récits de voyageurs dans les Alpes évoquent maintes fois le fameux lämmergeier, ou gypaète barbu. Il était assez rare de voir évoluer le splendide vautour, disparu depuis longtemps. Le dernier exemplaire vivait dans le Lötschental il y a un peu plus d’un siècle. (Livre écrit en 1944)

   « Nous vîmes, continue Goethe, briller au soleil, dans le lointain, les montagnes de la vallée d’Urseren. Nos guides voulaient entrer dans un chalet de pierre abandonné, rempli de neige, et prendre quelque nourriture, mais nous les entraînâmes afin de ne pas nous arrêter dans l’air froid… »

 

 

GTell, Chateaubriand et Goethe en Valais, photo Etat du Valais par Internet.

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