La seconde filière, extrêmement active, est le fait de quelques organisations juives ayant basculé dans la clandestinité. Il s’agit de l’OSE (Œuvre de secours aux enfants) qui gérait de nombreuses maisons d’enfants en France où étaient hébergé des enfants de parents déportés ou menacés et qui dès 1943 s’employa à les mettre en sécurité en les camouflant dans des institutions religieuses ou des familles (« réseau Garel »), ou en les faisant passer en Suisse ou en Espagne ; les Eclaireurs Israélites de France (EIF), dont l’organisation clandestine était connue sous le nom de code « La Sixième » […] ; enfin le Mouvement de la Jeunesse Sioniste, dont la branche clandestine s’appelait « Education physique ». Ces trois filières, très bien organisées, ont étroitement collaboré pour faire passer des convois d’enfants en Suisse, notamment sous la responsabilité de Georges Loinger, dont le QG était à Aix-les-Bains. Environ 1'100 enfants juifs passèrent la frontière genevoise entre février 1943 et juillet 1944, sans qu’aucun convoi ne soit refoulé. Leur accueil avait été négocié avec les autorités fédérales. […] Ces organisations, actives en zone sud et en zone occupée, ont été admirablement secondées par certains milieux chrétiens, tant protestants que catholiques. […] Enfin, jouxtant Genève […] on trouve des prêtres et des passeurs au dévouement exemplaire : l’abbé Jolivet, curé de Collonges-sous-Salève, l’abbé Rosay, curé de Douvaine, l’abbé Louis-Adrien Favre, père salésien du Juvénat de Ville-la-Grand ; un peu plus loin, l’aumônier Folliet, d’Annecy. Tous collaboraient avec la Résistance et les services secrets alliés. […]