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1 novembre 2017 3 01 /11 /novembre /2017 17:08

Sainte-Hélène, 14 octobre 1815

Après deux mois d’une pénible traversée, un matelot m’a donné la main pour m’aider à quitter la chaloupe du « Northumberland ». De la petite grève, j’ai aperçu dans les nuages, des montagnes et des rochers ! « C’est le Pain de Sucre, m’a dit un compagnon, et la ville c’est Saint-Jamestonne (Jamestown). Là-haut, au fond de la gorge, c’est Eicol (High-Knoll), bourré de canons et de sentinelles.

Île de Sainte-Hélène

Île de Sainte-Hélène

« La résidence de l’Empereur n’est pas encore prête, me dit-on, il sera pour ce premier soir l’hôte de Sir Balcombe*, aux Eglantiers. » sir Balcombe avait mis à disposition une chambre dans la demeure, qui communiquait par une galerie couverte avec une grande tente qui avait servi de salle de bal. En hâte, nous avons tracé sur le sol, le dessin d’une couronne impériale qui séparait le fond de la tente de l’entrée où devait coucher le général Gourgaud. Nous avons dressé le petit lit de camp où l’Empereur avait dormi pendant toutes ses campagnes, drapé les rideaux de soie verte et, à mon étonnement, ce fut précédé d’une petite fille que l’Empereur arriva.

« J’espère, Monsieur l’Empereur, que cela vous plaira ! » Elle fit une révérence.

Betsy Balcombe devait avoir une dizaine d’années, elle était très mignonne avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds.

- Comment avez-vous appris le français, jeune personne ? a demandé l’Empereur et quelles sont vos études ? Savez-vous quelle est la capitale de la France ?...

- C’est Paris.

- Bravo ! Et de l’Italie ?

- C’est Rome.

- Vous êtes très forte, connaissez-vous aussi la capitale de la Russie ?

- Je ne sais plus très bien si c’est Moscou ou Saint-Pétersbourg.

- Mais vous savez sûrement ce qu’on dit, c’est que c’est moi qui l’ai brûlée… !

- Vous vous trompez, Monsieur l’Empereur, les Russes ont brûlé leur capitale pour que vous ne puissiez-vous y installer !

- Très bien, très bien, voulez-vous maintenant me faire les honneurs de la maison ?... « Vous pourriez aussi me donner quelques leçons d’anglais ».

Portrait de Betsy Balcombe

Portrait de Betsy Balcombe

Nous avons vu l’Empereur au côté de la petite fille, cheminer sur le beau gazon, admirer les fleurs et le pavillon. Nous avons installé des chaises de jardin sur la pelouse, et j’ai entendu l’Empereur dire des gracieusetés à Mme Balcombe sur sa fillette et sur sa demeure.

  • Votre jardin, Madame, est plus moelleux que le maquis de mon île natale.

 

*Sir Balcombe, directeur des ventes publiques de la Compagnie anglaise des Indes orientales. Napoléon devint ami avec la fille Balcombe, Lucia Elizbeth.

Napoléon et les filles Balcombe

Napoléon et les filles Balcombe

A suivre

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31 octobre 2017 2 31 /10 /octobre /2017 17:18

En mer, 25 août 1815

L’Empereur a parlé au capitaine Maitland : « Sans vous, Anglais, j’aurais été empereur d’Orient ! »

C’est fête à bord pour le passage de la ligne. Les officiers disent que c’est la cérémonie du baptême de Neptune, mais l’équipage appelle ce jour « la grande barbe », et ils rasent tous ceux qui passent la ligne pour la première fois. Cipriani, le maître d’hôtel, qui voulait participer à la fête, m’a demandé de le raser et de lui couper les cheveux, et tout d’un coup, l’Empereur surgit en compagnie de M. Bertrand et du comte de Las Cases. Il s’écrie « Je ne savais pas que les ours savaient raser ! » Moi, j’étais rouge de honte, mais il m’a dit « Mon bon Noverraz, puisque tu t’en tires si bien, tu viendras demain couper mes cheveux dans ma cabine, quant à la barbe, je n’aime pas tellement qu’on me promène un rasoir sur la gorge, mais en toi, j’ai confiance. »

Il devait s’ennuyer à bord…

Il devait s’ennuyer à bord…

Le lendemain, je trouve l’Empereur en robe de chambre, et j’étais tellement troublé qu’avec le manche de mes ciseaux, je pince l’oreille gauche de l’Empereur. Il rit et m’encouragea. Marchand tendit une serviette pour recueillir les cheveux que je coupais et quand j’ai terminé, tout l’état-major du navire vint me supplier de lui remettre des mèches de Napoléon. « Je voulais être beau pour fêter à bord mes 46 ans ».

A suivre

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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 17:31

Sur le champ de bataille, Noverraz a beaucoup servi et n’a pas témoigné du désastre qu’il a vu au côté de Napoléon !

18 juin 1815

De Waterloo à Paris, le spectacle était horrible. Jusqu’au bout, l’Empereur a cru la victoire possible, je suis resté à ses côtés et je puis en témoigner. Et puis, ce fut la déroute, partout, les nôtres fuyaient dans un affreux désordre. Debout au milieu du chemin, je tâchais de les arrêter, je leur criais « C’est lui, c’est l’Empereur », mais ils étaient comme frappés de terreur, ils couraient pêle-mêle. Je criais encore de se rallier autour de lui pour protéger sa retraite, mais ils n’écoutaient pas et fuyaient.

Une charge à Waterloo

Une charge à Waterloo

La Malmaison, 1815

L’Empereur ne pourra rester plus longtemps à Malmaison. Tout le monde le sait, chacun le sent. On prépare des dizaines de berlines, des malles et des bagages pour un long voyage. On me demande si je sais quelque chose, et je réponds que je ne sais rien. C’est la vérité. Certains parlent d’une île, peut-être Saint-Domingue qui a été l’île la plus française. Certains parlent de l’Amérique, de la Louisiane, d’autres de terres au Canada, mais nous ignorons notre destination. De toute façon ce sera un long voyage et qui commence à presser, parce qu’à Paris, les esprits s’échauffent. J’ai lu une proclamation du Conseil Municipal dénonçant l’Empereur :

« Chaque année, il décime nos familles par la conscription. Nos enfants ont été immolés, uniquement immolés à la démence de laisser après lui le souvenir du plus épouvantable oppresseur qui ait pesé sur l’espèce humaine… Notre jeunesse ne doit plus être moissonnée par les armes avant d’avoir la force fidèle de les porter ! »

A bord du Northumberland

A bord du Northumberland

À bord du « Northumberland », août 1815

J’ai enfin pu trouver un coin à bord pour écrire tranquillement. Ce n’est pas très commode, parce que nous avons eu du gros temps jusqu’à Madère, mais maintenant, nous sommes à l’ancre pour renouveler les provisions. Je vois monter à bord des fruits, des légumes, des volailles, quelqu’un de l’équipage m’a dit que notre prochaine escale sera les Canaries.

Je dois dire que l’embarquement et le départ de l’Empereur ont été plus émouvants que tristes : tout autour de notre navire, une foule d’embarcations venant du littoral anglais s’approchait pour voir ce fameux Napoléon, et on l’a même acclamé quand il montait sur le pont. Nous avons levé l’ancre le 9 août, et l’Empereur ne me parla presque pas, il ne quittait guère sa cabine qui mesurait 12 pieds sur 9 que pour un repas rapide, puis, il faisait une partie d’échecs avec le maréchal Bertrand ou le général Gourgaud.

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29 octobre 2017 7 29 /10 /octobre /2017 18:22

Paris, avril 1815

Roustam est venu me trouver, me demandant de présenter sa supplique. L’Empereur l’a jeté au feu en me disant de ne plus jamais me parler de cet homme. Je sais bien pourquoi : il y a quelques mois, l’Empereur lui avait donné 50'000 francs pour ses étrennes, et puis ce furent les jours tragiques où l’Empereur tenta de se suicider, et nous aurions tous pu être soupçonnés de connivence avec le roi ou les puissances étrangères.

Déjà des drapeaux blancs étaient hissés à Paris, et on chantait le Te Deum à Notre Dame. Roustan se fit tout petit, lui qui n’avait jamais déserté la porte de l’Empereur devant laquelle il couchait comme un chien de Saint-Bernard, quitta le palais pendant la nuit. Avant de partir pour l’Ile d’Elbe, l’Empereur m’avait dit « Roustan m’a trahi, c’est toi Noverraz qui prendra place sur le siège de la voiture. »

Paris, mai 1815

L’Empereur a d’autres soucis. Il sait que les alliés veulent former, entre la Meuse et l’Escaut une immense armée.

Pourtant il a bien fallu qu’au retour de l’Ile d’Elbe, on s’occupe de sa pauvre garde-robe. Sa Majesté a convoqué deux fois le tailleur Lejeune pour des essayages.

Lejeune est reparti chaque fois sans l’avoir vu. Sa Majesté a dit : « Qu’il s’arrange, il connaît mes mensurations, je n’ai pas eu le temps de grossir sur mon îlot ! »

C’est donc moi qui ai pris livraison au 40 de la Rue Richelieu de deux habits de chasseur avec plaques et épaulettes et de deux redingotes grises dont la facture était de 300 francs par habit et 160 francs par redingote.

M. Lejeune m’a fait remarquer qu’il avait exécuté scrupuleusement les désirs de l’Empereur : les redingotes grises étaient en drap fin de Louviers, et il avait eu soin de traiter les entournures des manches très larges, de façon à ce que Sa Majesté puisse l’enfiler ou la retirer facilement sans enlever les épaulettes.

Je puis dire que l’Empereur, sauf pour les grandes cérémonies, n’attache aucune importance à sa toilette, mais il tient à ce que l’on change tous les jours ses culottes de casimir blanc, parce qu’il a la mauvaise habitude d’y essuyer sa plume.

Quant à la redingote grise, j’ai pu m’apercevoir bien des fois qu’elle était sa meilleure image pour les foules. Il avait l’air ainsi d’une sorte de bourgeois cossu, avec son petit chapeau caractéristique et il savait bien que c’est comme ça que les Parisiens l’aimaient.

La Malmaison, 1815

Il faut que je conte l’histoire qui a fait dérider l’Empereur : lorsque Louis XVIII rentra à Paris, tandis que nous voguions vers l’Ile d’Elbe, il voulut rendre son retour triomphal et exigea que la calèche royale fût entourée par des grognards et même des maréchaux de l’Empire. Sur le Pont Neuf, le roi s’arrêta : on voyait, sur un cheval de plâtre, un Henri IV également en plâtre. Le roi souffrit de cette mascarade et fit demander quel était le meilleur sculpteur. On lui répondit que les plus belles statues de l’Empereur étaient dues à Lemot. Lemot se déclara prêt à exécuter la commande si on lui fournissait du bronze, qui était rare.

Le roi ordonna que l’on descende les statues de Napoléon de la Colonne Vendôme et de la Colonne de Boulogne. On fit remarquer au roi que ces statues étaient faites du bronze des canons autrichiens et russes pris à Austerlitz. Ceci indigna beaucoup de Français et le ciseleur Quesnel, sans en avertir Lemot, inséra dans le bras droit d’Henri IV, une statuette de l’Empereur.

Pour se moquer des Bourbons, il glissa encore dans le ventre du cheval de bronze, toutes les chansons et les pamphlets antiroyalistes qu’il put trouver. On assure même qu’il réussit à dissimuler le procès-verbal de ses agissements dans la tête d’Henri IV ! Les Parisiens du futur en riront peut-être dans l’avenir, à moins que l’on ait de nouveau besoin de bronze pour fondre de nouveaux canons.

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28 octobre 2017 6 28 /10 /octobre /2017 16:10

Golfe Juan, 1er mars 1815

La belle princesse Borghèse a dit quelque chose que je n’ai pas bien compris : l’Histoire aurait changé si le nez de la comtesse Miniaci avait été plus court ! Cette comtesse, il paraît qu’elle était ravissante, et le colonel Campbell qui surveillait l’Empereur à l’île d’Elbe avait perdu la tête pour elle. Comme elle ne voulait pas se rendre dans l’île, ils se donnaient rendez-vous à Livourne ou quelquefois à Florence ou à mi-chemin, à Lucques.

Le 25 février, l’Empereur donnait un grand bal en l’honneur de sa sœur Pauline, et toutes les dames de l’île rêvaient d’y assister. Pendant ce temps, les 400 hommes de la garde s’apprêtaient à monter sur « L’Inconstant » avec Bertrand, Cambronne et Drouot. Toute la journée, nous avions guetté le retour de la frégate « Partridge ».

A cinq heures du soir, le 26, nous avons levé l’ancre, la nuit est tombée très vite. Le deuxième jour, nous avons aperçu un navire de guerre. Il arborait un pavillon français et il était maintenant assez proche pour que l’on puisse conserver par haut-parleur. Le « Zéphyr » demanda où nous allions. Le capitaine de « L’Inconstant » répondit : « à Gênes » et demanda si l’on avait des commissions pour ce port. Le « Zéphyr » demanda encore d’où nous venions. « De l’Ile d’Elbe » répondit le capitaine.

Le « Zéphyr » demanda alors comment se portait l’Empereur. Là-dessus le « Zéphyr » s’éloigna et le lendemain, 1er mars, nous débarquions, à trois heures de l’après-midi au Golfe Juan. L’exil avait duré 9 mois et 22 jours.

Sisteron, dimanche 5 mars 1815

L’Empereur avait craint que la citadelle ne lui barre la route. C’est une ville très belle et très impressionnante, mais tout s’est bien passé.

L’Empereur a déjeuné tranquillement rue de la Saunerie, et nous riions tous en pensant que le pauvre colonel Campbell devait encore tourner avec sa frégate autour de l’Ile de Capraia ou de Monte-Cristo.

Peut-être s’imaginait-il même que l’Empereur se cachait en Corse. Il fait très froid. Demain, nous reprenons la route de Grenoble.

Napoléon fait ses adieux à l'ìle d'Elbe

Napoléon fait ses adieux à l'ìle d'Elbe

Paris, avril 1815

On est en train de tout réorganiser dans Paris : Louis XVIII avait quitté les Tuileries le 19 mars, on le disait à Gand, mais ici, tous les hauts fonctionnaires étaient en fuite. On effaçait les Aigles et les Abeilles. Enfin pas tous, l’Empereur avait rappelé Fouché comme ministre de la police et il avait reçu le comte de la Valette. M. de la Valette était l’aide de camp de Bonaparte en Egypte et il l’avait marié avec Emilie de Beauharnais, puis nommé directeur des postes.

J’avais toujours cru que la correspondance était placée sous le signe du secret, mais Constant avait souri, m’expliquant que les lettres étaient une trop précieuse source de renseignements pour qu’on la négligeât, et l’Empereur devait être en effet bien satisfait de son directeur des postes pour qu’il le fasse grand officier de la Légion d’Honneur et comte d’Empire.

J’ai apporté du café pendant l’entrevue et j’ai reconnu M. de la Valette, parce qu’il est petit et ventru et qu’il a le visage vérolé. L’Empereur était de belle humeur, il lisait tout haut les titres du Moniteur, journal officiel que le ministre lui avait apporté.

  • L’ogre de Corse vient de débarquer au Golfe Juan…
  • Le tigre est arrivé à Gap…
  • Le monstre a couché à Grenoble…
  • Le tyran a traversé Lyon…
  • Bonaparte est à quarante lieues, mais il n’entrera jamais à Paris…

(Et soudain, changement de ton !...)

  • Sa Majesté Impériale a fait son entrée hier aux Tuileries au milieu de ses fidèles sujets… !
L'Empereur en avril 1815

L'Empereur en avril 1815

A suivre

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27 octobre 2017 5 27 /10 /octobre /2017 16:26

Elbe, février 1815

Ce n’est pas à moi de juger de l’affaire des écus enterrés par Constant. L’Empereur m’a paru peiné. Il refuse qu’on en parle. L’important pour moi est qu’il m’ait choisi pour l’accompagner à Elbe où il me traite plus en courrier qu’en valet. Il m’honore de plus en plus de sa confiance. Je suis assez libre de mes mouvements, bien que je doive me méfier des espions, et quand j’embarque sur le navire qui relie Porto Ferraio à Livourne, j’ai vite fait de repérer des personnages suspects. Je flâne donc sur les quais italiens, marchande de fruits, bois des verres de chianti dans les auberges jusqu’à ce que mes suiveurs lassés soient rassurés. J’accomplis la mission dont on m’a chargé, remets et reçois des messages et reviens dans l’île avec un panier d’osier rempli de prosciutto, de parmesan sans oublier les amaretti dont raffole la belle princesse Borghèse.

Jean-Abraham Noverraz nous dit dans son journal…
Jean-Abraham Noverraz nous dit dans son journal…

Ici, à Elbe, toute l’île est en ébullition : on légifère, on ouvre des routes, on construit un théâtre, on jette des ponts. Chauvin, le palefrenier en chef, s’affaire à une écurie de cent chevaux. La princesse Borghèse, plus belle que jamais, organise spectacles et bals, et moi, dans ce remue-ménage, je flâne sur le quai de Porto Ferraio où je m’embarque de temps à autre pour des messages qui préparent de grandes choses.

L’Empereur s’est réjoui des nouvelles d’Amérique où les Anglais ont subi une grande défaite à la Nouvelle Orléans. « Eux aussi auront eu leur Trafalgar ! » a-t-il dit.

A suivre

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26 octobre 2017 4 26 /10 /octobre /2017 16:49

Elbe, février 1815

L’Empereur a reçu le commandant du navire « L’Inconstant ». Il s’est emporté contre la marine, et j’ai entendu cette phrase étrange : « J’aurais pu faire de Trafalgar, une victoire ! »

« Les troupes de Napoléon n’auraient pas rencontré une grande opposition en Angleterre. L’occupation de Londres était certaine ! »

On pouvait même envisager une occupation complète de l’Angleterre, en ranimant la vieille hostilité de l’Ecosse, traditionnellement francophile, et celle de l’Irlande voisine.

Le principal obstacle à cette invasion était la Flotte britannique qui patrouillait sans cesse entre Manche et Atlantique, du Pas de Calais aux Côtes d’Espagne, prête à intervenir et qui aurait alors vite réglé son compte à la flottille d’invasion.

Napoléon conçut alors l’idée de rassembler la meilleure partie de sa Marine, qu’il confia à l’Amiral VILLENEUVE, pour neutraliser la Flotte anglaise. Celui-ci reçut l’ordre d’un voyage aux Antilles, afin de l’attirer à sa suite, et peut-être même de la détruire dans un combat victorieux (car l’Empereur ne doutait de rien !). Ainsi la Flottille d’invasion aurait pu effectuer la traversée du Pas de Calais et son débarquement sans encombre.

La bataille navale de Trafalgar sera perdue, on ne refait pas l’Histoire.

La bataille navale de Trafalgar sera perdue, on ne refait pas l’Histoire.

A suivre

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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 16:41

Elbe, fin janvier 1815

C’est au moment où l’Empereur parlait de son retour d’Egypte, et comment il réussit à tromper Nelson que, parmi les dépêches de France, celle-ci retint l’attention de Napoléon :

« Dans une ferme des environs de Calais s’est éteinte Lady Hamilton. Oubliée de l’Angleterre, elle vivait depuis des années dans la pauvreté. » Ainsi Hygea est morte. « Le frère de l’amiral, le révérend William Nelson, a ramené Horatia à Londres, et un certain Cadogan, se donnant pour parent éloigné, a réglé les frais des obsèques : 28 livres sterling payées à la paroisse de Calais pour la mise en bière et l’ensevelissement. »

« Si j’avais été à Paris, j’aurais envoyé une garde d’Honneur. »

Lady Hamilton

Lady Hamilton

L’Empereur nous a encore révélé comment était mort l’amiral Nelson. Au cours de l’affrontement bord à bord entre « le Redoutable » et le « Victory ». Un fusilier marin grimpa sur la hune pour remplacer un gabier mort. Il visa un officier anglais sans savoir qu’il s’agissait de l’amiral. La balle pénétra dans l’épaule droite et brisa la colonne vertébrale. L’Empereur se rappelait même le nom de ce soldat toulonnais qui s’appelait Robert Guillemard.

(Il est étrange de ce dernier nom, que l’histoire a reconnu comme étant qu’un personnage d’imagination. Que Noverraz relaie des propos qui seraient ceux de Napoléon, est donc suspicieux. Ces souvenirs réinventés de Noverraz, s’explique si ses souvenirs publiés l’ont été après la publication des Mémoires de Robert Guillemard, parues en 1826 et que notre bon Vaudois les aient lus. D’autant plus étrange, que ses journaux ont étés saisis par les Anglais.  Puisque le nom de Guillemard parait la première fois en 1826 aux yeux de tous, Napoléon ne pouvait le citer… ou alors, Napoléon s’en souvient réellement et Noverraz l’écrit dans son journal… et donc, la suspicion que Guillemard est un personnage d’imagination soit donc fausse !) GTell

A suivre

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24 octobre 2017 2 24 /10 /octobre /2017 17:16

Elbe 1814

Depuis qu’il a appris sa mort, l’Empereur a besoin de parler de l’Impératrice. Un souvenir qu’il a raconté plusieurs fois se rattache à Toulon, c’est là qu’il a passé avec Madame Joséphine dix jours à la Préfecture Maritime, préparant la flotte qui allait partir en Egypte : bâtiments de transport et vaisseaux de ligne. Il se consolait de cet immense travail en retrouvant Madame Joséphine. Il a raconté en souriant que le quai du port de Toulon s’était effondré tant il y avait d’artillerie. Enfin, le 19 mai 1798, Bonaparte quittait le port à bord de « L’Orient’ », le vaisseau amiral de 120 canons, et c’est au moment où le navire franchissait le goulet qu’il aperçut pour la dernière fois Madame Joséphine, installée dans une guérite de la Tour Royale, et qui agitait un mouchoir blanc.

Modèle réduit d'un vaisseau de 118 canons du même type que l’Orient et permettant de juger de la puissance de feu du navire.

Modèle réduit d'un vaisseau de 118 canons du même type que l’Orient et permettant de juger de la puissance de feu du navire.

Toulon, raconte-t-il, a joué un grand rôle dans ma vie. C’est là que, lorsque j’avais 24 ans, j’ai installé ma mère, Pauline, Elisa et Caroline, c’était à La Valette. C’est là que le 14 septembre 1793, j’ai ouvert le feu sur les Anglais. Mes batteries de canons s’appelaient « sans-culottes » et « chasse coquins ». Arrivé lieutenant, il partit colonel : le général Dugommier avait conseillé à la Convention de confier une brigade à Bonaparte en précisant « Il saura s’avancer tout seul si l’on est ingrat envers lui ! »

C’est encore à Toulon qu’il débarqua en 1799 en revenant d’Egypte à bord de la frégate « Muiron », ainsi baptisé en l’honneur de son aide de camp tué à Arcole.

Jacques François Coquille dit Dugommier

Jacques François Coquille dit Dugommier

C’est encore à Toulon qu’il débarqua en 1799 en revenant d’Egypte à bord de la frégate « Muiron », ainsi baptisé en l’honneur de son aide de camp tué à Arcole.

Il mêlait ses tendres souvenirs à ses souvenirs guerriers.

« Quand je vois des fleurs, je pense à elle : elle avait rassemblé plus de 200 espèces de roses dans les jardins de la Malmaison et près de 200 espèces nouvelles : le jasmin de la Martinique qu’elle mettait dans ses cheveux, le lys du Nil et l’hortensia, baptisé du nom de sa fille.

Elle partageait son amour des fleurs avec celui des animaux : elle avait, à la Malmaison, des cigognes de Strasbourg et des cygnes blancs et noirs. Un jour, elle a bondi sur moi en criant car je m’apprêtais à tirer sur un cygne…

Il y avait aussi, Noverraz, des vaches magnifiques qu’elle avait fait venir de Suisse en compagnie de vachers de Berne et de Fribourg dans des costumes de chez toi. »

Quelques vachers et bergers ont été déracinés de leurs terres, qui pour certains d’entre eux, fut un vrai malheur. GTell

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23 octobre 2017 1 23 /10 /octobre /2017 15:32

Elbe, juillet 1814

Le bruit courut à Porto-Ferraio que c’était l’Impératrice Marie-Louise qui venait de débarquer, accompagnée du Roi de Rome, un petit garçon de quatre ans. J’ai vu cette dame à la Palazzina de Molini (Palazzina dei Mulini) et je puis révéler qu’il s’agissait de la Dame polonaise. Je l’ai conduite auprès du maréchal Bertrand pour qu’il les amène auprès de l’Empereur. Nous devions tous prendre de grandes précautions dans l’Ile, à cause des espions qui faisaient leurs rapports à Paris et à Vienne, et j’étais un des seuls qui pouvait se rendre à Piombino ou à Livourne. C’est là que je recevais des lettres confidentielles. Je rencontrais des personnages de confiance à qui je remettais des missives.

Naturellement, les rencontres entre l’Empereur et les généraux Drouot, Bertrand et Cambronne n’avaient d’autres témoins que Madame Mère et sa fille, la princesse Borghèse, mais je devinais le grand dessein de l’Empereur. C’est ainsi que j’ai pu rendre compte directement au maréchal Bertrand des allées et venues de celui que l’on désignait sous le nom de « geôlier ». Quand celui-ci quittait l’île à bord de sa frégate, « la Partridge », c’était parfois pour des missions de surveillance, mais nous l’avons vite compris, c’était souvent pour rejoindre à Livourne, à Lucques ou à Florence, sa maîtresse. Sur son journal de bord, il notait paraît-il « …pour sa santé ! »

Parfois, Noverraz écrit les noms propres, justes et parfois faux, Portoferraio ou Porto-Ferraio. Palazzina de Molini, par exemple, aurait pu être écrit, par Noverraz en français, que l’on aurait très bien compris, mais non, il écorche ou estropie les noms.

A suivre

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