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6 septembre 2015 7 06 /09 /septembre /2015 17:36

L’équipement des hommes

Une fois sérieusement entreprise l’adaptation de nos troupes alpines aux exigences effectives de la guerre de montagne, il s’avérera bientôt que l’équipement actuel de ces troupes demande à être considérablement modifié et développé. La chose n’exige pas d’être longuement étudiée, il suffit de tirer parti de l’expérience qu’a acquis à cet égard, depuis de longues années, l’alpinisme civil. Les rapports établis à la suite des derniers cours de répétition d’hiver, et relatifs aux défauts relevés dans la façon d’équiper les hommes, peuvent donner de précieuses directives en vue des améliorations à apporter.

De cette importante documentation, on peut extraire les points qui, à cet égard, méritent une particulière attention.

Le casque d’acier est aussi indispensable en montagne qu’en pays plat, plus encore même du fait qu’il protège son porteur des éclats de pierre que causent les balles et les obus frappant un rocher. Mais il ne défend pas les oreilles contre le froid et le gel. Les soldats se tirent d’affaire en conservant leur calot sous leur casque, mais alors celui-ci ne tient plus bien sur la tête. L’industrie privée a créé, pour les alpinistes et les skieurs, divers systèmes d’oreillères, qui se rabattent de l’intérieur du chapeau ou de la casquette ; il est bien certain qu’on pourra trouver un système qui s’adapte à notre casque et qu’on facilitera ainsi à nos militaires le séjour aux grandes altitudes.

La question du collet de notre tunique d’uniforme est trop ancienne et trop connue pour qu’il soit nécessaire de s’y arrêter. Pour les hommes, la tunique à col rabattu serait encore la meilleure solution intermédiaire et le directeur d’un cours de répétition d’hiver la désignait récemment, au cours d’une conférence, comme « la partie de l’habillement de nos soldats la plus appropriée au service en montagne ». il y a là une précieuse indication en vue de résoudre la question du collet, qui est d’une si grande importance pour les officiers comme pour les hommes des troupes alpines.

Si notre pantalon d’infanterie est, quant à son utilité et à son aspect, l’objet d’appréciations contraires, il n’y a qu’un avis sur son emploi en montagne. Le fait qu’il retombe sur les brodequins le rend absolument inapte à affronter une neige épaisse et, après la moindre marche, l’humidité et le froid pénètrent les pieds des hommes, même de ceux du dernier rang. L’emploi de molletières ou de leggins augmente le nombre des malades d’une manière très sensible, en favorisant l’inflammation des tendons.

Si l’on ne se décidait pas à adopter la culotte, comme nos voisins l’ont fait pour leurs troupes alpines, on pourrait étudier sérieusement l’emploi de guêtres courtes, analogues à celles que portent aujourd’hui beaucoup de skieurs. On leur attribue l’avantage d’une fermeture hermétique entre les chaussures et le pantalon, et celui de tenir les pieds bien au chaud, deux points dont se préoccupe peu l’habillement actuel de nos troupes alpines (d’ailleurs, à notre connaissance, nos troupes du Saint-Gothard portaient encore, au début du siècle, des guêtres de ce genre, mais qui montaient trop haut ; si l’on y revenait, c’est que l’armée aussi observerait le mouvement cyclique de la mode).

Que les « grimpants » soient coupés trop courts de ceinture et trop étroits de canons et soient dépourvus de poches de derrières s’explique peut-être par leur bon marché mais n’ajoute rien à leur utilité.

Le brodequin absolument imperméable, tel que le soldat de montagne devrait le posséder, n’a pas encore été trouvé et il se fera sans doute attendre encore longtemps. Un vaste champ s’ouvre ici à notre industrie cordonnière. Toujours est-il que les médecins militaires et les chefs d’unité considèrent comme nécessaire et comme possible d’améliorer sérieusement le soulier de montagne d’ordonnance, tant au point de vue de la coupe et de l’adaptation au pied que de la résistance et de l’imperméabilité.

Pendant un cours de répétition de l’hiver dernier, sur un détachement entier qui avait effectué une longue marche en haute montagne, - à savoir 35 kilomètres en une journée avec une montée d’environ 1'500 mètres, - 1% seulement des hommes se présentèrent à la visite pour mal de pied. Il faut dire que tous les hommes portaient leurs souliers de ski civils, dont la qualité était bonne et souvent excellente. Mais, lorsqu’au cours d’un exercice d’avant-poste, le même détachement fut surpris par une recrudescence de froid, plusieurs cas de pieds gelés se produisirent, en un court laps de temps, parmi les occupants des positions les plus élevées, ce qui obligea finalement à interrompre l’exercice et à abriter les sections les plus atteintes dans une cabane du Club Alpin ; la cause en est, sans aucun doute, à cette propriété qu’a le cuir d’absorber l’humidité, propriété contre laquelle on a jusqu’ici cherché en vain à lutter.

Quant aux hommes appelés à tenir dans des tranchées de montagne, par tous les temps, il faut absolument prévoir pour eux des vêtements spéciaux ; au cours de la Grande Guerre, dans les deux camps, les occupants des tranchées de l’Ortler et de l’Adamello étaient pourvus de bottes et de manteaux fourrés en peau de mouton qui – le poil tourné en dedans – défendaient leurs porteurs d’un froid de 30 degrés et au-dessous. Il est indispensable d’en munir nos troupes en quantités suffisantes, tout au moins les hommes d’une relève sur deux et ceux des postes d’écoute. Pour les patrouilles et les troupes de première occupation, ces vêtements seraient trop lourds et ils pourraient, en attendant, être utilement remplacés par des vêtements imperméables légers.

Il existe dans les dépôts, pour nos troupes de montagne, des gants ou des mitaines qu’on peut qualifier d’absolument inutilisables. Leur revers est si court qu’il recouvre d’une manière tout à fait insuffisante le poignet, c’est-à-dire justement la partie de l’avant-bras qui joue le plus grand rôle pour protéger la main du froid. Comment un homme muni de mitaines qui ne laissent pleine liberté qu’au pouce pourrait-il, par des températures de 20 degrés au-dessous de zéro, faire manœuvrer une carabine, une mitrailleuse légère ou lourde ?

LA DÉFENSE DE LA SUISSE en cas d’invasion [13]

Commentaire

Notre major d’artillerie fait un constat très judicieux du mauvais équipement général des troupes qui doivent défendre des positions en montagne. Tous ces petites choses ajoutées les unes après les autres, font un gros problème. Il faudra attendre les années 80 et 90 pour constater des changements considérables dans l’équipement de nos troupes.

Une petite rectification au sujet du dernier paragraphe ci-dessus, concernant les GANTS. Les gants de laine que j’ai connu moi-même, étaient inefficaces et quand le Major parle de mitaine, il faut comprendre « moufle », car les mitaines sont des gants qui laissent libre les doigts, alors que les moufles de notre armée étaient bien grosses, le pouce libre et les quatre autres doigts bien cachés ensemble, mais aussi inutilisables pour tirer, dégoupiller une grenade ou pour se curer le nez !

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