La frontière, remarquez qu’il n’y a pas de barbelés apparents, que le côté suisse est à droite, et qu’il semble qu’à gauche, le soldat isolé est un Allemand ( ?).
In Memoriam
En novembre 1918, l’épidémie de grippe ravageait notre pays. Pour éviter sa propagation, les gouvernements avaient interdit les rassemblements, quels qu’ils soient ; les écoles étaient fermées. – C’est à ce moment que le trop fameux Soviet d’Olten déclencha une grève générale qui, selon ses plans devait aboutir à une révolution néfaste…
En ce 11 novembre, où le monde entier accueillait avec enthousiasme l’armistice, la Patrie, une fois encore, cria « Aux armes »… et tous, une fois encore, accoururent à cet appel. Tous partirent, tous ne revinrent pas. La maladie sournoise avait cloué sur un lit d’hôpital bien des petits soldats qui moururent, héros obscurs.
L’orage se dissipa ; nous revîmes, le cœur gros et les yeux pleins de larmes… Et dans bien des familles une place demeura vide, désormais…
A peine rentrés, les membres d’une jeune société patriotique [Pro Helvetia], associant dans une même pensée tous les soldats morts au service de la Patrie depuis 1914, prirent l’initiative d’ériger un monument à leurs camarades disparus. Un Comité accepta cette tâche, pas toujours facilitée, et le 9 janvier 1921, le cénotaphe fut inauguré au Parc Mon-Repos.
Là-bas, où deux sentinelles de pierre veillent sur le Souvenir de Ceux de Genève, de tous grades et de toutes armes, nous irons en pèlerinage, car
Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie
Ont droit qu’à leur tombeau la foule vienne et prie,
a dit le poète.
A l’endroit même où, dix ans auparavant, le peuple en liesse frémissait de joie patriotique, dans le théâtre de la Fête de Juin, se recueilleront ceux qui restent en songeant à ceux qui ne sont plus.
A.-E. R. 1924