750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rechercher Un Mot

Archives

Articles RÉCents

Liens

15 mai 2007 2 15 /05 /mai /2007 20:07
En 1925


Dans notre pays, tout le monde connaît le téléphone; chacun est à même de l'utiliser "peu ou prou", et d'en apprécier les réels services.
Est-ce à dire que chacun soit content de son fonctionnement?
Ecoutez plutôt ce qu'en disent les commerçants et les industriels qui doivent l'utiliser à tout instant pour leurs affaires. de combien de reproches n'accablent-ils pas, - souvent à tort, - les employées de la station centrale. Ces demoiselles, disent-ils, ne connaissent pas leur métier; elles ne sont jamais à leur affaire; elles sont indiscrètes, elles coupent le courant au milieu d'une conversation; elles vous mettent en relation avec le bottier alors que vous appelez le médecin! Quel désordre doit régner dans les centrales téléphoniques! De grâce, supprimez donc les services des demoisellesdu téléphone!
Ah! si ces mécontents se donnaient la peine de visiter, même à l'improviste, la centrale téléphonique de leur ville, ils reconnaîtraient bien vite, s'ils sont droits et sincères, qu'ils ont jugé sans connaître. en effet, ils seraient frappés, en entrant à la centrale, de l'ordre et du silence qui y règnent. ils trouveraient les employées attentives, installées devant une table des multiples qui contient 4000, 5000 ou 6000 jacks selon l'importance de la ville; ces jacks sont le point d'arrivée de trois fils correspondant à chacun des abonnés. Sur la table, devant l'opératrice, 100, 200 ou 300 lampes électriques minuscules s'allument tour à tour, au hasard des appels. Enfoncer la fiche du cordon de communication dans le jack de l'abonné qui demande un numéro; enfoncer une seconde fiche dans le jack portant le numéro demandé, faire fonctionner le signal d'appel du correspondant désiré et actionner le compteur de conversations, telles sont les manipulations nécessaires à la mise en communication de deux personnes seulement.
Que 10 à 12 appels lumineux brillent à la fois, qu'un correspondant tarde à répondre au signal souvent plusieurs fois répété, et les réclamations de pleuvoir à nouveau: "Supprimez! mais supprimez donc! et donnez-nous le téléphone automatique."

On pourrait peut-être calmer assez facilement ces grincheux; il suffirait de leur offrir les services du téléphone sans fil dont on dit tant de bien!
"Le téléphone sans fil! allons-donc, répondent-ils, mais, vous n'y pensez pas; c'est un bavard! il crie les secrets sur tous les toits, il trahit à journée faite, il met vos concurrents au courant de vos affaires et de vos prix! Ah! merci, le remède est pire que le mal. Le téléphone automatique, voilà ce qu'il nous faut, et pas autre chose!"

La question n'est pas nouvelle; il y a longtemps qu'on cherche à la résoudre et qu'on y travaille activement; le téléphone automatique existe en Suisse, à l'heure actuelle, pour le service intérieur de certaines grandes villes: Genève, par exemple, le possède depuis le 20 avril 1924, bientôt, l'expérience aidant, tous les bureaux principaux seront pourvus de cette merveille de mécanique de précision.
Dans cette courte notice, il ne nous sera pas possible de décrire les nombreuses combinaisons qu'il a fallu trouver pour que l'abonné appelant puisse, sans le secours d'employés, se mettre en relation avec tel ou tel correspondant.
Nous nous bornerons à exposer le principe, laissant à ceux que la question intéresse le soin de lire les publications spéciales - peu nombreuses, il est vrai - qui traitent cette question.

L'organe essentiel de l'automatisme est l'électro-aimant qui est chargé d'exécuter les fonctions les plus diverses et les mouvements les plus inattendus.
Dans une sonnette électrique, l'électro-aimant, muni d'un interrupteur automatique très simple, fait fonctionner le marteau trembleur dont le bruit est familier à nos oreilles.
Si nous supprimons l'interrupteur, nous aurons une sonnette qui ne frappera qu'un seul coup à chaque pression du bouton commutateur.
Demandons à un tel électro-aimant ce simple service, à savoir: attirer à lui et maintenir en place une armature, pendant un temps déterminé; par ce moyen, nous fermerons un relais à la centrale téléphonique; ce travail exécuté, nous obligerons, au moyen d'un deuxième électro-aimant, l'axe d'un appareil appelé sélecteur à s'élever verticalement à une hauteur convenable et enfin, au moyen d'un troisième électro-aimant, nous obligerons l'axe à tourner ensuite sur lui-même pour s'arrêter sur un contact cherché.
Tout cela semble presque impossible et pourtant un tel appareil existe. Nous allons chercher à en faire comprendre le fonctionnement au moyen du cliché ci-dessous.

sch--mat-t--l--phone-01.jpgLa fig. 3 représente le poste téléphonique automatique installé chez l'abonné, que nous appellerons "maître Jacques" pour plus de clarté. La fig. 4 fait pénétrer le lecteur dans le local mystérieux de la centrale.

Nous avons, à dessein, réduit à sa plus simple expression l'ensemble des organes principaux: le poste n'est prévu que pour six abonnés, et le compteur de conversations, qui n'intéresse que l'administration, a été supprimé.
Dès que maître Jacques décrochera son cornet téléphonique, le relai de la fig. 4 désigné par la lettre a, fermera le contact b et mettra à disposition l'électro-aimant c ; ce dernier est l'âme de tout le système; il est chargé d'exécuter une besogne très importante et très intéressante: c'est le sélecteur.
Nous supposons que maître Jacques désire correspondre avec un client dont le numéro d'appel est 3. Devant son appareil se trouve un disque numéroté; il introduira l'index dans l'ouverture numéro 3 de ce disque et le fera tourner sur lui-même dans le sens des aiguilles d'une montre, jusqu'à un arrêt très visible sur la fig. 3. Le disque, quand on le laissera libre, reviendra en arrière, lentement, à son point de départ, et, tout en tournant, fermera trois fois le circuit qui relie l'abonné à la centrale.
L'électro-aimant c (fig. 4) dont nous avons parlé, commencera alors son travail: à chaque fermeture du courant, il attirera à lui l'armature d et fera monter d'un degré l'axe du sélecteur. Pour empêcher cet axe de redescendre, le cliquet e s'introduira de lui-même dans l'encoche et maintiendra l'axe à la hauteur voulue; quand les trois contacts auront eu lieu, chez maître Jacques, l'arbre du sélecteur f sera monté de trois dents et les deux lamelles l et m, qu'on voit au bas de la fig. 4, seront en face des deux plots numéro 3, auxquels viennent aboutir les deux fils du client désiré. Il s'agit maintem$nant d'obliger les lamelles à toucher ces deux plots pour assurer le contact. Au moment où le disque de maître Jacques sera rentré à sa position de repos, un courant différent du premier - par son intensité - actionnera le relai g sans déranger les autres relais; il fermera le contact h et mettra à disposition l'électro-aimant i ; ce dernier est chargé de faire tourner l'axe f du sélecteur sur lui-même; alors les lamelles l et m, solidaires de l'axe viendront toucher les plots et établiront la communication.
Immédiatement, chez le correspondant N° 3, un signal retentira jusqu'à ce que le cornet téléphonique soit décroché. Ce signal est assez semblable à la sirène, - peu agréable et très connue - employé sur la rue par les automobiles pour avertir les piétons.
Si l'abonné N° 3 est, à ce moment-là, en conversation avec un autre correspondant, l'appareil de maître Jacques fera entendre à son tour, une sirène spéciale, d'un son différent, qui signifie: "ligne occupée".
Voilà le principe du téléphone automatique; c'est simple, à la vérité, mais il en est de ceci comme de l'oeuf de Christophe Colomb, il fallait y penser!
Quant à la réalité, elle est, cela va de soi, bien différente. Dans les stations où le téléphone automatique doit permettre la mise en communication de 5 ou 6000 abonnés, le "décrochage" du cornet fait fonctionner d'abord un présélecteur qui choisit une ligne donnant accès aux appareils des abonnés dont le premier chiffre du numéro de téléphone est 1000, 2000, 3000, etc. A l'extrémité de cette ligne auxiliaire un autre sélecteur met en circuit les lignes des centaines, puis un autre, celles des dizaines, et enfin, un dernier, celles des unités. A chaque ordre d'unités, le disque de l'appareil de maître Jacques doit êtretourné jusqu'à l'arrêt puis abandonné à lui-même.
Dans un tel système, lorsque maître Jacques voudra correspondre avec le client dont le numéro est 2675, par exemple, il devra introduire son index dans l'ouverture N° 2 et tourner jusqu'à l'arrêt, puis abandonner le disque qui reviendra en arrière; cela fait, il introduira de nouveau son doigt dans l'ouverture N° 6 et tournera jusqu'à l'arrêt, et ainsi de suite pour 7 et pour 5. Quand enfin ce dernier chiffre sera donné, tous les chercheurs de lignes, présélecteurs, sélecteurs, etc., seront en place à la station centrale et l'appelé N° 2675 entendra retentir la sirène de son téléphone.
Mais, comment donc maître Jacques procédera-t-il si, faisant partie des 5 ou 6000 abonnés d'une centrale, il veut correspondre avec le client N° 3 ? - C'est très simple: il existe une ligne spéciale pour les abonnés dont le numéro est compris entre 1 et 999;c'est la ligne que nous nommerons la ligne 0 mille; il y a également une ligne 0 centaine, et une 0 dizaine. Maître Jacques voulant appeler le N° 3, introduira l'index dans le 0 de son disque tournant et l'amènera au crochet d'arrêt; ce mouvement le mettra en relation avec la ligne spéciale 0 mille; il répétera ce mouvement pour les centaines, 0 centaine et pour les dizaines, 0 dizaine, et enfin, en tirant au cran d'arrêtle N° 3 des unités, son client sera averti par la sirène.
Lorsque la conversation sera terminée et que les deux cornets seront recrochés, tous les appareils, présélecteurs, sélecteurs et relais rentreront immédiatement à la position de repos et seront prêts à recommencer leur besogne.
Théoriquement, il faut un sélecteur pour chaque abonné, et en face de ce sélecteur, les plots des 4, 5 ou 6000 autres abonnés. 

http://www.audiorama.ch/fr/fr_histoire_radio.htm
Partager cet article
Repost0

commentaires

J
Que les Suisses doivent être content. Je réside en Roumanie et, il y a à peine trois ans, je devais encore demander à la centrale de me connecter à un numéro à l'étranger. J'attendais l'appel de la centrale durant quelques minutes, parfois trente et +, avant d'être enfin connecté. Depuis, j'ai trouvé n de ces fameux téléphone sans fil qui raccontent tout à tout le monde. Cela marche bien. Merci pour tes billets très intéressants. JC
Répondre