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27 juillet 2017 4 27 /07 /juillet /2017 16:33

LA FAMILLE BON

Les Bon sont d’origine méridionale. De Provence en Alsace, puis de là jusqu’à Pfäfers, ils se sont promenés, exerçant nous ne savons trop, quel métier. Cependant, c’est déjà dans l’accueil qu’ils sont spécialisés, puisque dans ce vieux couvent de Pfäfers, on les retrouve au XIIe siècle assurant la fonction de protecteurs des pèlerins, puis de majordomes des princes-abbés.

 

Cette vieille famille se distingue des Ritz ou des Badrutt par toute une culture et une éducation de tradition. Anton Bon, chef de la dynastie, n’est pas un chevrier ou un marchand de chandelles. Il est le fils de Sébastien Bon, président de la commune de Ragaz. Il se destine aux études d’ingénieur. Sa réussite pourrait sembler plus facile, plus banale aussi, que celle d’autres pionniers, puisqu’il part de plus haut, mais l’universalité de ses dons en fait pourtant l’exemple même de ce que l’hôtellerie suisse à ses débuts suscita de génie créateur.

Il y avait aussi chez les Ritz toute une antique culture populaire ; on me dira que le père de César Ritz était aussi président de sa commune, mais enfin Anton Bon est tout de même mieux placé dans une famille de notables, moins éloignée des grands centres, plus bourgeoise donc que celle des Ritz.

 

La destinée de ce jeune homme est liée à celle d’un grand architecte dont nous parlerons plus en détail par la suite : Bernhard Simon. Ce vigoureux bâtisseur vient de louer des terrains appartenant au père d’Anton, Sébastien Bon. Il remarque le garçon, chez qui il devine un grand esprit d’entreprise, et comme il est en train de mûrir son grand projet de station thermale à Bad Ragaz, il l’engage, l’envoie à l’étranger apprendre les langues et s’initier aux grands problèmes hôteliers. De cette rencontre naîtra, pour Anton Bon, sa vocation.

On ne peut à la fois offrir une bonne table et un mauvais lit, un beau panorama et une vilaine chambre à coucher, être un rustre et converser avec Sa Majesté.

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Ainsi, après avoir quitté son protecteur pour s’installer à son compte au Splügen, col très fréquenté entre Bavière et l’Italie, et fréquenté par du beau monde qui se souviendra de lui, puis chassé du lieu par l’ouverture du Gothard en 1882, Anton Bon relance un hôtel chancelant avec maestria : le Righi-First. César Ritz aussi, en remontant le Righi-Kulm, faisait un coup de maître. Autre parallèle : c’est Pfyffer d’Altishofen, un architecte, qui remarqua le premier le jeune Ritz.

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Décidément, le lac des Quatre-Cantons est vraiment la mère patrie de ces messieurs les jeunes hôteliers.

Le premier bâtiment construit par Bon, avec les bénéfices du Righi-First, est à Vitznau. C’est une sorte de Château de Chillon, adossé à la montagne. Son architecture est décidée après des mois de voyages dans tous les lieux où vit sa future clientèle : la Ruhr, l’Angleterre et la France. C’est une véritable étude de marché qu’il fait, prenant ici et là les meilleurs éléments concernant les systèmes de chauffage et d’éclairage, la décoration, les matériaux.

 

Son idée, baroque et contournée pour un homme d’aujourd’hui, c’est le dépaysement, par de grandes baies vitrées notamment qui, pour la première fois dans l’histoire de l’architecture, font entrer le paysage à l’intérieur du bâtiment, associé au chez-soi parfaitement britannique, allemand ou français.

[Effet miroir, quand on est à l’hôtel, c’est le paysage que l’on voit et quand l’on est dans le paysage, c’est l’hôtel que l’on voit.]

Hôtel Park, Vitznau

Hôtel Park, Vitznau

Le Park, sur la droite, l'annexe est la piscine.

Le Park, sur la droite, l'annexe est la piscine.

Enfin, Bon considère que la culture générale, l’élégance dans l’accueil, l’éloquence même, et si possible polyglotte, sont les premières qualités à développer.

 

C’est aussi l’avis de César Ritz. Comme lui, Bon est bientôt appelé en consultation un peu partout, chaque fois que l’on construit, ouvre ou transforme un grand hôtel.

Ses enfants ont tous persévéré dans la carrière. Son troisième fils, Primus Bon, fut le roi du buffet de la Gare de Zurich, cette formidable machine de renom européen, où il est difficile de se rendre sans se demander si tel ou tel consommateur n’est pas un espion, et n’est pas en train de penser la même chose en vous dévisageant.

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De tous les pionniers, Primus Bon est un des derniers. Il avait pour cette épopée beaucoup de nostalgie, de choses à raconter.

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[Eh bien, le Buffet de la Gare de Zurich n’est peut-être plus aussi renommé qu’autrefois. A vérifier. Pour certains c’est déjà fini le Grand Buffet.]

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commentaires

J
Dans la case ''Web'' j'avais une ancienne inscription qui s'affichait automatiquement lorsque je cliquais sur la case ''Commentaires''. Comme le nom de cette case a changé j'avais l' ''Adresse'' de ma rue en lieu et place d'une adresse ''Web''. Je l'ai effacé et j'ai réussi a envoyer le commentaire sans passer par la catch a quatre!<br /> Il ne faut rien négliger pour remplir des petites cases informatiques!<br /> Bonne lecture a vous tous!
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J
Il a raison, la culture, l’éducation, sont très importante. Tres bel hôtel!<br /> (Je crois que j'ai compris le problème pour transmettre les commentaires sur ce blog).
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