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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 18:19

Seconde bataille de Polotzk. Un grand jour des régiments suisses.

Pendant ce temps que devenait le centre de la Grande Armée, sous le commandement direct de l’Empereur ? Sans nous attarder sur ce point, qui ne rentre pas dans notre sujet, puisque les Suisses n’allèrent pas à Moscou, il convient cependant de rappeler les grands événements survenus sur le principal théâtre de la guerre.

La possession de la Duna entre Dvinsk et Witebsk assurant son flanc gauche, Napoléon poussa son armée dans la direction de Smolensk. Traversant le Dniepr, il manœuvra pour envelopper les Russes par leur gauche. Ce plan échoua, grâce à la résistance opiniâtre que lui offrit Smolensk. Pendant deux jours il couvrit en vain la ville du feu de sa formidable artillerie ; en vain il commanda de meurtriers assauts. Smolensk ne tomba que lorsque ses derniers défenseurs l’abandonnèrent aux flammes d’un terrible incendie, prélude de celui de Moscou (18 août).

Une fois de plus Barclay de Tolly put donc opérer sa retraite et l’éternelle poursuite recommença sur la route de Moscou. On sait comment, vingt jours plus tard, Koutouzoff, le « le vieux Koutouzoff, » ainsi que Napoléon l’appelait avec quelque dédain, devenu généralissime des Russes, accepta enfin la bataille à Borodino, près des sources de la Moscowa, et ce que fut cette mêlé formidable de 250 à 300'000 hommes, dont un quart resta blessé ou mort sur le champ de carnage.

Huit jours après, l’Empereur était au Kremlin. Dans son illusion profonde, il croyait la Russie à ses pieds. Puis Moscou brûla presque entière, au lendemain de l’entrée des Français, et fut mise au pillage. Aux ouvertures de Napoléon pour amorcer des négociations de paix, le tsar répondit par le silence. Enfin la retraite commença, après un mois d’attente vaine, le 18 octobre.

Au moment où Napoléon quittait Moscou, la bataille, engagée depuis deux jours, faisait rage autour de Polotzk.

Le maréchal Gouvion Saint-Cyr, en prévision d’une retraite, avait fait évacuer complètement les hôpitaux et improviser un troisième pont sur la Duna. Sur la rive gauche de ce fleuve, on avait établi de fortes batteries qui prenaient en écharpe l’approche des remparts. Sauf quelques escadrons, la cavalerie passa la Duna pour couvrir les derrières de l’armée. L’effectif approchait encore de 20'000 hommes.

L’ennemi – 40 à 50'000 hommes – s’avançait déjà. Les 16 et 17 octobre eurent lieu de vifs combats d’avant-postes. Sur la route de Witebsk, à une quarantaine de verstes, le général Maison commandait un fort détachement combiné de cavalerie et d’infanterie. Il dut se replier devant un gros parti de Russes qui formait l’extrême gauche de Wittgenstein. Le 3e régiment suisse (de Graffenried) soutint avec une très belle fermeté cette longue retraite, quoiqu’il fût harcelé par la cavalerie ennemie. Le 18 dans l’après-midi, quand ce régiment rentra dans la place, il prit position sur les remparts, que les Russes s’apprêtaient à assaillir le soir même.

Avant de retracer les phases principales de la bataille furieuse du 18 octobre, rappelons un autre trait de bravoure des Suisses.

À une grande lieue à l’ouest de Polotzk étaient la chapelle et le cimetière de Ropna. Les deux routes de Pétersbourg et de Riga à Polotzk se joignent en ce lieu. Un mur solide entourant le cimetière en faisait un point d’appui résistant et d’autant plus précieux qu’il commandait les routes.

Une compagnie du 1er régiment (Raguettly) occupait ce poste le 17, dans l’après-midi, lorsqu’elle fut attaquée par des forces supérieures. Elle tint bon jusqu’à épuisement des munitions, puis s’ouvrit un chemin à la baïonnette et battit en retraite. Vers le soir, le capitaine Gilly de Lucerne, à la tête d’environ 300 grenadiers du dit régiment, reprit cette position, « après une charge brillante, » suivant les mots de Saint-Cyr.

La possession de ce point était indispensable aux Russes pour s’approcher de Polotzk. Aussi, à la nuit close, deux régiments de chasseurs essayèrent de reprendre à leur tour ce cimetière. S’approchant sous-bois et en silence jusqu’à une demi-portée de pistolet, ils se jetèrent brusquement à l’attaque. Nos grenadiers n’eurent que le temps de s’abriter derrière les murs et de les recevoir par un feu meurtrier. Mais bientôt, entourés, pressés de tous côtés, ils n’eurent plus guère la possibilité de charger leurs armes, et se défendirent à coups de crosse et de baïonnette. Ce fut une mêlée effroyable, un corps à corps dans la nuit noire, où l’on s’empoignait pour se reconnaître avant de frapper. Les grenadiers furent là les dignes descendants des héros de St-Jacques. Suivant le mot superbe du sergent Blaser, massacré aux Tuileries, « les Suisses ne rendaient les armes qu’avec la vie. » Ils ne purent être délogés à aucun prix.

La moitié de ces vaillants jonchait déjà le sol, quand les survivants, chargeant avec fureur, s’ouvrirent un chemin pour regagner Polotzk. Beaucoup d’entre eux étaient blessés. Le capitaine Gilly tomba un des derniers.

À onze heures du soir, devant le bataillon réuni et tout le corps d’officiers de la brigade, les honneurs funèbres furent rendus par les grenadiers à leur valeureux commandant.

Ce n’était qu’un prélude aux combats du lendemain.

Au matin du 18, le maréchal attendait l’attaque principale de ses positions par le nord et l’ouest. Il avait placé à droite la division Legrand, au centre la division Maison, toutes deux en-deçà de la Polota. Au-delà de cette rivière, par contre, à la gauche du front de bataille, se trouvaient les 1er et 2e régiments suisses et les Croates de la division Merle. Le 123e hollandais et le 4e suisse occupaient les remparts de la ville. Le 3e suisse, nous l’avons vu, ne rentra que dans l’après-midi.

Le front ouest de Polotzk était le plus malaisé à attaquer. Non seulement il était pris en flanc par les batteries de la rive gauche, mais il était renforcé de solides ouvrages, et le ravin de la Polota en défendait l’accès immédiat. Désireux d’y attirer et d’y fixer son ennemi, le maréchal Gouvion Saint-Cyr y avait placé en évidence les 3 régiments sus-indiqués, forts d’un millier d’hommes en moyenne. Se conformant aux instructions reçues, le général Merle avait donné l’ordre de ne pas sortir des lignes, et de défendre les redoutes élevées en avant de la Polota.

La première attaque sérieuse des Russes se produisit cependant tout à l’opposé, où il n’y avait que de faibles ouvrages et très peu de troupes. Par un mouvement rapide, le maréchal amena sur ce front les divisions Legrand et Maison. La première occupait l’espace situé entre la Polota, qui couvrait sa gauche, et le marais impraticable de Wolow. La deuxième avait sa gauche sur ce marais et sa droite sur la route de Witebsk. Les Bavarois étaient principalement sur les derrières.

Vers onze heures du matin la bataille se donnait fortement sur le front est. Pendant toute la journée huit ou dix-mille Français y tinrent en échec plus de vingt mille Russes. Les redoutes furent prises et reprises plusieurs fois, mais les Russes n’avancèrent guère.

Sur la gauche, rien ne s’était produit encore, qu’un échange de coups de feu à distance. Déjà l’après-midi s’avançait, et les Suisses se demandaient si cette bataille aussi finirait sans qu’ils y eussent pris part. ils brûlaient de se signaler à l’égal de leurs frères d’armes français ou bavarois et de soutenir leur antique réputation militaire.

A suivre...

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