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9 février 2016 2 09 /02 /février /2016 18:28

La Fête de 1865

La quatrième Fête donnée au cours du XIXe siècle eut lieu en juillet 1865. La chronique assure qu’elle fut splendide comme mise en scène. Trois arcs de triomphe furent, comme en 1851, élevés sur la place du Marché, pour l’entrée triomphale des troupes. Les estrades, construites de face et latéralement, pouvaient contenir 11'000 spectateurs.

Estrade orientale, photo prise depuis l'estrade principale, faisant face à la Grenette.

Estrade orientale, photo prise depuis l'estrade principale, faisant face à la Grenette.

Mais 1865, c’était l’époque des crinolines et on parla beaucoup des ennuis que procurèrent ces soi-disant et encombrantes parures…

L’assemblée du 10 janvier 1864 fixa la Fête sur les 26 et 27 juillet, et la publication eut lieu le 21 mai 1865. (On remarquera que les organisateurs s’y prennent, dès ce moment, plus d’une année à l’avance pour faciliter le recrutement et l’organisation.)

Malgré une pluie persistante, durant toute la première journée, la représentation se poursuivit d’un bout à l’autre grâce à la patience et à la persévérance des figurants et des spectateurs. Les deux journées qui suivirent furent favorisées d’un rutilant soleil, et les costumes n’avaient aucunement perdu leur fraîcheur.

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[Commentaire : Par deux fois déjà, l’auteur du livre nous parle d’un « rutilant soleil »…, traduction, rouge soleil. Pour moi, le soleil est ardent en journée et au coucher de celui-ci, il lui arrive d’être rutilant.]

M. Vernes-Prescott, auteur d’un ouvrage dont nous avons déjà parlé, spectateur des Fêtes de 1833 et 1851, a assisté aussi à celle de 1865. Nous extrayons ces passages des élogieuses pages qu’il consacra à notre manifestation veveysanne :

L’abbé-président – Louis Bonjour, conseiller d’Etat – porte avec aisance crosse d’or, tricorne à plume blanche, habit brun brodé de jais, culotte brune, bas et gants de soie violets. Les commissaires n’ont rien de commun avec ceux de 1851 ; ils ont aujourd’hui un habit vert à boutons argentés, gilet blanc et pantalon de triège (tissu de lin naturel tissé de coton bleu). La soie du brassard, celle de la cravate et du ruban du chapeau varient de couleur suivant les subdivisions auxquelles ils appartiennent. Le chapeau est de paille, coquettement orné d’une jolie grappe de raisin.

Cet élégant costume ne me fait point oublier les commissaires des Fêtes précédentes au vaste chapeau claque, habit, culotte et bas de soie noirs avec fringants escarpins.

A un signal donné les trois troupes font leur entrée solennelle aux accents de l’excellente musique de Palès. Les trois chars de triomphe (Palès, Cérès, Bacchus), ces cortèges magnifiques, cette belle jeunesse, vrai « printemps de l’année », ces costumes délicieux, cet ordre merveilleux, cette grâce, cet entrain, ces saisons qui se confondent en un hymne universel pour rendre un sublime hommage à l’agriculture, tout cela forme le plus majestueux ensemble et fait vibrer toutes les cordes du cœur !

Ajoutons que le vin offert par l’Abbé aux deux vignerons couronnés est du cru de cette année 1865, pressé et offert par M. Leyvraz, lequel a accompagné ce don de deux corbeilles de magnifique raisin mûr.

L’Invocation à Palès brille par des élans d’une touchante poésie. La magnifique voix de M. Landolt leur prête un charme nouveau. Il y a surtout comme rentrée dans le chœur un motif de valse délicieux.

Le soliste a donné une grande valeur à la mélodie de ces deux vers :

L’oiseau traverse l’air d’un élan plus agile ;

La primevère éclate en bouquets gracieux.

Et le chœur reprend :

Jeunesse de l’année,

O saison fortunée,

Parmi nous ramené

Honneur, amour à toi.

L’enthousiasme a été général. C’est un succès qui tient une grande place dans la vie d’un chanteur.

Le grand-prêtre de Cérès est M. Wetter, de Saint-Gall, amateur millionnaire, dont la belle voix de baryton fait valoir la strophe d’invocation :

Salut, déesse des blés mûrs,

O mère, ô nourrice des hommes.

Le grand-prêtre de Bacchus est M. Barberat, de Genève, renommé pour sa voix de basse. Il a pris un fort louable élan à ces paroles :

Tu viens de ton nectar

Désaltérer la lèvre du jeune âge,

Et retremper la force du vieillard.

Qui donne à la vieillesse des éclairs de gaîté,

Qui berce la souffrance dans un songe enchanteur.

Puis dire que dans cette strophe il a « transporté » son public :

C’est Bacchus qui donne à nos collines

Son philtre précieux,

Dont l’enivrante extase et les ardeurs divines

Transportent l’homme aux cieux.

M. Sciobéret, le peintre heureux des mœurs fribourgeoises, a fait tout simplement un chef-d’œuvre en écrivant sa Bacchanale. Dans quel Yvorne pétillant avait-il donc trempé sa plume !

De tout temps la Noce fut le dernier tableau de cette suite de scènes copiées d’après nature. Les heureux époux sont précédés de grands-parents et suivis – heureuse innovation – de couples aux costumes des vingt-deux cantons. C’est bien le défilé le plus attrayant qu’on puisse imaginer. Mais s’il faut choisir ce qu’il y a de mieux, prenons Fribourg, Berne et Lucerne. Chaque couple s’enlace et disparaît dans le tourbillon d’une valse de Lauterbach. [La valse de Lauterbach, tel est le titre joué, compositeur inconnu, valse d’origine Allemande.] C’est le bouquet de la Fête ! C’est le rideau qui se baisse sur cette sublime glorification du travail de la terre !

À remarquer que c’est donc en 1865 que l’on forma, pour la première fois, le groupe de la Noce composé de vingt-deux couples portant les costumes de nos cantons suisses.

Le livret publie les noms des artistes officiels de la Fête qui sont : Jules Mülhauser, poète officiel ; François Grast, compositeur de musique ; Henri Plumhof, directeur de musique ; Benj. Archinard, maître des ballets ; Pierre Lacaze, dessinateur des costumes ; Louis Taverney, architecte ; Ernest Burnat, directeur des décors.

Parmi les collaborateurs de M. Mülhauser, il y eut Pierre Sciobéret, Victor Buvelot, Louis Favrat et Marc Monnier, auquel on doit la belle « Invocation » à Cérès.

Pour la Fête de 1865 il a été fait appel à un assez grand nombre de corps de musique. Nous y trouvons la fanfare de Brunnen pour les anciens Suisses ; les musiques de Vevey (Bacchus), Lucerne (Cérès), Berne (Palès), Lausanne (vignerons), Zurich (la noce), Schwyz (les jardiniers).

La partition indique que La Marche triomphale est exécutée par cinq orchestres d’harmonie (il s’agit sans doute de musique d’harmonie) pendant l’entrée des différents cortèges. L’invocation à l’Agriculture est accompagnée de Trombones et Cors. Le Ballet du printemps et la noce villageoise ont, pour accompagnement, un Orchestre champêtre. Le Chœur général comprend 1500 chanteurs.

Le programme général prévoyait, pour le 26 juillet, une représentation sur la Grande-Place avec défilé dans la ville, banquet sur la promenade du Rivage, et fête vénitienne. Pour le 27 juillet, représentation sur la place, défilé et danse de toutes les troupes dans les principales rues de Vevey et La Tour-de-Peilz, puis bal des figurants en costume.

Trois estrades, en amphithéâtre, entouraient l’espace où s’exécutaient les chants et danses. La plus grande, faisant face à la Grenette, pouvait contenir 6500 personnes ; la deuxième, au couchant, 2500, et la troisième, à l’orient, 1500. [La tribune principale regardait la ville et non le beau paysage du lac.]

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L’enceinte pouvait facilement laisser libre jeu aux 1200 figurants lors des productions.

Un grand album (dépliant) fut édité, où était représenté le cortège, en noir. On n’y voit plus l’arche de Noé, mais, dans la troupe du printemps, figure une tonnelle fleurie avec de jeunes enfants. Dans la troupe d’automne, sur un char, on contemple un petit pressoir devant lequel se trouve un couple de vignerons vaudois.

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Il fut en outre lithographié de belles planches, de 60 centimètres sur 41, représentant les troupes d’Honneur, du Printemps, d’Été, d’Automne et d’Hiver, avec un grand sujet central et, en frise, de jolis détails de figurants en groupe ou isolés.

La fête en chiffres

1 200 figurants

3 représentations

Les places coûtent entre 1 et 40 francs

La Fête coûta 144 460 francs

Déficit 10 861 francs (un tiers à la charge de la Confrérie, le reste à celle des actionnaires)

Financement : souscription volontaire, émission de 1 000 actions à 40 francs (qui n’a pas été un succès.)

Souscription publique

Souscription publique

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