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11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 15:40

La Fête de 1889 (la première fois photographiée)

Vingt-quatre ans se sont écoulés entre la Fête des Vignerons de 1865 et celle de 1889, dernière du XIXe siècle. Il y eut entre-temps la guerre franco-allemande de 1870-71, et une crise économique, aggravée d’années à rendement médiocre dans l’agriculture et la viticulture. Ce fut la cause du grand intervalle entre les Fêtes.

Figurants, spectateurs ont conservé longtemps l’ineffable et vivant souvenir des radieuses journées qui, les 5, 6, 8, 9 et 10 août 1889, attirèrent une foule considérable à Vevey.

Pour le spectateur, comme pour le figurant, l’impression ressentie à la vue d’une première Fête des Vignerons ne s’efface pas. Les divers écrits et les ressouvenances des assistants ou participants à des Fêtes antérieures le prouvent abondamment. Les splendeurs, les attraits nouveaux des Fêtes postérieures, viennent grossir la gerbe des premiers souvenirs, mais ils n’effacent ni même n’atténuent la première impression.

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Soixante-huit membres composaient le comité d’organisation, dont M. Emile Gaudard, abbé-président de 1899-1941 et qui était alors président de la « Commission de poésie, musique et ballets ».

Les approches d’une Fête électrisent naturellement la population. En 1889, cela a été très justement relevé par un éminent écrivain, M. Emile Yung, venu – pour le Journal de Genève – « tâter le pouls » aux Veveysans peu de jours avant la Fête :

Carte de presse

Carte de presse

Les jours d’allégresse depuis si longtemps désirés, si laborieusement et amoureusement préparés sont proches. Vevey, la plus jolie cité, petite reine de notre lac, s’épanouit au soleil de juillet, dans l’attente, un peu inquiète sans doute, mais délicieuse quand même, de la réalisation de ses rêves.

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Une seule pensée y emplit tous les cœurs, une seule ambition anime tous les bras : sa vaillante population concentre ses efforts vers un même but, noble et charmant. Il s’agit de fêter dignement la travail de la terre, source de richesse et de sérénité ; il s’agit de satisfaire aux légitimes espérances que fait naître chez ceux qui, dans le monde entier, ont conservé le culte de l’art et de la nature, ce seul titre : la Fête des Vignerons.

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Comme l’ont été ses devancières, la Fête de 1889 sera tout simplement admirable ; elle n’en sera nullement pour cela une simple copie ; elle aura son caractère propre.

Et voilà, dorénavant, où se trouvera la difficulté pour les organisateurs : conserver à la manifestation ce que le respect de la tradition impose, mais lui donner ce quelque chose d’inédit, de nouveau, qui fera qu’elle aura « son caractère propre ». Et la réussite complète de la Fête de 1889 – comme de celles qui suivirent – est sûrement due au fait que les organisateurs ont su admirablement faire la part de ce qui, traditionnellement, doit être conservé, et ce qui peut, au point de vue spectaculaire, être ajouté ou modifié. De l’ensemble de la solennité ressort et domine toujours le si louable et noble but qu’ont visé, dès les débuts, les fondateurs de la Confrérie : glorifier le travail de la terre, lequel symbolise la Paix, idéal auquel aspirent tous les hommes de bonne volonté !

Ce fut le 5 février 1888 qu’une assemblée générale décida d’organiser la Fête en 1889 (les 5, 6, 8 et 9 août), et la publication eut lieu le dimanche 19 mai 1889, avec son succès habituel et sa foule de curieux.

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Le livret nous apprend que l’abbé-président fut M. Paul Cérésole, ancien président de la Confédération suisse.

Les artistes officiels de la Fête étaient :

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Compositeur de musique : M. Hugo de Senger, à Genève ; Directeur de musique, M. Henri Plumhof, à Vevey ; Directeur des ballets, M. Benjamin Archinard, à Genève ; Dessinateur des costumes, M. Paul Vallouy ; Directeur des décors et de la mise en scène, M. Ernest Burnat ; Architecte des estrades, MM. Victor Chaudet et Henri Schobinger ; Adjoint du directeur de musique, M. William Pilet ; tous à Vevey ; Adjoint du directeur des ballets, M. G. Lovetti, à Lausanne.

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Pour la composition du texte des airs chantés, il fut fait appel à la collaboration de MM. Georges Renard, Alexandre Egli, Jules Besançon, Dr Martin, C.-C. Dénéréaz.

Photo du char de Cérès

Photo du char de Cérès

Les grands-prêtres étaient : MM. Séran (Palès), Romieux (Cérès) et Dauphin (Bacchus), tous de Genève. Soliste du Ranz des Vaches : M. le notaire Currat, de Bulle.

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Jusqu’alors, le Ranz des Vaches avait été chanté en chœur par les armaillis. En 1865, M. Grast avait fait un arrangement à quatre voix. Ce fut donc la première fois, en 1889, qu’il y eut un soliste pour ce rôle.

Placide Currat, notaire à Bulle

Placide Currat, notaire à Bulle

Les estrades pouvaient contenir 12000 spectateurs. Des portes triomphales, d’un style plus décoratif qu’en 1865, fermaient hermétiquement la place, devant la Grenette.

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Le public fut enthousiasmé par l’entrée triomphale des troupes, laquelle prit une ampleur nouvelle, grâce aux 1200 figurants qui composaient les quatre corps.

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Le pasteur-écrivain vaudois, Alf. Cérésole, donne, de cette entrée, la description suivante :

Tandis que le canon tonne, que les cloches de St-Martin s’ébranlent, aux sons d’une marche d’une incomparable grandeur, on voit entrer, avec majesté, en un ensemble admirable, les trois grands-prêtres d’abord, puis les chars des trois saisons, du haut desquels sourient, dans tout l’éclat de la jeunesse, les personnifications du printemps, de l’été et de l’automne. Au cortège du printemps, la couleur bleue des pervenches ; à l’été, le rouge des coquelicots se balançant dans les blés ; à l’automne, la teinte verte ou dorée de la vigne recouvrant nos coteaux.

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Émus, charmés, les spectateurs acclament, applaudissent, et nombreux sont ceux qui ont la larme à l’œil !

Dans la partition d’Hugo de Senger, de nombreux airs firent à la fois la joie de ceux qui les écoutèrent et de ceux et celles qui les chantèrent. À la fraîche apparition des troupes du printemps, les strophes champêtres de J.-J. Rousseau : « Allons danser sous les ormeaux », firent la meilleure impression. Les airs des jardiniers, moissonneurs, etc. conquirent d’emblée les suffrages du public. L’invocation à Cérès : « A toi le miel des ruches bourdonnantes », fut une des plus belles parties de la composition musicale avec l’invocation à Bacchus : « O grand Bacchus, ami des travailleurs ». Enfin, relevons encore le succès de l’air chanté par la noce : « Cloches sonnez, sonnez à la volée ».

Ce qui démontre l’intérêt que prit le public à la Fête de 1889, c’est qu’il fallut organiser une représentation supplémentaire. Le comité avait choisi les 5, 6, 8 et 9 août ; il fallut rouvrir les portes triomphales le 10 août.

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Au cortège – qui fut représenté dans un album colorié très évocateur dessiné par Ernest Vuillemin – on vit apparaître les nouveautés suivantes : le char du meunier, avec moulin rustique, le char des tonneliers, le pressoir, agrémenté d’une tonnelle garnie de pampres, le char des bûcherons et le trousseau de l’épouse, juché sur un véhicule de campagne.

La fête en chiffres

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1379 figurants

5 représentations

Les places coûtent entre 2 et 40 francs

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La Fête coûta 347 751 francs

Bénéfice: 52 810 francs (enfin un bénéfice !)

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Fonds de garantie: 1200 actions à 50 francs et 20 000 francs de la Confrérie

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