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23 mars 2017 4 23 /03 /mars /2017 18:28

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Alors, d’où vient « Couvaloup ?

Jaccard, pourtant circonspect, croit pouvoir, se fondant sur des indices recueillis à Morges puis à Lutry, déclarer le mot issu du latin : « cum vallem » (vallonem) = localité bâtie dans un vallon. Très joli ! Malheureusement pour l’érudit, le voisinage de la Dôle s’adorne d’un pâturage boisé dit (Couvaloup ». il s’agirait d’un lieu écarté dit encore « Queue-de-Loup ». Or, ces fauves ne manquaient ni dans le Jura ni dans les « fossés » naturels de la vieille Cité. C’est pourquoi les amis du romanesque cynégétique donnent poliment tort au docte Jaccard.

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On ne quitte pas le haut quartier, ni la cathédrale, ni le guet, sans saluer l’escalier du Château. Le jour, banale rampe de ciment, il est le soir, parfois, refuge des tragiques grecs ressuscités par le comédien Paul Pasquier. Ni sans se remémorer, grâce à la lecture d’une inscription ad hoc, la présence dans la maison Levade, du « Séminaire français » (1729-1813). Cette école, fondée par Antoine Court et Benjamin Duplan, donna aux réformés de France des centaines de pasteurs, plusieurs de ces prédicateurs mourant pour leur foi.

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Pour dix rues et avenues qui consacrent les noms de passants illustres (Voltaire à la rue Voltaire, Charles Dickens écrivant les premiers chapitres de Dombey et fils dans un verger défunt de l’avenue Dickens, pour un Viret, pour l’économiste Charles Gide, pour la rue Gibbon, pour l’avenue Glayre, pour la place et l’avenue Benjamin-Constant), pas plus de menus problèmes que le long des passages (Rosemont, Grande-Rive, Beaumont et tant d’autres) qui s’appliquent à ranimer la silhouette et les ombrages de petits et grands domaines d’autrefois.

Que de lieux, en revanche, où le curieux trébuche !

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La place de la Riponne tire son nom, par exemple, d’une famille de propriétaires bordiers, les Ripon, déjà en exercice, si l’on nous passe l’expression, lorsque la Louve coulait à ciel ouvert en ces lieux. Des infiltrations transformaient en espace boueux la Palud (du latin : Palus : le marais). La rue du Pont, accessoire indispensable à cette humide époque, donnait asile au Vieux-Mazel (ancienne boucherie) ce qui explique l’existence du passage ou (plus pompeusement) de la rue du Rôtillon, asile de fours et de broches à viande. La Cheneau-de-Bourg, rue de nos jours élégante avec ses maisons reconstruites et ses étalages d’antiquaires, évoquait le ruissellement de la pluie sur le sol très incliné (chéneau ou tuyau de gouttière). La rue Centrale, aujourd’hui prolongée et assainie, fut un court débouché sur la rue du Pré (des praz : prairies fut les bases de la Cité). Notons, sans trop insister, que Rôtillon, Pré, Cheneau-de-Bourg comptèrent longtemps au nombre des rues « chaudes » de notre bonne ville. La Mercerie qui porte un visage moderniste, détint jadis, outre des merciers, bon contingent encore de filles « folles de leurs corps » (euphémisme commode et translucide).

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La rue Chaucrau, encaissée entre de hautes maisons, c’est un « chaud creux » où le vent se fait rare. L’Ale (l’aile) désignait, de par sa tour déjà, un bastion d’angle du Lausanne d’avant les Bernois.

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La place Chauderon ne grave pas dans le marbre le nom d’un citoyen méritant. C’est par extension du terme (petite chaudière) [Mais pourquoi le « e » de Chauderon ?] la désignation d’un lieu creux et écarté au sortir du chemin de terre (des Terreaux), sente longeant les résidences boisées qui occupèrent longtemps la lèvre nord de l’actuelle rue de Genève ; la propriété Agassiz montrant au-dessus du mur bordier les dômes de ses arbres, coupés pour faire place au « complexe » puis à la tour Métropole-Terreaux.

La « Casquette du Diable » de Montriond, photographiée au début du XXe siècle.

La « Casquette du Diable » de Montriond, photographiée au début du XXe siècle.

Les derniers romantiques tenteront de retrouver sur le coteau, à l’ouest de la Borde envahie par les « buildings », les traces de la rue des Glaciers ainsi nommée à cause de l’apparition, par temps clair, au fond de l’horizon, des neiges du Velan ; peut-être du Combin ?

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Montagibert, dans le quartier des hôpitaux, serait selon le Dictionnaire historique le mont Gusberti (la colline de Gobet, parrain du chalet de même consonance). Pour d’autres, il s’agit du mont de Gerbert, appellation connue en 1225 déjà. La rampe du Bugnon s’applique à un chemin montueux. La rue en pente raide de Marterey ferait allusion à l’emplacement d’un gibet, d’un lieu de torture pour suppliciés. Ah le « bon vieux temps », qu’il en pourrait narrer de sombres histoires !

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Terminons cette ébauche toponymique par l’escalier des Petits-Rochers, coupe-gorge maintenant « civilisé » qui relie la Mercerie à la rue Centrale. Ne pas confondre cette façon d’échelle avec le Signal des Grandes-Roches, terrain miraculeusement préservé (jusqu’à quand ?) du voisinage des Casernes de la Pontaise. De ce Signal, l’œil erre à l’aise sur des premiers plans de verdure puis contemple avec ravissement la nappe et les côtes baignées de lumière du Léman.

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Quant à « Montoie » avec ses rangées de tombes, il désignait au voyageur arrivé de l’ouest, le dernier ressaut à escalader (à « monter ») pour parvenir aux premières maisons de Lausanne.

[Commentaire. Depuis que l’on « roule » la ville, on finit par connaitre que les grandes artères que nos autos utilisent. Une fois devenu piéton, on évite les rues inconnues pour ne pas oublier où est garée l’auto et pour ne pas s’égarer, dans les chemins sans issus ou l’on n’a rien à y faire. Bien des noms de rues, de chemins et de ruelles, nous sont pratiquement inconnus en tant qu’automobiliste. Le visiteur, touriste et curieux, à pieds, trouverons bien des curiosités, mais toujours avec de grandes fatigues, à force de monter et descendre au travers de la ville.]

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