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18 avril 2008 5 18 /04 /avril /2008 14:46

Et après cela, il adressa à la foule silencieuse, et plus recueillie que dans un temple, des exhortations qui, venant d’un homme près de mourir, durent toucher les cœurs les plus durs. Il supplia ses auditeurs de fuir les procès qui sont contraires à l’esprit chrétien et sont une cause de grandes misères. Et avec quelle éloquence il nous reprocha à tous notre peu de religion, notre manque d’attention au service divin o`, trop souvent, on ne va que par habitude et non par réelle dévotion.  Et comme il dit avec indignation leur fait aux ministres indignes qui ne travaillent pas à l’instruction du peuple et sont trop souvent ignorants et de mauvaise conduite ! Il nous engagea à respecter l’ordre dans le service divin et à donner une attention toute particulière au chant par lequel la créature peut exprimer ses sentiments d’adoration. Les étudiants en théologie entendirent à leur tour un appel pressant à prendre au sérieux leur future vocation et à s’y préparer au lieu de dissiper leurs années d’études en amusements coupables. Puis, d’une façon particulièrement émouvante, il supplia ceux qui l’écoutaient de s’acquitter mieux de leur devoir, de mériter par une vie chrétienne l’approbation de leur Créateur « afin que, dit-il, lorsque vous serez à l’article de la mort, comme j’y suis maintenant, vous n’en soyez pas réduits à la craindre. »

Il affirma enfin qu’il ne se plaignait de personne. Ceux qui l’ont arrêté, ceux qui l’ont condamné, ont suivi leurs lumières, comme lui a répondu à l’appel de Dieu. Il termina enfin par ces mots qui, j’en suis sûr, arrachèrent des larmes aux plus endurcis : « Je donne peu de chose pour arriver à un grand bonheur. Quelques années que j’avais encore à vivre ne sont point à comparer avec la félicité dont je vais jouir. Je sens, au-dedans de moi, l’amour de Dieu et son secours qui me soutient dans ces derniers moments après m’avoir conduit et protégé toute ma vie. »

Un silence solennel suivit ce discours qu’aucun de ceux qui l’entendit ne dut jamais oublier. On se sentait véritablement en face d’un serviteur de Dieu, convaincu de la présence et de la toute-puissance de son Seigneur.

A son tour le pasteur de Saussure fit un magnifique et courageux sermon. Certes il blâma l’entreprise de Davel comme contraire à l’obéissance due au souverain. Mais, par contre, comme il loua l’esprit vraiment chrétien de Davel, sa vie irréprochable, sa charité qui se manifestait par des actes et non par des paroles. Il rendit un hommage émouvant et sincère à sa piété. À sa probité, à ses hauts mérites reconnus de tous. Il affirma sa certitude que Dieu accueillerait avec bienveillance cet homme que des juges humains avaient condamné, mais qui avait été un de ses meilleurs serviteurs.

Alors Davel fit ses adieux aux pasteurs qui l’avaient accompagné, il leur serra la main et les remercia. Puis il ôta son habit aussi tranquillement que s’il eût été dans sa chambre et alla s’asseoir sur la chaise fatale. Il écarta lui-même sa chemise sur sa poitrine afin que rien ne vint gêner le bourreau. Une minute plus tard tout était fini !

Il n’y eut pas un cri, pas une acclamation dans la foule qui s’écoula silencieuse et recueillie.

Pour moi, je ne sais comment je regagnai Cully, le même soir, tellement j’étais émotionné et accablé par la douleur. Je fus longtemps malade ; j’avais passé par des heures terribles. Et voici que maintenant que je trace ces lignes, je ressens de nouveau tout mon chagrin me remonter au cœur.

Oui, Davel, cher et noble ami, un jour ce pays qui t’a méconnu et sacrifié, saluera en toi le meilleur et le plus noble de ses enfants ! Quand, devenu digne de cette liberté que tu rêvais de lui donner, le peuple vaudois la conquerra, il se souviendra de toi, l’homme sans peur et sans reproche, qui est mort pour lui.

 

FIN


 

 

 

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