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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 17:19

Texte de : DES CHEMINS D’AUTREFOIS AUX ROUTES D’AUJOURD’HUI, édité par la General Motors Suisse S.A. Bienne, 1956

 

C’est huit ans avant la première autoroute, inaugurée en avril 1964 pour l’Exposition Nationale 64. Une promotion pour de nouvelles routes pour automobilistes nouveaux et pour soulager nos anciennes routes, afin de retrouver toutes les libertés d’autrefois partout dans le pays. Promesses de jours idylliques sur nos autoroutes et dans nos villages retrouvés, selon l’auteur inconnu du texte ci-dessous.


Prédictions, horoscopes, visions d’avenir et romans de science-fiction sont actuellement à l’ordre du jour ; ouvrez un journal, un livre ou une revue illustrée, partout l’humanité vous fait part de son espoir, de ses aspirations, de sa soif d’inconnu, de sa curiosité du lendemain…

Pourtant l’homme de 1956, qui sait réfléchir sans vaine passion, n’a pas besoin d’être « extra-lucide » pour se faire une idée claire de l’avenir des routes suisses : quotidiennement la presse lui offre en pâture des statistiques, des rapports sur le trafic, des prévisions sur son accroissement futur. Il n’ignore pas les nécessités de notre économie et ne peut qu’être douloureusement impressionné par la courbe montante des accidents de la circulation.

Aujourd’hui, au bord de la route, il se tourne vers l’avenir et devine ce qu’il va lui apporter. Il voit déjà le large ruban de l’autoroute de demain qui dessine d’harmonieux méandres sur les collines et dans les vallons du Plateau suisse. Plus de virages masqués, plus de croisements meurtriers, mais à leur place des accès rationnellement établis. Il voit, séparées deux par deux par une bande de verdure quatre pistes larges, sur lesquelles les véhicules les plus rapides dépassent sans risque ceux qui circulent plus lentement et où, la nuit, aucun phare n’éblouit de son dangereux faisceau ni piéton ni cycliste. Il voit l’autoroute qui dirige et distribue le trafic à longue distance ou celui des marchandises dans tout le pays, comme les artères saines et vigoureuses qui irriguent tout l’organisme d’un sang généreux.

Et devant cette image intérieure, le spectateur contemple aussi le réseau des routes locales enfin déchargées, parcourues par un trafic normal, revenues à leur destination première. La population des petites agglomérations respire : dans les villages la rue est rendue à ceux qui y habitent ; les gens et les animaux n’y vivent plus sous une menace perpétuelle : insouciant, le bambin peut retourner seul à la boulangerie ; les vieux peuvent de nouveau prendre place au soleil sur le banc vermoulu et discuter longuement ; la grand-mère, dure d’oreille, les enfants à la sortie de l’école, les véhicules qui vont aux champs ou en reviennent, les troupeaux qu’on abreuve, ne rencontreront plus que les quelques voitures de l’endroit roulant à une allure normale, réglée par les besoins locaux : finies les traversées en trombe des bourgs, les croisements difficiles, les cris, les menaces et la peur…

Le commerçant de Suisse allemande qui doit se rendre d’urgence à l’autre bout du pays emprunte l’autoroute, grâce à laquelle il évite les paisibles villages : sans avoir jamais à craindre la catastrophe, il est libre de rouler à cent kilomètres à l’heure, certain d’arriver à temps à son rendez-vous. Parallèlement à sa route chemine, sans gêne personne, le long cortège des camions et leurs lourdes remorques. Les touristes peuvent librement contempler la beauté des paysages que traverse l’autoroute, admirer les villages et les bourgades enfouis dans les vallons à l’ombre de deux clochers ou de leurs châteaux ; l’automobiliste étranger se sent plus enclin à flâner et à visiter des lieux qu’il devine idylliques que s’il doit constamment rouler sur des routes encombrées, surveiller un trafic désordonné et se faufiler dans d’étroits passages, pour ensuite ne trouver aucun emplacement pour garer sa voiture.

La situation actuelle ne peut plus durer : personne n’est plus sûr de sa vie sur nos routes trop étroites ; et malgré l’indéniable beauté de ses sites, notre pays se voit de plus en plus négligé au profit de ceux qui offrent de meilleures possibilités de circuler.

Nos aïeux, qui disposaient de moins d’argent, de crédits moins importants, de subventions plus faibles, ne se faisaient pourtant pas faute de réaliser de vastes projets : ils ont percé des montagnes, régularisé des cours d’eau, asséché des lacs et des marais, construit des canaux et des routes qui franchissent les cols des Alpes. Ils ne manquaient ni de courage ni d’esprit de sacrifice. Mais nous, quelle attitude sera la nôtre en face de nos héritiers ?

Il faut que prennent fin les luttes mesquines, que les intérêts particuliers s’effacent : le seul bur à atteindre, c’est le bien-être de la communauté. Les moyens financiers existent et avec de la bonne volonté de part et d’autre, le problème de la distribution du terrain et des indemnisations doit certainement pouvoir être résolu.

Il est grand temps que la Suisse adopte à son tour les autoroutes, qu’elle mette en chantier le grand projet, soigneusement étudié et préparé, de la croix routière Genève-Kreuzlingen, Bâle-Chiasso ; nous le devons à nos successeurs, à nos contemporains, mais encore plus à nous-même !

 

Lorsque les Hollandais eurent achevé leur gigantesque digue du Zuydersee, ils gravèrent dans la pierre couronnant le parapet la devise suivante : « Un peuple qui vit édifie son avenir ! » A notre tour, nous autres Suisses, consacrons-nous avec énergie é la construction de routes nouvelles et meilleures, avec une devise analogue :

« Un peuple qui bâtit vit pour son avenir ! »

 

GTell

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