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10 décembre 2014 3 10 /12 /décembre /2014 16:56

 

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Le Glacier d'Aletsch

 

En complément de toutes les infos déjà publiées ici sur le sujet, voici une suite qui finira avantageusement l’histoire de l’ingénieur I. Venetz


   Tout le monde admet actuellement que, à l’âge quartenaire, les glaciers avaient acquis une très grande extension. On leur attribue le transport du terrain et des blocs erratiques, ainsi qu’une large part de l’érosion des vallées et de la formation des lacs. La possession de ces vérités qui ont agrandi le domaine de la science géologique ne suffit pas à notre esprit, nous voulons savoir au prix de quels travaux, et par qui elles ont été conquises, nous voulons suivre l’évolution des théories proposées pour arriver à la solution des problèmes qui se lient à ces grands faits. [A. Falsan : La période glaciaire étudiée principalement en France et en Suisse, Paris, 1889]

 

1. Auteurs anciens : Pendant de longs siècles l’homme en face de la nature surtout dans les Alpes, n’éprouva que des émotions de crainte et de terreur, ou une admiration confuse. Il n’essaya pas d’étudier les phénomènes afin de découvrir leurs causes et leurs lois, il les attribua à l’action mystérieuse d’êtres chimériques. Pour les Grecs, l’Etna était l’entrée des forges de Vulcain, les vents étaient le souffle d’Eole, les galets de la Crau d’Arles, les alluvions de la Durance et du Rhône étaient pour Eschyle et Strabon des cailloux lancés par Hercule ou Jupiter contre un ennemi. Les fées, les génies se sont substitués aux créations mythologiques pendant le Moyen-Age et encore bien plus tard.

 

   Ecole physico-théologique : Dans les œuvres de Bernard Palissy (1580) on trouve des essais de géologie ; le danois Sténon (1669) fit faire des progrès à cette science. Mais il cherchait à concilier ses idées avec les Ecritures Saintes et le récit du déluge mosaïque. Il supposait que les eaux diluviennes provenaient de l’intérieur de la terre où elles s’étaient réfugiées lors de la séparation de la terre et de la mer. De nombreux théologiens italiens, allemands, anglais, français prirent part aux discussions scientifiques.

 

   Théories diluviennes scientifiques : On ne savait pas encore faire la distinction entre les alluvions et le terrain erratique. C’était le charriage des gros blocs qui compliquait la question. On continua à croire que l’agent de transport principal était l’eau. Pour bien situer l’état d’esprit qui régnait au moment où Venetz entreprit son étude, il est utile de résumer les hypothèses émises afin d’expliquer le transport des blocs erratiques ; elles sont présentées et réfutées par de Charpentier. [Jean de CHARPENTIER : Essai sur les glaciers et le terrain erratique du bassin du Rhône, Lausanne 1841, 363 p.]

 

   Dolomieu et Ebel admettent un plan incliné reliant les Alpes au Jura en pente plus ou moins uniforme, sur lequel les blocs erratiques, peut-être secondés par l’eau, auraient glissé. La distribution du terrain erratique et l’insuffisance de la pente s’opposent à cette hypothèse.

 

   Théorie des radeaux de glace chargés de débris, flottant sur une nappe d’eau. La limite des terrains erratiques devrait former une ligne horizontale, or ce n’est pas le cas.

 

   De Luc attribue les terrains erratiques à des explosions de gaz qui les auraient projetés !

 

   De Buch imagine des courants de boue qui auraient pu entraîner les blocs plus facilement.

 

   De Saussure lui-même n’a pas pu se soustraire à l’influence des théories diluviennes. Il crut à une secousse du globe qui aurait entrouvert de grosses cavités dans les Alpes, d’où les eaux auraient entraîné les blocs.

 

   Escher de la Linth adopte l’hypothèse des courants dont il explique l’origine par des lacs occupant les vallées alpines ; les barrières se seraient rompues.  (Mémoire lu à la SHSN* en 1819). L’hypothèse de ces barres à l’entrée des vallées est en opposition avec leur mode de formation.

 

   Elie de Beaumont cherche la cause des courants dans la fonte soudaine des glaciers par l’action de gaz chauds.

 

   On est surpris de constater combien la théorie diluvienne a été défendue avec vigueur et opiniâtreté jusqu’au début du 19e siècle, malgré son insuffisance. La raison de cette attitude doit être cherchée dans le fait que les hommes de science de cette époque se livraient à des spéculations dans leurs cabinets de travail, sans aller examiner les glaciers dans leurs retraites. Ils vivaient encore sous l’influence de la crainte qu’ils inspiraient. Ils les regardaient comme des masses inertes et ne pouvaient comprendre leur force immense comme agent de transport. « Il ne subissaient pas ce charme puissant qui nous attire vers les grands spectacles que la nature offre à notre admiration. On ne ressentait pas encore cet attrait qui, chaque année, appelle de nombreux touristes vers les profondes vallées, les glaciers pleins de mystères et de dangers, ou qui les pousse vers les sommets les plus escarpés ». (A. Falsan).

 

* Société Helvétique des Sciences Naturelles (SHSN)

 

GTell, La vie et l'oeuvre de l'ingénieur Ignace Venetz 1788-1859

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