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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 16:39

Paris, Les Tuileries, fin décembre 1812

L’Empereur est revenu de Russie avec les débris de ce qui fut la Grande Armée. J’étais resté à Paris parce que j’étais malade du foie, mais beaucoup de gens me témoignent de la froideur ou même du mépris. Quand je croise des estropiés, des officiers à qui il manque un bras ou une jambe, j’ai un sentiment de honte. Dieu m’est témoin que si je n’avais pas été malade, j’aurais suivi l’Empereur.

Autour de moi et aux Tuileries, on vante la conduite des vieilles troupes normandes, ardéchoises ou bourguignonnes qui, de Viazma à Smolensk, avaient lutté farouchement, tandis que s’affaissaient Piémontais, Bavarois et les Espagnols de l’armée de Joseph, quand les généraux russes Tchitchagoff et Wittenstein menaçaient la construction du pont sur la Berezina.

Pas une fois, je n’entendis parler des soldats suisses : courage et opiniâtreté étaient toujours du côté français ! On répétait à la Cour les hauts faits de Ney et des « Grenadiers Blancs » qui avaient protégé jusqu’à la mort les sapeurs de la première division qui construisaient le pont. Ces grenadiers avaient tenu, debout sous la neige. Ils étaient morts gelés, et les cavaliers russes qui arrivaient en éclaireurs furent pris de panique en voyant ces hommes debout et raides, si bien que les casaques s’enfuirent.

 Le tambour-major Jean-Pierre Maillard, de Vevey, avec 80 tambours et fifres, manœuvrait sous les balles comme à l’exercice ; le capitaine Rosselet, percé de balles, n’avait plus de compagnie, mais les charges des Suisses sauvèrent l’armée. Le maréchal Saint-Cyr criait « Bravo les Suisses », pourtant le général Marbot qui nous déteste osa dire que les deux régiments suisses s’enfuirent devant les Russes !

La vérité, c’est que le régiment d’Affry parvint à tenir les ponts jusqu’à la dernière minute et que la compagnie Landolt passa la dernière, après dix heures de combat, et coupa le pont de la Duna derrière elle.

Tambour-major, tambour et fifre.

Tambour-major, tambour et fifre.

Quant à la bataille de la Berezina, ce fut pour les Suisses une agonie héroïque. Sept fois de suite, les régiments rouges, pour protéger la retraite, chargèrent sous un orage de fer et de plomb. Enfin, le 29 novembre, ce qui restait de la Grande Armée avait franchi les ponts de la Berezina.

Tous les officiers suisses étaient morts ou blessés, les rares rescapés revinrent dans nos montagnes, mutilés, estropiés ou amputés. Voilà ce que j’appris de la bouche de témoins et aussi des récits authentiques qui me parvinrent de chez nous.

A suivre

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