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30 octobre 2007 2 30 /10 /octobre /2007 16:17
Il s’était donc écoulé trente cinq minutes entre le moment de la « rencontre » et l’arrivée chez les flics. Nous prîmes l’ascenseur jusqu’au cinquième étage. Là, les flics ouvrirent une porte où on pouvait lire « délits majeurs ». Celui qui m’avait empoignée par le bras et s’était ensuite assis à côté de moi dans la VW se présenta : Monsieur Ribi (il fut ensuite chargé de mon affaire). L’inspectrice m’offrit un siège et fouilla le contenu de mon sac à main (un sac de cuir sud-américain), elle vida les poches de ma veste et de mon pantalon – clefs de l’appartement, mouchoirs en papier, permis de conduire, carte d’identité, argent – furent glissés dans un sac en plastique. Puis l’interrogatoire commença. « Nous savons que vous êtes Madame Krause, nous vous connaissons bien et depuis longtemps. Donnez vos date et lieu de naissance ». Jusqu’à ce moment, je n’avais pas ouvert la bouche et je me forçais au silence. Mais j’avais faibli – et ainsi je donnais mon nom et ma date de naissance. Les deux enquêteurs se regardèrent d’un air entendu et le flic dit : « Ah, ah Madame Krause quel plaisir, vous avez donc une voix ! »
 
Dès ce moment, je me concentrai moins sur ce qui m’arrivait que sur moi-même – et je me dis : « Fermer sa gueule ! ». En premier lieu, on me dit que j’étais accusée de transgression de la loi sur les explosifs, et que je devais m’expliquer là-dessus. Je n’avais rien à dire. Ensuite on me posa question sur question : c’était en fait une énumération de tout ce qu’ils savaient. Où avez-vous habité ? Depuis quand êtes-vous en Suisse ? Comment y êtes-vous entrée ? A qui appartient la clef de l’appartement ? Qui sont vos amis ici ? Je n’avais rien à dire. Enfin le flic sortit. Une autre inspectrice entra. Elle m’apostropha : « Déshabillez-vous ». Pendant que j’attendais, nue, elle palpait mes vêtements l’un après l’autre – y compris l’élastique du slip, les talons des chaussures – tout ; elle parlait à sa collègue par-dessus ma tête : « L’autre est bourrée d’argent, elle ne s’asseye pas et n’ouvre pas la bouche ! » Bravo, bravissimo, pensais-je. Je pus me rhabiller, et ensuite le flic revint. Il s’entretint discrètement avec sa collègue pour savoir si on pouvait faire mention de quelque chose comme une tentative de fuite, mais elle dit : « Non on ne peut vraiment pas le dire ». Ensuite le procès-verbal fut établi et ce n’est qu’alors que je compris ce que l’on entendait par « tentative de fuite ». Le gorille voulait mettre en t^te du premier interrogatoire que l’on m’avait attrapée alors que je prenais la fuite. Plus tard j’ai remarqué que c’est typique : dès le début, ils veulent te charger au maximum et ainsi le mérite de t’avoir pincée augmente.
 
Lors de l’établissement du procès-verbal, toutes les questions furent répétées et je fus à nouveau formellement sommée de parler, je dis que je me refusais à toute déclaration. Le procès-verbal fut signé par moi et par les flics. J’appris ensuite que je verrais le Procureur de la confédération le lendemain, et qu’il me révélerait le motif de mon incarcération. Je demandais alors si je pouvais prendre contact avec un avocat. « Vous vous trompez d’endroit » fut la seule réponse.
 
Ensuite ils m’emmenèrent à l’ascenseur et me conduisirent cinq étages plus bas. Puis se fut l’affreux labyrinthe du couloir souterrain qui relie le commissariat à la caserne de police et à la prison. La porte s’ouvrit : on m’enferma dans mon premier trou baptisé cellule. Après avoir bruyamment rabattu le lit, quelqu’un me mit des draps de papier dans les mains et la porte se referma. La lumière s’éteignit. La dernière chose que j’avais vue de mon cachot, était la grande horloge au-dessus de l’entrée. Il était 23 heures. à suivre...
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