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28 mars 2008 5 28 /03 /mars /2008 11:58

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C’est en 1543 que Calvin publie le traité intitulé Advertissement très utile du grand proffit qui reviendroit à la chrestienté s’il se faisoit un inventoir de tous les corps saincts et reliques, qui sont tant en Italie qu’en France, Allemaigne, Hespaigne et aultres royaumes et pays, par M. Jehan Calvin. Son pouvoir s’affermit alors à Genève et des fidèles lui écrivent de toutes parts pour lui demander des conseils. D’après Albert Autin, « c’est sans doute ce contact avec les fidèles de tous pays, - surtout ceux de France, - qui a suggéré à Calvin l’idée non seulement d’écrire un traité en quelque sorte dogmatique, mais d’esquisser une enquête touchant le culte des saints dans les différentes régions, où la Réforme s’implantait. » L’extrait suivant est tiré des pp. 95-97 de Jean Calvin, Traité des reliques suivi de l’Excuse à Messieurs les Nicodémites, introduction et notes de Albert Autin, Paris, 1921, 291 p.

 

Quoique je ne puisse pas faire en ce livret ce que je voudrais bien, car il serait besoin d’avoir registres de toutes parts, pour savoir quelles reliques on dit qu’il y a en chaque lieu, afin d’en faire comparaison. Et lors on connaîtrait que chaque apôtre aurait plus de quatre corps, et chaque saint pour le moins deux ou trois ; autant en serait-il de tout le reste. Bref, quand on aurait amassé un tel monceau, il n’y aurait personne qui ne fût étonné, voyant la moquerie tant sotte et lourde, laquelle néanmoins a pu aveugler toute la terre. Je pensais que puisqu’il n’y a si petite église cathédrale qui n’ait comme une fourmilière d’ossements et autres tels menus fatras, que serait-ce si on assemblait toute la multitude de deux ou trois mille évêchés, de vingt ou trente mille abbayes, de plus de quarante mille couvents, de tant d’églises paroissiales et de chapelles ? mais encore le mieux serait de les visiter et non pas de les nommer seulement ; car on ne les connaît point toutes en les nommant. En cette ville [à Genève], on avait, se disait-on, le temps passé, un bras de saint Antoine :  quand il était déposé dans une chasse, on le baisait et l’adorait ; quand on l’en sortit, on trouva que c’était le membre d’un cerf. Il y avait, au grand autel, de la cervelle de saint Pierre. Aussi longtemps qu’elle était dans une chasse, on n’en faisait nul doute, car c’eût été un blasphème de ne s’en fier au billet [collé sur la chasse]. Mais quand on éplucha le nid et qu’on y regarda de plus près, on trouva que c’était une pierre d’éponge. Je pourrais citer beaucoup de semblables exemples, mais ceux-ci suffiront pour faire comprendre combien on découvrirait d’ordure, si on faisait une bonne fois un examen, partout, de toutes les reliques d’Europe ; surtout, avec prudence, pour savoir discerner. Car plusieurs, en regardant un reliquaire, ferment les yeux par superstition afin, en voyant, de ne voir goutte, c’est-à-dire qu’ils n’osent pas jeter l’œil exprès pour considérer ce que c’est.

 

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