Je vous en ai déjà parlé de cette communauté appelée Anabaptiste qui parti de Suisse, plus précisément des terres bernoises, qui pour se prémunir des persécutions de Berne, a propagé, sans faire de prosélytisme, sa foi dans le monde, jusqu’aux Amériques.
Une anecdote
J’étais dernièrement (écrivait un voyageur à un de ses amis) dans une auberge soleuroise, sur la frontière du canton de Berne, et je vis entrer dans la cuisine une grande fille d’environ 20 ans, d’une physionomie douce et naïve : elle remit à l’hôtesse un panier qu’elle portait au bras, rempli de beurre, de crème et de petits fromages ; puis elle lui dit : vous me donnerez ce qu’il faut. L’hôtesse pèse, calcule en elle-même, et met l’argent dans le mouchoir de la jeune fille, qui sort sans compter : quelques minutes après elle rentre, et dit : mon père est malade et m’a commandé de lui apporter une bouteille de vin : quand elle l’a reçue et mise dans son panier, elle tire son mouchoir de sa poche, défait le nœud, et dit à la même femme, prenez ce qu’il faut : puis elle s’en va. Quand elle fut partie, je demandai à l’hôtesse : qui est donc cette fille si confiante, et qui ne compte ni avec vous, ni après vous ? C’est une Anabaptiste du canton de Berne, me répondit-elle : nous traitons ainsi ; elle ne m’a jamais trompée, et Dieu me préserve de la tromper de mon côté ; car je croirais faire un péché mortel, vu sa bonne foi, dont on ne trouve plus guères d’exemple que chez ces braves gens-là.
Le conservateur Suisse, 1815
