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22 décembre 2014 1 22 /12 /décembre /2014 17:39

 

Arbre-de-la-Liberte.jpg

Arbre de la Liberté, Soleure.

 

   Les sujets de l’abbé de St-Gall eurent plus de chance que les paysans zurichois. Les gens de Gossau et des environs, conduits par l’habile Jean Küenzle, se soulevèrent. L’abbé Bède leur accorda satisfaction sur la plupart des points (1795). Le calme ne dura pas longtemps. Les concessions du maître enhardissaient les sujets et la majorité des conventuels n’approuvait pas l’abbé. Son successeur, l’énergique abbé Pancrace, montra dès le premier jour la ferme volonté de maintenir les droits de suzeraineté du couvent ; un nouveau soulèvement éclata. Prince et sujets s’adressèrent alors aux cantons protecteurs du couvent (Zurich, Lucerne, Schwyz et Glaris) qui accordèrent aux sujets une constitution qui comblait leurs vœux. L’abbé se soumit à contre-cœur aux décisions des protecteurs (1797).

 

   La Valteline haïssait depuis longtemps ses maîtres, les Grisons, et sa volonté d’être libre s’affirmait chaque jour plus forte. Or, comme le général Bonaparte venait de fonder la République cisalpine dans la Haute-Italie, les Valtelins le prièrent de les annexer à ce nouvel Etat. Bonaparte garda tout d’abord une attitude réservée et laissa aux Grisons le temps de gagner la confiance de leurs sujets révoltés en leur accordant l’égalité de droits qu’ils réclamaient. Mais, comme ils ne parvenaient pas à s’entendre sur les concessions à faire, Bonaparte déclara « qu’un peuple ne pouvait pas être sujet d’un autre peuple sans violer les principes du droit public et naturel », et invita les gens de Bormio, de Chiavenna et de la Valteline à s’agréger à la République cisalpine. Ils le firent avec joie (1797). En Suisse, où régnait une vraie torpeur politique, où l’on ne voyait pas venir le danger, on ne s’émut pas de la perte des fertiles territoires qui constituaient cependant la clef des passages des Alpes orientales et une excellente frontière stratégique. La Confédération ne leva pas un homme pour les défendre ; ils furent perdus à jamais.

 

   Par contre, les émissaires de Bonaparte ne réussirent pas à détacher les baillages tessinois de la Suisse pour les incorporer à la République cisalpine. Au dernier moment, la Confédération les déclara libres ; ils furent ainsi conservés à la Suisse. Au même moment, le parti révolutionnaire avait repris le dessus à Genève et les agents du Directoire, principalement Desportes, poussaient la ville à s’unir à la France ; elle fut annexée l’année suivante (1798).

 

à suivre...

 

GTell, Histoire de la Suisse,

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21 décembre 2014 7 21 /12 /décembre /2014 18:35

 

Prélude du bouleversement de la Confédération

 

   Car les gouvernements cantonaux ne surent tirer aucune leçon, de 1789 à 1797, des bouleversements qui s’étaient produit en France. Comme tous les pouvoirs établis de l’ancien régime, ils croyaient que la Révolution ne serait que passagère, ils escomptaient la victoire de la coalition et certains d’entre eux soutenaient secrètement la contre-révolution. Ils se refusèrent donc à modifier les anciennes constitutions et à resserrer le lien fédéral. Toutes les tentatives de rénovation furent étouffées, et le peuple, maintenu dans l’obéissance.

 

   Mais l’exemple de la France était contagieux ; le mécontentement grandissait ; un parti révolutionnaire se formait dans les campagnes, lasses des charges féodales, et dans les bourgeoisies, exaspérées par l’oligarchie. Toutefois, la masse du peuple, contente de vivre en paix dans l’Europe en feu, était encore tranquille, et les « patriotes » (c’était le nom des partisans de la révolution) remettaient par prudence au lendemain de la paix l’exécution de leurs plans. Il n’y eut que des soulèvements locaux dont l’importance varia suivant les lieux. Ils furent réprimés, et tout resta en l’état jusqu’au jour où l’action diplomatique et militaire de la France vint seconder les efforts du parti révolutionnaire suisse.

 

   Le premier soulèvement se produisit en 1790 dans le Bas-Valais qui voulait s’affranchir de la domination des Haut-Valaisans ; le gouvernement l’étouffa. L’année suivante, le mécontentement se fit jour dans le Pays de Vaud contre la domination bernoise. Il n’y eut pas de révolte proprement dite, mais à Lausanne et à Rolle, on célébra par des banquets, des chants et des danses l’anniversaire de la prise de la Bastille (14 juillet). [Voir aussi les articles, A propos d’archives, les Bourla-Papey] On s’oublia jusqu’à crier : « Les aristocrates à la lanterne ! » Leurs Excellences, pour ôter aux Vaudois le goût de leurs grimaces démocratiques, ainsi que l’écrivait le conseiller bernois Frisching, firent occuper le Pays de Vaud par 2000 hommes et 60 canons. Les représentants des communes vaudoises durent faire, tête nue, amande honorable, au château de Lausanne. Les esprits fermentaient aussi dans l’évêché de Bâle. Le prince-évêque demanda du secours à l’Empereur, qui lui envoya des troupes. La guerre ayant éclaté sur ces entrefaites entre la France et l’Autriche, les troupes françaises occupèrent le Porrentruy ; la « République rauracienne » [1] fut proclamée (1792). L’année suivante, la Convention incorpora le Porrentruy à la France après un semblant de consultation populaire et en fit le « département du Mont-Terrible ». En même temps que la France occupait la Savoie (1792), elle tenta de s’emparer de Genève où des révolutionnaires firent régner la terreur et frappèrent les riches de lourdes taxes. Des troupes bernoises et zurichoises occupèrent la ville, puis se retirèrent lorsque les Français en firent autant ; l’annexion en fut retardée de quelques années.

 

Chateau_Ptruy_site_vile.jpg

Château de Porrentruy

 

   Au canton de Zurich, les villageois riverains du lac furent les premiers à réclamer des réformes. Quelques hommes de Staefa présentèrent au gouvernement un « mémorial » dans lequel ils avaient rassemblé les plus importants griefs des populations rurales. Ils rappelaient les franchises que le gouvernement avait lui-même accordées au commerce et à l’industrie au profit de la capitale, et ils demandaient une constitution et l’égalité des conditions. Des copies du «mémorial de Staefa » furent répandues dans le peuple et discutées dans les assemblées populaires. Lorsque le Conseil en eut connaissance, il eut peur d’une révolte et fit arrêter et condamner sévèrement l’auteur du mémorial et quelques suspects. Les paysans ne se laissèrent pas intimider. Ils se hâtèrent de rechercher leurs anciennes lettres de franchises, trouvèrent des copies de la « lettre de Waldmann » et de la « lettre de Cappel » et demandèrent au gouvernement si ces documents valaient encore quelque chose. Le Conseil de Zurich les envoya sans ménagements et cita à comparaître une foule de personnes. Elles firent défaut, et des troubles éclatèrent dans les communes riveraines du lac ; le gouvernement fit alors occuper Staefa et désarmer les habitants. Une longue et difficile enquête fut instruite et aboutit à de sévères condamnations ; plus de 250 personnes furent condamnées à l’amande, aux travaux forcés, au pilori. Jacob Bodmer, trésorier de Staefa, fut conduit à l’échafaud ; le bourreau dut brandir le glaive au-dessus de la tête du vieillard, qui fut envoyé ensuite au bagne avec d’autres chefs de l’insurrection (1795).

 

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_rauracienne

 

 

GTell, Histoire de la Suisse, L.Suter et G. Castella

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20 décembre 2014 6 20 /12 /décembre /2014 17:10

 

Garde-Suisse.jpg   Le parti républicain, résolu à obtenir la déchéance du roi, avait décidé un coup de force. Le 10 août, de bon matin, des milliers d’hommes armés – populace parisienne et fédérés marseillais – envahirent les alentours des Tuileries. La seule troupe sur laquelle le roi pouvait compter était la Garde Suisse, forte de 1100 hommes environ. Officiers et soldats n’avaient tous qu’une pensée : sauver le roi ou tomber avec lui. Tandis que le faible Louis XVI cherchait un asile avec sa famille au sein de l’Assemblée nationale, les Suisses restèrent à leur poste. On les exhorta à se rendre ; ils refusèrent. Le capitaine Dürler, de Lucerne, répondit : « Je me croirais déshonoré de me rendre. Je suis responsable de ma conduite envers les cantons mes supérieurs et jamais je ne déposerai les armes ». Le fourrier Blaser répondit fièrement au nom de ses compagnons d’armes : « Nous sommes Suisses et les Suisses ne rendent les armes qu’avec la vie ! » Un Maillardoz, de Fribourg, un Bachmann, de Glaris, et tant d’autres, étaient de la même trempe.

 

   Dans des circonstances qui restent mal connues, éclata une violente fusillade. Sectionnaires et fédérés durent se retirer en désordre malgré leur nombre et leur artillerie. Après un combat d’environ deux heures, les munitions des Suisses vinrent à manquer.

 

   Le château des Tuileries était forcé lorsque le roi fit porter aux Suisses l’ordre de cesser le feu et de se retirer dans leurs casernes. Un détachement réussit à se frayer passage jusqu’à la salle de l’Assemblée législative où se trouvait le roi, et obligé de déposer les armes, fut livré aux fureurs de la foule. Le reste soutint un combat désespéré jusqu’à ce que toute résistance fût devenue impossible.

 

   Environ 786 Suisses périrent dans cette sanglante journée où sonna le glas de la monarchie française. Un certain nombre de ceux qui avaient été faits prisonniers furent massacrés au mois de septembre ; un officier de la garde nationale réussit toutefois à en sauver plus de deux cents en les faisant incorporer dans les bataillons de Paris.

 

   Le drame du 10 août modifiait la situation de la Suisse. Elle s’était déclarée neutre au printemps de la même année lorsque la France était entrée en guerre contre l’Empire. La France révolutionnaire ne devenait-elle pas maintenant une ennemie ? Plusieurs cantons, tels que Berne, Fribourg et Soleure, manifestaient des sentiments belliqueux. L’ambassadeur de France, Barthélemy, qui était royaliste, s’efforça d’apaiser les cantons. La Suisse, divisée contre elle-même, se contenta de rompre les relations diplomatiques. Barthélemy avait vu juste lorsqu’il écrivait à son gouvernement que les Suisses, tout irrités qu’ils fussent, n’entreraient pas en campagne : « le vœu secret de la grande majorité des cantons est de se tenir jusqu’à la dernière extrémité à la neutralité ».

 

   Pendant les pires années de la Révolution, au temps de la dictature jacobine, la Suisse ne fut pas inquiétée. La France avait fort à faire à se défendre et se procurait, par l’intermédiaire et pour le plus grand profit de la Suisse neutre, certaines denrées qui lui manquaient. Après les victoires de la France, la paix de Bâle avec la Prusse et l’Espagne (1795), la conquête de la Lombardie, et la paix de Campo-Formio avec l’Autriche (1797), la position de la Suisse changea. Son territoire devait, dès lors, assurer à la France de bonnes communications avec la République cisalpine. Par conséquent, le Directoire allait s’efforcer de promouvoir dans notre pays l’établissement d’un régime qui lui donnât toutes les garanties désirables.

 

   Entre temps, la propagande révolutionnaire, l’exemple de la France et les vices de l’ancien régime allaient porter leurs fruits.

 

A suivre...

 

GTell, Histoire de la Suisse, L. Suter et G. Castella

 

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19 décembre 2014 5 19 /12 /décembre /2014 18:04

 

L-assaut-des-Tuileries.jpg

L'assaut des Tuileries le 10 août 1792.

tableau de Duplessis Bertaux. (Palais de Versailles)

 

L’héroïque défense de la Garde Suisse à Paris.

 

   A partir de 1789, la Révolution française domina la politique européenne. « En Suisse, écrit Johannes Dierauer (historien), l’impression produite par la Révolution française fut, dès le début, d’autant plus vive que la France exerçait depuis des siècles une influence dominante, fortement établie, et que ces graves événements y touchaient des intérêts sans nombre, publics et privés. Les nouvelles théories politiques se répandirent irrésistiblement de ce côté du Jura dans les pays suisses et exercèrent aussitôt une action dissolvante sur l’état de choses existant et sur les notions traditionnelles. » Jusqu’à la chute de la royauté, les intérêts de la monarchie et ceux des gouvernements des cantons furent solidaires. Mais tandis qu’en France commençait le règne des assemblées parlementaires - ou plutôt des clubs qui les dominaient-, les cantons s’efforçaient encore de lutter contre la diffusion des idées révolutionnaires qui menaçaient les oligarchies.

 

   Un centre de propagande existait à Paris depuis 1790 : la Société des Patriotes suisses ou Club helvétique. Des Fribourgeois, des Vaudois et des Genevois, bannis de leurs cantons, lors des soulèvements contre les patriciats, y jouèrent le rôle principal. Ils répandirent des libelles en Suisse et firent de la propagande dans les régiments capitulés au service de France afin de préparer la révolution dans les cantons. En 1790, le régiment suisse de Château-vieux prit part à une révolte militaire qui éclata à Nancy. Le club ne fut pas supprimé, malgré les requêtes des oligarques, mais disparut l’année suivante, faute d’argent.

 

   L’année 1792 vit se produire des événements considérables : la déclaration de guerre de la France à l’Empire et la chute de la royauté. La « guerre aux rois » menaçait le territoire suisse et surtout celui de Bâle ; les Français étaient déjà entrés dans le Porrentruy, qui faisait partie de l’évêché de Bâle. La Diète fit donc occuper Bâle. Au même moment, Genève, menacée par la France, demanda à être mise au bénéfice de la neutralité suisse ; la Diète se rendit à son vœu.

 

   Nos miliciens qui montaient la garde sur le Rhin n’eurent pas un service bien dangereux. Il n’en fut pas de même des Gardes suisses qui tombèrent en héros, le 10 août 1792, fidèles à leur serment, sur les marches d’un trône dont ils furent les derniers soutiens.

 

À suivre…

 

GTell, Histoire de la Suisse, L. Suter et G. Castella

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18 décembre 2014 4 18 /12 /décembre /2014 17:09

 

CONCLUSION

 

   Comme montagnard Venetz a été en contact avec les phénomènes de la nature depuis ses jeunes années. Tant de questions se posèrent à sa jeune intelligence, c’est sur les pentes de Visperterminen qu’il apprit à observer et qu’il puisa cet attrait pour la nature et les sciences naturelles. Toute sa vie en a été pénétrée ; tout l’intéresse, la glaciologie, la climatologie, l’hydrologie, les roches, la botanique, l’entomologie, la conchyliologie. Formé avant tout par le contact avec la nature, il est devenu un homme de science alliant la recherche scientifique désintéressée avec la réalisation de problèmes d’ordre pratique. N’entreprenant un travail qu’après une étude approfondie, il le poursuit avec un courage parfois héroïque. On pense à ses séjours au glacier de Giétroz sous la menace constante des chutes de glace, d’avalanches et de pierres. Humble et modeste, il se méfie de lui-même, et fait appel aux lumières d’autres hommes de science, en particulier aux membres de la SHSN dont il fait partie. Sa confiance est bien récompensée, on l’encourage, on guide ses efforts, on le défend lorsqu’il est attaqué dans le domaine scientifique, on publie ses travaux.

 

   Au centre de ses occupations professionnelles il place un sujet de science pure. La grande extension des glaciers entre 1812-1820 frappait les hommes de science, ils se demandaient si le climat général des Alpes n’était pas en train de se détériorer. Venetz cherche, rien ne lui parait plus propre à éclairer cette question que l’augmentation ou la diminution des glaciers qui traduit les variations de la température. Il va concentrer le meilleur de sa pensée sur ce point et cela pendant toute sa longue vie. Comme sa constance et sa ténacité dans l’effort furent bien récompensées !

   A une époque où les réalisations relevant des sciences de la nature sont si importantes pour le Valais, ne serait-il pas opportun que, dans la formation de notre jeunesse valaisanne, on fasse une large part à l’exposé de la vie et l’œuvre de Venetz, et qu’on le présente comme un modèle.

 

Ignace Mariétan – La vie et l’œuvre de l’ingénieur Ignace Venetz 1788-1859

 

Pour en savoir plus sur la seule matière première du pays : http://www.steinechse.ch/__temp/KiesHer.pdf

 

Sur les terrains glaciaires :

http://www.vd.ch/fileadmin/user_upload/themes/environnement/sol/fichiers_pdf/Fiche_sol_12_terrains_glaciaires.pdf 

 

Les dépôts glaciaires : http://www.unifr.ch/geoscience/geographie/ssgmfiches/glacier/2301.php

 

Plus :

 http://www.glaciers-climat.com/index.php?option=com_content&view=article&id=58&Itemid=43

 

Du même site, une série de photos qui nous montrent, sur 150 ans l’évolution des glaciers, tous en recules. http://www.glaciers-climat.com/galerie-photos/view/3.html

 

 

GTell, Internet, Ignace Mariétan - La vie et l'oeuvre de l'ingénieur Ignace Venetz 1788-1859

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17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 17:04

 

5. Importance de la découverte de la théorie glaciaire :

 

   La découverte de la théorie glaciaire, l’une des plus grandes de la géologie du 19e siècle, est bien le plus beau titre de gloire de Venetz. Dans la littérature géologique les auteurs, pour la plupart, l’ont bien mise en évidence M. H. Onde en particulier et aussi Albert Heim, on l’a parfois attribuée à de Charpentier et à Agassiz, passant sous silence le nom de Venetz.

 

   D’aucuns penseront peut-être que nous exagérons son importance. Il est certain qu’elle a provoqué une grande activité chez les géologues. Leurs travaux se sont continués jusqu’à nos jours et se poursuivent encore : Observations sur l’enneigement et la variation des glaciers, étude de la constitution de la glace comme au Jungfraujoch, détermination de l’épaisseur des glaciers par les méthodes sismiques et thermiques, mesure  de leur fusion superficielle et de leur mouvement, température à l’intérieur de la glace, condensations de la vapeur d’eau sur la glace, mesure des précipitations en haute montagne, limite des neiges persistantes, plasticité de la glace sous pression, étudiée spécialement dans une longue galerie au glacier de Z’Mutt, phénomène au centre des études de physique et mécanique glaciaires, études au glacier d’Aletsch par P. Kasser et A. Renaud, étude des terrasses morainiques du Valais par Heinz Eggers, etc.

 

   On se trouve aujourd’hui (1940) en possession de connaissances de plus en plus détaillées et précises dont les applications pratiques jouent un grand rôle depuis que les glaciers ont pris tant d’importance dans les aménagements hydro-électriques. Ce sont eux qui ont créé ces « verrous » indispensables pour assoir les barrages, ainsi que ces lacs de surcreusement qui, mêmes comblés d’alluvions, restent si favorables pour accumuler de gros volumes d’eau. Importance aussi pour la connaissance des formes du paysage, ce sont eux qui pour une large part ont modelé la forme des vallées et des terrasses, lieux d’élection pour les établissements humains ; en définitive ils ont laissé les marques de leur passage sur la plus grande partie de notre territoire.

 

   Influence de premier plan aussi au point de vue agricole pour la connaissance et l’utilisation des terrains car les débris de roches qu’ils ont disséminés sur tous les versants de la vallée du Rhône leur donnent une grande variété de composition, et, s’ils sont bien utilisés, une grande fertilité.

 

   Rôle important aussi sur la création de l’alpinisme et du tourisme qui, au début, s’identifiait avec l’histoire naturelle.

 

 

DERNIERES ANNEES

 

   Dans les années 1840 à 1842, Venetz est chargé de faire des études pour rendre carrossable la route du Gd St-Bernard, spécialement depuis la cantine de Proz à l’Hospice. Dès 1851, il doit s’occuper d’étudier la route carrossable devant relier la cantine de Proz à l’entrée du tunnel de Menouve. Il participe à l’exploration des lieux prévus pour les tracés proposés (Ferret, Gd St-Bernard et Menouve) et fait des études très détaillées sur tous les problèmes complexes qui se posent. Il présente plusieurs plans des routes d’accès au tunnel. Le tunnel de Menouve avait été commencé sur les versants italien et valaisan du col par le même entrepreneur sarde, qui recevait fr. 8.50 par m3, alors que le travail lui coûtait fr. 18.50 par m3. On y travailla pendant tout un hiver. On se rendit compte des inconvénients de l’enneigement, surtout sur le versant valaisan exposé au nord. Les travaux furent arrêtés. On étudia encore un projet plus bas avec 3 voies d’accès, puis ce fut l’abandon, l’intérêt se porta sur le Simplon.

 

   Au printemps 1855 une interpellation de la Commission de gestion du Grand Conseil demande des renseignements sur le fait qu’on emploie 3 ingénieurs au lieu des 2 prévus qui sont de Quartéry et de Torrenté. Le Grand Conseil répond que les études de Menouve ont obligé le Gouvernement à donner des travaux à Venetz, père, mais que ces études sont terminées.

 

   Rentré au Valais, Venetz fut de 1856 à 1858 ingénieur avec son fils à la ligne d’Italie, ils touchaient chacun fr. 400.- par mois. En 1858, les communes de Riddes et de Saxon résolurent d’opérer le colmatage de certains terrains avec l’eau du Rhône. Venetz établit le plan des travaux.

 

   C’est en visitant les marais de la plaine en février qu’il contracta la maladie qui devait amener sa mort le 20 avril 1859.

 

...

 

GTell, La vie et l'oeuvre de l'ingénieur Ignace Venetz 1788-1859

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16 décembre 2014 2 16 /12 /décembre /2014 18:28

 

4. Analyse du mémoire d’I. Venetz sur l’extension des anciens glaciers

 

   La commission de rédaction de la SHSN introduit ainsi ce Mémoire : « Le présent mémoire de la main de M. l’ingénieur Venetz, père, est une œuvre posthume et ne paraît ni terminé, ni même complet dans les parties existantes. Malgré ces défectuosités, la Commission de rédaction a cru agir suivant les intentions de la société générale en l’admettant dans ses publications. Elle s’est surtout laissé guider par deux motifs : d’abord, par un sentiment de piété envers le fondateur de la belle théorie des transports erratiques, laquelle, comme peu d’autres, a acquis droit de bourgeoisie en géologie et a servi de point de départ à une quantité d’autres recherches importantes ; en second lieu, parce qu’il est toujours intéressant, même à un degré plus avancé de la science, de connaître l’ensemble des idées d’un homme, qui a passé sa vie au milieu des grands phénomènes qu’il décrit et en a fait un sujet constant de recherches et de méditations. En effet, comme au début de sa carrière, I. Venetz se fit connaître au monde savant par son travail sur les anciennes moraines, de même, à la fin d’une longue vie vouée à une activité pratique, il revient à son sujet favori et résume dans le travail présent l’ensemble de toutes ses observations. Certes, la voix d’un aussi fidèle disciple de la science a droit à se faire entendre ».

 

   Venetz commence par faire l’historique de ses premières recherches sur les glaciers suivant les indications de la SHSN. Il réfute la théorie de certains géologues qui attribuent encore le transport des terrains erratiques à de violents courants boueux. Puis il reproduit la description donnée par Charpentier du gros bloc erratique de Valère. Il est situé sur le bord d’un précipice, reposant sur 4 points ; l’un est un petit bloc de roche cristalline, le second et le 3ème des fragments détachés de la roche sous-jacente, le 4ème la roche en place. Le grand bloc est calcaire, son diamètre mesure environ 10 pieds, il est fendu dans toute sa hauteur. Venetz explique comment il a dû prendre cette position. Lorsqu’un glacier rencontre un monticule de roc dans son mouvement progressif, il se relève contre cet obstacle et se crevasse. Le glacier de Fiesch nous en donne un excellent exemple : vers son extrémité inférieure, il rencontre un rocher saillant qui le partage en deux. Ainsi, à Sion, lorsque le glacier du Rhône rencontrait la colline de Valère, il s’est soulevé pour passer par-dessus. La petite pierre est tombée la première dans une crevasse, et le gros bloc a suivi. La violence du choc a détaché deux fragments de la roche en place et l’a fendu. Le tout s’est trouvé coincé dans la crevasse d’où cette position. Sur l’initiative du Club alpin suisse ce bloc a été dédié à Venetz en 1868, avec l’inscription : I. Venetz 1821.

 

   Dans la première partie de ce mémoire Venetz dit clairement que jusqu’en 1829 il s’est attaché à chercher les limites de l’extrême extension des glaciers anciens, il a relevé la présence des terrains erratiques depuis le sommet des vallées, à travers la vallée du Rhône et le Plateau suisse jusqu’au Jura. La conclusion fut sa persuasion que tous ces terrains avaient été transportés par une immense extension des glaciers.

 

   Ce point étant acquis, Venetz continue à observer ces terrains, à en découvrir encore. Un problème nouveau se présente à son esprit : celui de la multiplicité des extensions glaciaires. Il fait l’objet de la deuxième partie de son mémoire. Dans le Jura, il voit des blocs isolés de roches alpines dépassant les sommets de la chaîne, d’où l’idée d’une très vaste extension. Puis de longues moraines au Chasseron, au Suchet, au Mt-Tendre. On voit là une ébauche des deux périodes Rissienne et Würmienne établies par Penck et Brückner en 1909. Venetz les réunit en une seule dans son mémoire.

 

   La deuxième extension est celle où le glacier du Rhône occupait encore les bassins du Léman et du lac de Neuchâtel. Dans le canton de Vaud, le terrain erratique de cette époque est fréquent sur les villages de Gryon, Huemoz, Corbeyrier, à Lausanne où la rue de Bourg est bâtie sur une moraine qui se prolonge jusqu’à Ecublens.

 

   La troisième extension est celle où le glacier du Rhône est arrivé jusqu’à Noville. Venetz croit que les collines entre Chessel et Noville sont des moraines du glacier du Rhône, Morlot et Troyon les attribuent à l’éboulement du Tauredunum*. http://fr.wikipedia.org/wiki/Tauredunum Cette supposition offre quelque probabilité, dit Venetz, ajoutant n’avoir pas eu l’occasion d’examiner cette question de plus près. On objectera, dit-il, que ces monticules ne contiennent pas de pierres du Valais. Mais il s’en trouve à Vouvry, à une distance de 1600 m. de Chessel. Une moraine latérale du glacier du Rhône est sous Yvorne, près d’Aigle, sous le hameau de Chiez. Des blocs de granite se trouvent sur la colline de St-Triphon et du Montet. Du côté du Valais, les vestiges de cette extension sont nombreux : moraine de Monthey-Choex-Daviaz-Mex et vis-à-vis d’outre-Rhône, puis à Ravoire, au lac de Champex, à Plan-y-Bœuf sur Orsières.

   Les glaciers de la quatrième période ont précédé les temps historiques, ils ont laissé de nombreuses moraines très visibles dans toutes les vallées latérales du Valais. Le glacier du Rhône venait jusqu’à Obergestelen, celui de Fiesch a formé la superbe moraine sous Bellwald, ceux de Saas ont transporté des blocs de gabbro et de serpentine vers Grund. Le village de Trient est sur une moraine terminale de celui du Trient.

 

   Les moraines et les blocs que Venetz a interprétés comme étant des preuves de 4 périodes glaciaires ont été déposés lors de l’extension des glaciers Würmiens. Elles représentent des stades de retrait, c’est-à-dire des périodes où le glacier a séjourné longuement. Ce sont les stades de Acken, indiscernable dans la vallée du Rhône, Bühl à Monthey-Daviaz, Gschnitz à Orsières-Euseigne, Daun à Obergesteln. Venetz a entrevu ces phénomènes sans en trouver l’explication exacte, pourtant dans un passage de son mémoire il dit : « en Valais, ces accumulations de moraines doivent être attribuées à des oscillations éprouvées par le glacier ».

 

   Ce fut Karl-Adolf Morlot, professeur à l’Académie de Lausanne qui, par des observations précises, confirma les vues de Venetz. Son étude de 1858 sur les dépôts de la Dranse du Chablais prouva que l’alluvion ancienne des auteurs s’intercale entre une moraine rissienne et une moraine würmienne. H. Onde écrit que « cette découverte mémorable peut être regardée comme la première affirmation de la chronologie glaciaire, développée et rendue classique par Penk et Brückner ».

 

   La troisième partie du mémoire de Venetz analyse les travaux de Ch. Martins et de Gastodi pour la vallée du Pô, et ceux de Desor pour le nord de l’Europe et l’Amérique.

 

   Ce fut sans doute une joie profonde pour Venetz, de voir, au soir de sa vie, sa théorie se répandre ainsi et susciter tant de travaux.

 

...

 

GTell, La vie et l'oeuvre de l'ingénieur Ignace Venetz.

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15 décembre 2014 1 15 /12 /décembre /2014 16:54

 

Lourtier.jpg

Lourtier

 

   Les résultats de ces études sont consignés dans des ouvrages devenus classiques.

 

   Les progrès de la théorie glaciaire continuèrent en Suisse : Ch. Dufour et F.-A. Forel étudient la condensation de la vapeur d’eau sur le glacier du Rhône. En 1874, la commission suisse des glaciers organisa une étude systématique longuement poursuivie de l’écoulement du glacier du Rhône. De nombreux auteurs s’attachèrent à l’étude des glaciers, citons A. Favre, O. Heer, Jaccard, Renevier, Mortillet, Ch. Martins. Puis les progrès de la glaciologie gagnèrent la France par la Savoie. Le pasteur André-César Bordier, de Genève, et Mgr. Rendu, sans pouvoir faire d’observations systématiques, ont reconnu que le mouvement des glaciers était dû à la gravité, et à la plasticité de la glace. Puis ce sont les Alpes provençales et maritimes, le Vivarais, l’Auvergne, le Morvan, les Vosges, les Pyrénées, le Jura. L’élan pour les études glaciaires continue à se répandre sur le versant italien des Alpes avant de gagner le nord de l’Allemagne, de la Hollande, de la Suède, de la Norvège, des Iles Britanniques, de la Russie et enfin de l’Amérique du nord et de l’Asie. Partout on étudia les terrains erratiques selon les données de Venetz, répandues par Charpentier. Bien vite on découvrit les preuves de la grande extension quaternaire des glaciers.

 

   C’est probablement pendant que Venetz travaillait au Giétroz qu’il rencontra Perraudin de Lourtier, qui lui dit que les petits glaciers de Sévereu, de Louvie, de la Chaux de Sarreyer avaient des moraines à une lieue en avant de la glace actuelle, et aussi que les chalets situés près du glacier de Corbassière sont sur des moraines. Ces indications n’ont certainement rien appris de nouveau à Venetz, qui était au courant de ces phénomènes, ayant visité des glaciers depuis 1811.

 

   Dans son Essai Charpentier rapporte aussi une conversation avec Perraudin en 1815. « Les glaciers de nos montagnes, dit-il, ont eu jadis une plus grande extension qu’aujourd’hui. Toute notre vallée jusqu’à une grande hauteur a été occupée par un vaste glacier, qui se prolongeait jusqu’à Martigny, comme le prouvent les blocs de roche qu’on trouve dans les environs de cette ville, et qui sont trop gros pour que l’eau ait pu les amener ». Charpentier trouva cette hypothèse si extraordinaire, extravagante même, qu’il ne jugea pas qu’elle valut la peine d’être méditée et prise en considération. Perraudin avait aussi observé des stries sur les roches, il y voyait une preuve du passage des glaciers. [FOREL, PERRAUDIN, le précurseur glaciaire, Eglogae Geol. Helvetiae, VI, 1899.]

 

   En 1834, Charpentier se rendant à Lucerne pour présenter un mémoire à la Session de la SHSN, en faveur de l’hypothèse de Venetz, fut accompagné sur la route du Brünig par un bûcheron de Meinringen. Voyant Charpentier examiner un bloc de granite au bord du chemin, il lui dit : « ces pierres viennent du Grimsel, c’est le glacier qui les amènes, il s’est étendu jadis jusqu’à Berne. »

 

   On cite des réflexions semblables de paysans de Chamonix.

 

   Les habitants de Fiesch dans la vallée de Conches, disaient que leur glacier s’était étendu jusqu’au village et même jusqu’à Brig, près de Lax. Ils avaient distingué l’énorme moraine de Bodmen.

 

   Des montagnards avaient donc entrevu une certaine extension locale des glaciers, mais sans avoir jamais soupçonné leur extension générale comme certains historiens, peu au courant de la géologie, l’ont affirmé.

 

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GTell, La vie et l'oeuvre de l'ingénieur Ignace Venetz 1788-1859

 

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14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 16:43

 

   Agassiz, naturaliste neuchâtelois, n’admettait pas l’hypothèse de Venetz. Dans le but de se documenter sur les faits indiqués, il vint passer 6 semaines dans le voisinage de Charpentier en 1836, pour être à la portée des lieux où on peut le mieux étudier les glaciers et le terrain erratique. Ayant été appelé à la présidence de la SHSN réunie à Neuchâtel en 1837. Il traita ce sujet dans son discours d’ouverture. Il faut croire qu’il n’avait pas été convaincu par les faits observés dans la vallée du Rhône, car il admet que les glaciers s’étaient déjà développés avant la formation des Alpes, et il suppose un plan incliné de glace sur lequel les blocs erratiques auraient glissé des Alpes au Jura.

 

   En 1839, Agassiz avec Desor, Studer et d’autres firent à Zermatt une excursion de cinq jours. Le glacier du Gorner était alors en crue, il bouleversait les prairies d’Arolit à environ 2 km du village. Tout cet ensemble grandiose de glaciers fit une profonde impression sur ces savants venus pour les interroger sur leur nature intime, et sur le rôle qu’ils ont joué dans l’histoire de la terre. Agassiz et Studer furent convertis aux idées nouvelles de Venetz, c’était la fin d’une controverse.

 

   À la session de Lucerne de la SHSN, de Charpentier lut une notice montrant l’identité qui existe entre les roches polies, striées, moutonnées, couvertes de débris erratiques, et les roches qu’on voit près des glaciers actuels. Il attribuait au soulèvement des Alpes le refroidissement du climat qui avait permis aux glaciers d’envahir la Suisse. En 1841 il publia son « Essai sur les glaciers et le terrain erratique du bassin du Rhône », ouvrage capital, qui fit connaître la théorie glaciaire de Venetz et en assura le succès.

 

   Sans doute ce triomphe ne fut pas paisiblement assuré, certains diluvianistes restaient toujours disposés à la lutte, d’autres imaginèrent des théories mixtes en combinant l’action de l’eau et de la glace. Mais l’élan était donné, de nombreux géologues se livrèrent à des remarquables études. Agassiz organisa plusieurs campagnes au glacier de l’Aar inférieur avec Desor, Vogt, Nicolet, Coulon, Portalès, Dollfus-Ausset, de 1840 à 1846. Afin d’observer avec plus de suite toutes les modifications de sa surface et de se porter facilement dans toutes les directions, ils aménagèrent un gîte sur le glacier même, sous un gros bloc de la moraine médiane auquel ils donnèrent le nom d’Hôtel des Neuchâtelois. Quel joyeux enthousiasme scientifique ces hommes ont vécu là-haut !

 

   Venetz et Charpentier avaient concentré leurs efforts sur la théorie glaciaire proprement dite, mais s’étaient assez peu occupés de la structure et du mécanisme des glaciers. Il leur avait manqué des observations prolongées et suivies dans la haute montagne. Agassiz et son équipe poursuivent leurs études pendant des campagnes de plusieurs semaines échelonnées sur plusieurs années consécutives. M. Henri Onde, Directeur de l’Institut de Géographie de l’Université de Lausanne insiste sur « la qualité exceptionnelle des hommes qui ont occupé ces abris de fortune. Ils ont fait preuve d’une résistance physique peu commune, menant de front observations et grandes courses de montagne, telle l’ascension de la Jungfrau en 1841, du Wetterhorn en 1844. Ils ont dépensé des trésors d’ingéniosité dans l’invention et la réalisation des expériences que leur ont suggéré une familiarité de tous les instants avec le glacier ». Forage jusqu’à 140 pieds permettant de mesurer la température et l’ablation, établissement d’une carte au 1 : 10 000.  Agassiz se fait descendre à 121 pieds (Convertisseur pieds/mètre http://www.le-convertisseur.com/convertisseur-distances.html ) dans une crevasse pour examiner la structure lamellaire de la glace. Expériences de coloration de la glace pour étudier l’infiltration de l’eau ; ils entreprennent même une course d’hiver à Unteraar et à Rosenlaui pour constater que les torrents sous-glaciaires ne sont alimentés que par des sources, et pour réfuter la théorie de la fusion sous l’action de la chaleur terrestre. Venetz avait déjà constaté ce phénomène. Etude d’une tourbière au Grimsel. Il y eut cependant des lacunes dans leurs observations comme l’explication de la marche des glaciers par l’effet de l’infiltration de l’eau et de sa congélation : théorie soutenue par Charpentier.

 

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GTell, La vie et l'oeuvre de l'ingénieur Ignace Venetz 1788-1859

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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 17:23

 

   Le même jour il mesure au pas les moraines laissées par le glacier du Rhône. Il résume ainsi ses observations :

   « L’extrémité inférieure du glacier était à 1408 pieds de la première moraine reconnaissable près des chalets de la montagne. A cette époque il y avait 9 moraines très distinctes. Plusieurs ont été formées à différentes reprises, c’est-à-dire qu’après avoir diminué pendant quelque temps, le glacier est revenu augmenter celles qu’il avait formées auparavant. Les distances entre une moraine et la suivante sont inégales, ainsi que leur grandeur respective, preuve que les époques de leur formation furent inégales, de même que le degré du refroidissement ».

 

   Dans le vallon d’Eginenthal, Venetz observe des moraines sur la rive droite, au couchant du village de Zumloch.

 

   On le voit, Venetz multiplie l’observation des moraines anciennes dans le voisinage des glaciers. Sa grande préoccupation est de répondre à la question posée par la SHSN.

 

   Voici les conclusions de ce Mémoire :

 

1.      1. Les moraines qui se trouvent à une distance considérable des glaciers, datent d’une époque qui se perd dans la nuit des temps.

 

2.   2. Les faits que nous avons cités pour prouver un abaissement de la température, sont plus récents que les dites moraines.

 

3.      3. Celles qui se trouvent près des glaciers peuvent être des deux derniers siècles.

 

4.       4. La température s’élève et s’abaisse périodiquement, mais d’une manière irrégulière.

 

5.       5. Selon les apparences, le refroidissement de cette époque est arrivé à son terme.

 

6.    6. Les glaciers parviendront difficilement à la hauteur gigantesque dont nous trouvons tant de vestiges, et que nous pouvons nous tranquilliser sur l’extension présumée de la région des glaces en général.

 

   En 1821 déjà, Venetz avait rédigé son Mémoire. Il le présente à la session de Berne de la SHSN. La commission nommée pour juger comprenait de Charpentier, Ebel, Escher, Horner, Pictet. C’était le seul mémoire reçu, on lui attribue le prix (fr. 300.-). Stimulé par ce succès, Venetz continue ses observations apportant des adjonctions à son mémoire qui ne sera publié qu’en 1833. Il les avait concentrées près des glaciers, sans les poursuivre plus loin ; puis il se demande jusqu’où ils se sont étendus. Il constate que le grand glacier d’Aletsch est venu jusqu’à Brigue, il découvre les belles moraines de Ravoire, du plateau de Plex sur Outre-Rhône, de Mex-Vérossaz-Monthey avec les blocs de granite du massif du Mont-Blanc. Il retrouve les mêmes preuves dans le canton de Vaud à Bex, St-Triphon, Aigle, Lausanne, à travers le Plateau suisse jusqu’au Jura. Pas à pas, il arrive à la persuasion que tous ces blocs ont été transportés par le glacier du Rhône. Au printemps 1829, il vint dire à de Charpentier que ses observations le portaient à croire que tout le Valais avait été occupé jadis par un glacier qui s’était étendu jusqu’au Jura, entre Genève et Soleure. De Charpentier trouva « réellement folle et extravagante » l’idée d’un tel glacier. Cette hypothèse lui parut en opposition manifeste avec tous les principes de physique et de géologie. Pour convaincre son ami Venetz de l’erreur dans laquelle il lui semblait être tombé, il se mit à étudier les terrains erratiques. Il le pria de le conduire sur place pour lui montrer les preuves sur lesquelles il se fondait. Loin de lui fournir des arguments contre cette hypothèse, cette étude lui montra qu’elle expliquait très bien les terrains erratiques et tous les phénomènes qui s’y rattachent. Il devint dès lors un partisan convaincu de la théorie de Venetz, et s’appliqua à la faire connaître.

 

3. exposé de la théorie de la grande extension des glaciers

 

   A la session de 1829 de la SHSN au Gd St-Bernard, Venetz présente son mémoire rédigé en 1821, il le complète par ses observations faites depuis. Voici un extrait du protocole de la séance : « I. Venetz fait lecture d’un mémoire sur l’extension qu’il présume que les glaciers avaient autrefois, et sur leur retraite dans leurs limites actuelles. Il attribue les amas de roches alpines, qui sont répandues sur divers points des Alpes et du Jura, ainsi que dans plusieurs contrées du nord de l’Europe, à l’existence d’immenses glaciers qui ont disparu dès lors, et dont ces blocs formaient les moraines. Il appuie cette hypothèse par la citation de plusieurs faits qu’il a observé dans les Alpes du Valais, aux environs des glaciers ». (Protocole de la séance du 22 juillet 1829, Acte de la SHSN, Lausanne 1830). La grande idée était lancée, accueillie avec scepticisme.

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GTell, La vie et l'oeuvre de l'ingénieur Ignace Venetz

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