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6 mars 2007 2 06 /03 /mars /2007 12:26

 

 

 

 

 

 

 

Suisse

 

 

 

 

 

 

 

Superficie : 41 287 km2

 

 

 

Statut : Etat fédératif

 

 

Altitude minimale : Lac Majeur 193 m.

Localité la plus haute : Juf (Grisons) 2 126 m.

Localité la plus basse : Ascona (Tessin) 196 m.

Nous avons une frontière longue, longue, longue de 1 881 km environ. (Je n’ai pas vérifié par moi-même cette réalité)

La plus longue frontière avec un de nos voisin, est celle de l’Italie avec : 741 km.

Puis celle de la France avec : 569 km.

Puis avec l’Allemagne avec : 366 km.

L’Autriche : 164 km.

Et : 41 km. Avec le Liechtenstein.

 

 

 

Nos cantons sont :

 

Uri 1291

Schwyz 1291

 

Unterwalde 1291 (en deux demi-cantons, Unterwalde-le-Haut Unterwalde-le-Bas, chez nous, nous disons, Obwalde et Nidwalde)

 

Lucerne 1332

 

Zurich 1351

 

Zoug 1352

 

Berne 1353

 

Fribourg 1481

 

Soleure 1481

 

Schaffhouse 1501

 

Bâle 1501 (en deux demi-cantons, Bâle-Ville et Bâle-Campagne)

 

Appenzell 1513 (en deux demi-cantons, Appenzell-intérieures et Appenzell-extérieures)

 

Glaris 1532

 

Argovie 1803

 

Grisons 1803

 

Saint-Gall 1803

 

Vaud 1803

 

Tessin 1803

 

Thurgovie 1803

 

Genève 1815

 

Neuchâtel 1815

 

Valais 1815

 

Jura 1978

 

 

 

 

 

 

 

 

Connaissez-vous la plus petite ville de Suisse ?

Vraiment, vous connaissez ? C’est bien ! 
On dit aussi que c'est la plus petite d'Europe.

Sinon vous suivez le lien : http://www.rue.ch/

     

  Très jolies ensemble

Altitude maximale : Pointe Dufour (Mont Rose) 4 634 m.

Population : ça change tous les jours, mais disons que nous sommes 7'263 891 suisses et étrangers compris. Le chiffre est faux, il l’a pourtant été un jour, et, si j’affirme que demain nous serons 8'000 000 d’habitants, ben c’est que c’est vrai ou le sera un jour.

Capitale administrative : Berne

 

Langues : allemand avec 63,7% français avec 20,4% et l’italien avec 6,5% et avec 0,5% le romanche, parlé dans le canton des Grisons.

  http://fr.fc.yahoo.com/s/suisse.html

DÉMOCRATIE (du grec demos, peuple et kratos, autorité): système de gouvernement où c'est le peuple qui exerce la souveraineté. Aha aha hah....
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6 mars 2007 2 06 /03 /mars /2007 00:00

Le troisième livre, commence par le récit et les démêlés de Servius Galba avec les Nantuates, les Véragres et les Sédunes ; ceux-ci gardaient le passage des Alpes. Octobre 57

Les Nantuates, région de Saint-Maurice, les Véragres de Martigny et les Sédunes à Sion.

 

Servius Galba fut impliqué dans le complot avec d’autres conjurés des ides de mars.

 

 

 

 

 

 

LIVRE TROISIÈME

 

 

 

I

 

 

 

En partant pour l’Italie, César envoya Servius Galba avec la 12e légion et une partie de la cavalerie chez les Nantuates, les Véragres et les Sédunes, dont le territoire s’étend depuis les frontières des Allobroges, le lac Léman et le Rhône jusqu’aux grandes Alpes. Ce qui l’y détermina, ce fut le désir d’ouvrir au commerce la route des Alpes, où les marchands ne circulaient jusque-là qu’au prix de grands dangers et en payant de forts péages. Il autorisa Galba, s’il le jugeait nécessaire, à installer la légion dans ces parages pour y passer l’hiver. Celui-ci, après avoir livré divers combats heureux et pris un grand nombre de forteresses, reçut de toutes parts des députations, des otages, fit la paix, et résolut d’installer deux cohortes chez les Nantuates et de s’établir lui-même pour l’hiver, avec les autres cohortes de sa légion, dans un bourg des Véragres qui s’appelle Octoduros ; ce bourg, situé au fond d’une vallée étroite, est enfermé de tous côtés par de très hautes montagnes.* Comme la rivière le coupait en deux, Galba autorisa les indigènes à s’installer pour l’hiver dans une moitié du bourg, tandis que l’autre, qu’il avait fait évacuer, était donnée à ses cohortes. Il la fortifia d’un retranchement et d’un fossé.

* Martigny-Bourg d’aujourd’hui.

 

 

 

II

 

 

 

Il y avait fort longtemps qu’il hivernait là, et il venait de donner l’ordre qu’on y fit des provisions de blé, quand soudain ses éclaireurs lui apprirent que la partie du bourg laissé aux Gaulois avait été complètement abandonnée pendant la nuit et qu’une immense multitude de Sédunes et de Véragres occupait les montagnes environnantes. Plusieurs raisons avaient provoqué cette décision soudaine des Gaulois de recommencer la guerre et de tomber à l’improviste sur notre légion : d’abord cette légion, et qui n’était pas au complet, car on en avait distrait deux cohortes et un très grand nombre d’isolés qu’on avait envoyés chercher des vivres, leur semblait une poignée d’hommes méprisable ; puis l’avantage de leur position leur faisait croire que, quand ils dévaleraient les pentes de leurs montagnes et lanceraient une grêle de traits, cette attaque serait, dès le premier choc, irrésistible. A ces calcules s’ajoutaient le ressentiment de s’être vu arracher leurs enfants à titre d’otages et la conviction que les Romains cherchaient à occuper les sommets des Alpes, non seulement pour être maîtres des routes, mais pour s’y établir définitivement et annexer ces régions à leur province, qu’elles bordent.

 

 

 

III

 

 

 

A ces nouvelles, Galba, qui n’avait pas entièrement achevé le camp d’hiver et ses défenses, et n’avait pas fait encore une réserve suffisante de blé et autres approvisionnement, parce qu’il avait cru, les Gaulois s’étant soumis et lui ayant donné des otages, qu’aucun acte d’hostilité n’était à craindre, s’empressa d’assembler un conseil et recueillit les avis. Dans ce conseil, en face d’un si grand péril, et si inattendu, voyant presque toutes les hauteurs garnies d’une foule d’hommes en armes, ne pouvant espérer de secours ni de ravitaillement, puisque les chemins étaient coupés, désespérant presque déjà de leur salut, plusieurs formulaient l’avis d’abandonner les bagages et de chercher à échapper à la mort en faisant une sortie par les mêmes chemins qui les avaient conduits là. Cependant, le sentiment de la majorité fut qu’il fallait réserver ce parti comme un parti extrême et, en attendant, voir quelle tournure prendraient les choses et défendre le camp.

IV

 

 

 

Peu après – on avait à peine eu le temps de mettre à exécution les mesures décidées – les ennemis, de toutes parts, à un signal donné, descendent à la course et jettent contre le retranchement des pierres et des javelots. Les nôtres, au début, ayant toute leur force, résistèrent avec courage, et, comme ils dominaient l’assaillant, tous leurs traits portaient ; chaque fois qu’un point du camp, dégarni de défenseurs, paraissait menacé, on accourrait à la rescousse ; mais ce qui faisait leur infériorité, c’est que, la lutte se prolongeant, les ennemis, s’ils étaient fatigués, quittaient le combat et étaient remplacés par des troupes fraîches ; les nôtres, en raison de leur petit nombre, ne pouvaient rien faire de semblable ; il était impossible, non seulement que le combattant épuisé se retirât de l’action, mais que le blessé même quittât son poste pour se ressaisir.

 

 

 

V

 

 

 

Il y avait déjà plus de six heures que l’on combattait sans relâche ; les nôtres étaient à bout de forces, et les munitions aussi leur manquaient ; l’ennemi redoublait ses coups et, notre résistance faiblissant, il entamait la palissade et comblait les fossés ; la situation était extrêmement grave. C’est alors que Publius Sextius Baculus, centurion primipile, qui avait été, comme on l’a vu, couvert de blessures lors du combat contre les Nerviens, et avec lui Caïus Volusénus, tribun militaire, homme plein de sens et de courage, viennent en courant trouver Galba et lui représentent qu’il n’y a qu’un espoir de salut : faire une sortie, tenter cette chance suprême. Il convoque donc les centurions et par eux fait rapidement savoir aux soldats qu’ils aient à suspendre quelques instants le combat, en se contentant de se protéger des projectiles qu’on leur enverrait, et à refaire leurs forces ; puis, au signal donné, ils feront irruption hors du camp, et n’attendront plus leur salut que de leur valeur.

 

 

 

VI

 

 

 

Ils exécutent les ordres reçus, et, sortant soudain par toutes les portes, ils surprennent l’ennemi qui ne peut ni se rendre compte de ce qui se passe ni se reformer. Ainsi le combat change de face, et ceux qui déjà se flattaient de prendre le camp sont enveloppés et massacrés : sur plus de trente mille hommes qu’on savait s’être portés à l’attaque, plus du tiers est tué, les autres, effrayés, sont mis en fuite, et on ne les laisse même pas s’arrêter sur les hauteurs. Ayant ainsi mis en déroute et désarmé les forces ennemies, nos soldats rentrent dans leur camp, à l’abri de leurs retranchements. Après ce combat, ne voulant pas tenter de nouveau la fortune, considérant d’ailleurs que ce n’était pas pour cela qu’il était venus prendre ses quartiers d’hiver et qu’il se trouvait en face de circonstances imprévues, mais surtout fort inquiet à la pensée de manquer de vivres, Galba fit incendier dès le lendemain toutes les maisons du bourg et reprit la route de la province ; sans qu’aucun ennemi arrêtât ou retardât sa marche, il conduisit sa légion sans pertes chez les Nantuates, et de là chez les Allobroges, où il hiverna.

Pour César, c’est un échec.

 

 

 

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5 mars 2007 1 05 /03 /mars /2007 22:41

 

 

 

 

 

 

 

Valais

 

 

En 1915 le Valais fêtait son centième anniversaire au sein de la Confédération Helvétique.

 

 

A cette occasion, un calendrier du Centenaire était publié.

 

 

Ci-dessous les pages du calendrier ont été scannées pour le plaisir de retrouver le charme un peu désuet de 1915.

 

 

 

 

 

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  http://www.vs.ch/Navig/home.asp

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5 mars 2007 1 05 /03 /mars /2007 22:20

 

Alors entre l’an 58 avant J.C. et l’an 1291 où trois paysans se révoltèrent contre les puissances européennes, et cela jusqu’à ce qu’ils s’écrouent en 1515, les Helvètes restèrent bien sages. Une parenthèse de 224 ans les suisses dominèrent militairement les puissances italiennes, autrichiennes et françaises, jusqu’à la bataille de Marignan et, par la suite, ils subirent dès lors les « dictats », les « ordres », « recommandations » et les « pressions » de ces mêmes puissances.

A chaque fois, cela a été le fait d’un homme, de sa volonté de résoudre un problème mineur qui aurait dégénéré en quelque chose de plus grave où il aurait fallu plus tard plus d’énergie et plus de moyens à résoudre le problème en question.

Ils firent la Suisse , ces grands hommes sont.

 

 

 

 

 

 

Jules César. Expliqué par son besoin d’être tranquille sur son flanc droit et au sud dans sa campagne en Gaule et contre les Germains. César corrige et soumet les Helvètes pour longtemps. C’était la deuxième tentative des Helvètes en 60 ans, de chercher des nouvelles terres plus accueillantes.

 

 

 

 

Walter Supersaxo et  Mathieu Schiner ont été les protagoniste du ou des conflits qui aboutirent à la bataille de Marignan.

 

 

 

 

 

Le Premier Consul Bonaparte s'érige lui-même en «Médiateur» de la Confédération , consacrant la suzeraineté de la France sur celle-ci.

Il ne subsiste de l'acquis de la tourmente révolutionnaire que la notion d'égalité (relative) des citoyens, la règle d'une majorité des 3/4 (au lieu de l'unanimité) pour faire adopter une décision à la Diète confédérale, et l'installation d'un Landamann fédéral chargé d'expédier les affaire courantes dans l'intervalle des sessions.

 

 

 

 

L'Acte de Médiation porte à 19 le nombre de cantons en érigeant six pays alliés et sujets en cantons souverains. C'est le cas de l'Argovie ou encore du pays de Vaud. Certaines parties de la Suisse sont annexées à la France , comme Genève, Mulhouse et la région de Delémont. Le Valais est érigé en république «indépendante». Neuchâtel conserve son statut hybride de principauté et canton.

Les institutions centrales de l'ancienne République sont dissoutes. Il n'y a plus désormais ni nationalité, ni armée, ni monnaie, ni système de mesure commun, encore moins de drapeau !

 

 

 

 

 

 

"La Suisse ne ressemble à aucun autre Etat, soit par les événements qui s’y sont succédé depuis plusieurs siècles, soit par la situation géographique, soit par les différentes langues, les différentes religions, et cette extrême différence de mœurs qui existe entre ses différentes parties. La nature a fait votre Etat fédératif, vouloir la vaincre n’est pas d’un homme sage. Les circonstances, l’esprit du siècle passé avaient établi chez vous des peuples souverains et des peuples sujets. De nouvelles circonstances et l’esprit différent d’un nouveau siècle, d’accord avec la justice et la raison, ont rétablit l’égalité de droit entre toutes les portions de votre territoire. Plusieurs de vos Etats ont suivi pendant des siècles les lois de la démocratie la plus absolue. D’autres ont vu quelques familles s’emparer du pouvoir, et vous avez eu dans ceux-ci des sujets et des souverains… L’esprit de vos divers pays est changé. La renonciation à tous les privilèges est à la fois la volonté et l’intérêt de votre peuple. Ce qui est en même temps le désir, l’intérêt de votre nation et des vastes Etats qui vous entourent est donc : I° l’égalité des droits entre vos dix-huit cantons ; 2° une renonciation sincère et volontaire aux privilèges de la part des classes patriciennes ; 3° une organisation fédérative où chaque canton se trouve organisé suivant sa langue, sa religion, ses mœurs, son intérêt, son opinion.         L’organisation des cantons une fois arrêtée, il restera à déterminer les relations qu’ils doivent avoir entre eux, et dès lors votre organisation centrale, beaucoup moins importante en réalité que votre organisation cantonale. Finances, armée, administration, rien ne peut être uniforme chez vous. Vous n’avez jamais entretenu de troupes soldées, vous ne pouvez avoir de grandes finances ; vous n’avez jamais eu constamment d’agents diplomatiques auprès des différentes puissances. Situés au sommet des chaînes de montagnes qui séparent l’Allemagne, la France et l’Italie, vous participez à la fois de l’esprit de ces différentes nations. La neutralité de votre pays, la prospérité de votre  commerce, et une administration de famille sont les seules choses qui puissent agréer votre peuple et le maintenir… "

 

 

 

 

 

 

Lettre du 19 frimaire, an XI

 

 

 

 

 

 

"Jamais la France et la République italienne ne pourront souffrir qu’il s’établisse chez vous un système de nature à favoriser nos ennemis. Le repos et la tranquillité de quarante millions d’hommes vos voisins, sans lesquels vous ne pourriez ni vivre comme individus, ni exister comme Etat, sont aussi pour beaucoup dans la balance de la justice générale. Que rien à leur égard ne soit hostile chez vous, que tout y soit en harmonie avec eux, et que, comme dans les siècles passés, votre premier intérêt, votre première politique, votre premier devoir, soient de ne rien laisser faire sur votre territoire qui indirectement nuise aux intérêts, à l’honneur, et en général à la cause du peuple français…"

 

 

 

 

 

 

Bonaparte à la Consulta helvétique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le point de vue d’un admirateur de l’empereur Napoléon Ier, Monsieur Amédée Gabourd, dans : Histoire de l’empereur Napoléon Ier, septième édition 1853, éditions Mame à Tours.

 

 

 

A la page 106 du chapitre Consulat à vie, il écrit à propos de la médiation avec la Suisse.

 

 

 

Les États soumis à ses lois dépassaient de beaucoup par leur étendue la vieille France de Louis XIV. Bornés au nord par le Rhin, ils s’appuyaient au midi sur les États du pape et la Toscane. La Lombardie formait une république italienne, vassale de la république française, et Bonaparte en avait été proclamé président par une consulta convoquée à Lyon. Le royaume d’Étrurie était un grand fief qui rendait hommage au premier consul. Sur la frontière de l’est, la Suisse avait gardé le dépôt de son indépendance nationale ; elle portait ombrage à Bonaparte ; par ses ordres, une armée de trente mille hommes, commandée par le général Ney, entra dans ce pays, et lui imposa, sans éprouver la moindre opposition, un nouvel acte fédératif qui rattachait sa fortune au gouvernement français. Le premier consul se déclara médiateur de la Confédération Suisse.

L’Angleterre vit avec un amer déplaisir s’accomplir un événement qui rangeait la Suisse au nombre des républiques vassales dont la France s’entourait comme d’une double frontière, et qui mettait à la disposition du premier consul une armée de seize mille soldats recrutés dans les cantons helvétiques, et prêts à verser leur sang pour la France. L ’Autriche partagea en secret les ressentiments de la Grande-Bretagne , mais elle s’abstint de réclamer, et l’indépendance de la Suisse disparut.

 

Dans le BONAPARTE de André Castelot, éditions Famot 1977 Chapitre : Le second pas vers la royauté, pages 330 et 331 il est écrit, suite à la Proclamation du Consulat à vie:

 

 

 

   Déjà son prénom prestigieux apparaît sur les monnaies et, le 15 août – date de la naissance du nouveau maître – est décrété fête nationale.

« Voici le second pas fait vers la royauté, peut s’exclamer Mme de Staël. Je crains que cet homme ne soit comme les dieux d’Homère, qu’au troisième acte il n’atteigne l’Olympe ! »

   Tandis que Cobenzl mande à Colloredo : « Où donc s’arrêtera ce torrent plus rapide et plus dévastateur dans la paix que dans la guerre ? »

   Napoléon a déjà été élu président de la République italienne, et, à la fin de cette même année, le titre de médiateur de la Confédération suisse lui est apporté par les députés des dix-huit cantons helvétiques. Il veut bien accepter cette nouvelle charge mais il leur explique avec condescendance le peu de chose que représente leur pays sur l’échiquier européen.

   - Vous ne devez pas prétendre à jouer un rôle entre les puissances de l’Europe. Vous êtes placés entre la France qui a cinq cent mille hommes de troupes ; l’Autriche qui en a trois cent mille ; la Prusse qui en a deux cent mille ; combien pouvez-vous en entretenir ? Qu’est-ce que dix mille hommes contre de telles armées ? Si vous avez autrefois tenu un rang entre les puissances militaires, c’est que la France était divisée en trente parties, l’Italie en cent. Vous pouviez tenir tête au duc de Bourgogne, mais aujourd’hui la Bourgogne n’est qu’un point de la France.

C’est le ton de Louis XIV – et ce ton paraît tout naturel. Ainsi que le constate encore un agent du comte de Provence : « Bonaparte continue à régner avec une plénitude de pouvoirs que ne déployèrent jamais nos rois. »

 

Pourquoi la République Helvétique a échoué ?

 

 

 

 

 

Imposée aux suisses par le Directoire, cette « chose » ne pouvait être vue et entretenue par le gratin de la bourgeoisie de Suisse. « Comment ! Chaque citoyen est égal à un autre ! Ce n’est pas possible, MA voix vaut plus que celle des « va-nu-pieds » des montagnes ! » Ont du se dire quelques privilégiés et puissants des grandes villes, bourgeois tenant l’industrie et le commerce dans leur giron.

 

Alors que le petit peuple avec quelques idéalistes, adhérèrent à la révolution et approuvèrent cette nouvelle République. Les paysans de nos montagnes et autres petits gens des plaines et des villes trouvèrent certainement très bien de posséder enfin une voix égale à celle de leur patron et de leur curé.

 

Vu le nombre des gens du peuple, cela a du effrayer les grands bourgeois et seigneurs du clergé, ainsi que les grandes familles patriciennes au pouvoir depuis plus de 500 ans. Un simple homme, hier né libre certes, mais sans pouvoir, le voilà qu’il peut accéder au gouvernement et diriger les bourgeois s’il est élu. Les grands allaient perdre le pouvoir et le bénéfice de leurs privilèges. Impossible, et dès lors les grands se disputèrent le pouvoir politique entre eux avec acharnement et refusèrent toutes prises de pouvoir qui n’étaient pas de leur fait.

 

L’administration s’en trouva bloquée et la République ingouvernable était en « guerre civile » en continue, même si cela n’était pas avec des armes que l’on se disputait la domination des institutions, cela déplaisait fortement au Premier Consul Bonaparte.

 

De plus, chaque canton prétendait être le plus apte à gouverner les autres et n’était pas forcément disposé à donner préséance à un autre. L’attachement de ses origines liait un politique à sa terre. Quelle ville devait devenir la capitale ? Un gouvernement central avec une administration centrale ne pouvait que déplaire dans les mentalités de l’époque.

 

Bonaparte fini par envoyer le général Ney avec 30 000 hommes pour calmer les suisses et réclamer une ambassade pour une Consulta. Bonaparte se posait en médiateur, comme il l’avait déjà fait pour d’autre États, afin de rétablir l’ordre à l’est.

 

1802 avec l’Acte de Médiation donné aux Suisse par Bonaparte met fin à la République Helvétique. Ce fut le seul État en Europe et sous l’influence de la France , qui revint pratiquement à l’ancien Régime. Les bourgeois, les familles patriciennes et grands de l’industrie gardèrent ainsi leurs privilèges et le peuple un semblant de liberté avec le fédéralisme.

 

Voilà ce qu’est la Suisse moderne depuis lors.

 

 

 

 

 

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 Histoire générale de 1789 à nos jours de G.-A. Chevallaz

 

 

 

 

La Consulta reçoit la nouvelle Constitution avec gratitude. Comme beaucoup d'autres républiques soeurs et pays alliés de la France , elle s'engage à fournir un contingent de 12.000 hommes de troupe par an.

Napoléon Bonaparte, Premier Consul, se lasse des désordres et chicanes en République helvétique. Depuis ces débuts, en 1797 les suisses se disputent continuellement. Comment calmer les troublions suisses ?

  http://ameliefr.club.fr/index.html

 

 

 

Acte 1, la « Consulta » pour écouter les doléances.

 

 

 

 

Acte 2, l’ « Acte de Médiation » qui impose la nouvelle constitution aux suisses dans une nouvelle structure. 19 février 1803   

Charlemagne a pacifié l’Europe et bien entendu fait une bonne gestion du territoire qu’était l’Helvétie. Lui aussi, considéré comme « Père de l’Europe ». Les Helvètes sont heureux de faire partie du « grand empire d’Occident» avec Charlemagne. 

 

 

 

 

François Ier qui une fois devenu roi à l’âge de 20 ans, en janvier 1515, fait la guerre aux Etats du pape et italiens en septembre de la même année. A cette occasion le grand monarque impose la « paix perpétuelle » aux Suisses. 1516, « Paix de Fribourg », c’est le traité assurant la paix perpétuelle entre la France et la Suisse. Neutralité des Suisses en cas de conflit. Le mercenariat commence, sous l’appellation de « Service à l’Etranger ». De nos jours, un reliquat de ce service à l’étranger est la Garde Pontificale.

 

http://www.reve-lemanique.ch/marignan/
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5 mars 2007 1 05 /03 /mars /2007 22:05

 

 

 

 

Le récit de César, La guerre des Gaules relate les campagnes militaires en Gaule sur la période de 58 AV. J.-C. à 50 AV. J.-C. certains passages, selon les experts, sont de la mains de César et d’autres ont été dictés. Ecrit à la troisième personne du singulier.

 

 

 Voici donc les embrouilles qu’a César avec les Helvètes.

(L’un des quatre hommes qui firent la Suisse )

 

 

 

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Jules César la Guerre des Gaules.

 

 Livre premier

La Gaule et ses habitants.

 

L’ensemble de la Gaule est divisé en trois parties : l’une est habitée par les Belges, l’autre par les Aquitains, la troisième par le peuple qui, dans sa langue, se nomme Celte, et, dans la nôtre, Gaulois. Tous ces peuples diffèrent entre eux par le langage, les coutumes, les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne , des Belges par la Marne et la Seine. Les plus braves de ces trois peuples sont les Belges, parce qu’ils sont les plus éloignés de la province romaine et des raffinements de sa civilisation, parce que les marchands y vont très rarement, et, par conséquent, n’y introduisent pas ce qui est propre à amollir les cœurs, enfin parce qu’ils sont les plus voisins des Germains, qui habitent sur l’autre rive du Rhin, et avec qui ils sont continuellement en guerre. C’est pour la même raison que les Helvètes aussi surpassent en valeur guerrière les autres Gaulois : des combats presque quotidiens les mettent aux prises avec les Germains, soit qu’ils leur interdisent l’accès de leur territoire, soit qu’ils les attaquent chez eux. La partie de la Gaule qu’occupent, comme nous l’avons dit, les Gaulois commence au Rhône, est bornée par la Garonne , l’Océan et la frontière de Belgique ; elle touche aussi au Rhin du côté des Séquanes et des Helvètes ; elle est orientée vers le nord. La Belgique commence où finit la Gaule  ; elle va jusqu’au cours inférieur du Rhin ; elle regarde vers le nord et vers l’est. L’Aquitaine s’étend de la Garonne aux
Pyrénées et à la partie de l’Océan qui baigne l’Espagne ; elle est tournée vers le nord-ouest.

 

 

 

II.

Les Helvètes. Plans ambitieux d’Orgétorix. Sa mort.

 

Orgétorix était chez les Helvètes l’homme de beaucoup le plus noble et le plus riche. Sous le consulat de Marcus Messala et de Marcus Pison, séduit par le désir d’être roi, il forma une conspiration de la noblesse et persuada à ses concitoyens de sortir de leur pays avec toutes leurs ressources : « Rien n’était plus facile, puisque leur valeur les mettait au-dessus de tous, que de devenir les maîtres de la Gaule entière. » Il eut d’autant moins de peine à les convaincre que les Helvètes, en raison des conditions géographiques, sont de toutes parts enfermés : d’un côté par le Rhin, dont le cours très large et très profond sépare l’Helvétie de la Germanie , d’un autre par le Jura, chaîne très haute qui se dresse entre les Helvètes et les Séquanes, et du troisième par le lac Léman et le Rhône, qui sépare notre province de leur territoire. Cela restreignait le champ de leurs courses vagabondes et les gênait pour porter la guerre chez leurs voisins : situation fort pénible pour des hommes qui avaient la passion de la guerre. Ils estimaient d’ailleurs que l’étendue de leur territoire, qui avait deux cent quarante milles de long et cent quatre-vingts de large*, n’était pas en rapport avec leur nombre, ni avec leur gloire militaire et leur réputation de bravoure.

* Le mille romain valant 1.479 mètres, ces chiffres représentent 355 km. De long, d’ouest en est et 266 km. De large du nord au sud.  

 

III

 

Sous l’influence de ces raisons, et entraîné par l’autorité d’Orgétorix, ils décidèrent de tout préparer pour leur départ : acheter bêtes de somme et chariots en aussi grand nombre que possible, ensemencer toutes les terres cultivables, afin de ne point manquer de blé pendant la route, assurer solidement des relations de paix et d’amitié avec les États voisins. A la réalisation de ce plan, deux ans, pensèrent-ils, suffiraient : une loi fixa le départ à la troisième année. Orgétorix fut choisi pour mener à bien l’entreprise : il se chargea personnellement des ambassades. Au cours de sa tournée, il persuade à Casticos, fils de Catamantaloédis, Séquane, dont le père avait été longtemps roi dans son pays et avait reçu du Sénat romain le titre d’ami, de s’emparer du pouvoir qui avait auparavant appartenu à son père ; il persuade également à l’Héduen Dumnorix, frère de Diviciacos, qui occupait alors le premier rang dans son pays et était particulièrement aimé du peuple, de tenter la même entreprise, et lui donne sa fille en mariage. Il leur démontre qu’il est tout à fait aisé de mener ces entreprises à bonne fin, pour la raison qu’il est lui-même sur le point d’obtenir le pouvoir suprême dans son pays : on ne peut douter que de tous les peuples de la Gaule le peuple helvète ne soit le plus puissant ; il se fait fort de leur donner le pouvoir en mettant à leur service ses ressources et son armée. Ce langage les séduit ; les trois hommes se lient par un serment, et se flattent que, devenus rois, la puissance de leurs trois peuples, qui sont les plus grands et les plus forts, leur permettra de s’emparer de la Gaule entière.

 

 IV

 

 Une dénonciation fit connaître aux Helvètes cette intrigue. Selon l’usage du pays, Orgétorix dut plaider sa cause chargé de chaînes. S’il était condamné, la peine qu’il devait subir était le supplice du feu. Au jour fixé pour son audition, Orgétorix amena devant le tribunal tous les siens, environ dix mille hommes, qu’il avait rassemblés de toutes parts, et il fit venir aussi tous ses clients et ses débiteurs, qui étaient en grand nombre : grâce à leur présence, il put se soustraire à l’obligation de parler. Cette conduite irrita ses concitoyens : ils voulurent obtenir satisfaction par la force, et les magistrats levèrent un grand nombre d’hommes dans la campagne ; sur ces entrefaites, Orgétorix mourut : et l’on n’est pas sans soupçonner – c’est l’opinion des Helvètes – qu’il mit lui-même fin à ses jours.

 

 V

 

 Préparatifs d’émigration des Helvètes.

Après sa mort, les Helvètes n’en persévèrent pas moins dans le dessein qu’ils avaient formé de quitter leur pays. Quand ils se croient prêts pour cette entreprise, ils mettent le feu à toutes leurs villes – il y en avait une douzaine – à leurs villages – environ quatre cents – et aux maisons isolées ; tout le blé qu’ils ne devaient pas emporter, ils le livrent aux flammes : ainsi, en s’interdisant l’espoir du retour, ils seraient mieux préparés à braver tous les hasards qui les attendaient ; chacun devait emporter de la farine pour trois mois. Ils persuadent aux Rauraques, aux Tulinges et aux Latobices, qui étaient leurs voisins, de suivre la même conduite, de brûler leurs villes et leurs villages et de partir avec eux ; enfin les Boïens qui, d’abord établis au-delà du Rhin, venaient de passer dans le Norique et de mettre le siège devant Noréia, deviennent leurs alliés et se joignent à eux.

 

 VI

 

 Il y avait en tout deux routes qui leur permettaient de quitter leur pays. L’une traversait le territoire des Séquanes : étroite et malaisée, elle était resserrée entre le Jura et le Rhône, et les chariots y passaient à peine un par un* ; d’ailleurs, une très haute montagne la dominait, en sorte qu’une poignée d’hommes pouvait facilement l’interdire. L’autre route passait par notre province : elle était beaucoup plus praticable et plus aisée, parce que le territoire des Helvètes et celui des Allobroges, nouvellement soumis, sont séparés par le cours du Rhône, et que ce fleuve est guéable en plusieurs endroits. La dernière ville des Allobroges et la plus voisine de l’Helvétie et Genève. Un pont la joint à ce pays. Les Helvètes pensaient qu’ils obtiendraient des Allobroges le libre passage, parce que ce peuple ne leur paraissait pas encore bien disposé à l’égard de Rome ; en cas de refus, ils les contraindraient par la force. Une fois tous les préparatifs de départ achevés, on fixe le jour o ù ils doivent se rassembler tous sur les bords du Rhône. Ce jour était le 5 des calendes d’avril, sous le consulat de Lucius Pison et d’Aulus Gabinius.

* C’est le col de l’Écluse, où passe la route actuelle de Lyon à Genève.

 

 VII

 

 César, à la nouvelle qu’ils prétendaient faire route à travers notre province, se hâte de quitter Rome, gagne à marches forcées la Gaule transalpine et arrive devant Genève. Il ordonne de lever dans toute la province le plus de soldats possible (il y avait en tout dans la Gaule transalpine une légion) et fait couper le pont de Genève. Quand ils savent son arrivée, les Helvètes lui envoient une ambassade composée des plus grands personnages de l’État, et qui avait à sa tête Namméios et Verucloétios ; ils devaient lui tenir ce langage : « L’intention des Helvètes est de passer, sans causer aucun dégât, à travers la province, parce qu’ils n’ont pas d’autre chemin ; ils lui demandent de vouloir bien autoriser ce passage. » César, se souvenant que les Helvètes avaient tué le consul L. Cassius, battu et fait passer sous le joug son armée*, pensait qu’il ne devait pas y consentir : il estimait d’ailleurs que des hommes dont les dispositions d’esprit étaient hostiles, si on leur permettait de traverser la province, ne sauraient le faire sans violences ni dégâts. Néanmoins, voulant gagner du temps jusqu’à la concentration des troupes dont il avait ordonné la levée, il répondit aux envoyés qu’il se réservait quelque temps pour réfléchir : « S’ils avaient un désir à exprimer, qu’ils reviennent aux ides d’avril. »

* L. Cassius, consul avec Marius en 107, avait poursuivi les Helvètes jusqu’à l’Océan ; la bataille a dû avoir lieu dans la région d’Agen.

 

 VIII

 

 En attendant, il employa la légion qu’il avait et les soldats qui étaient venus de la province à construire, sur une longueur de dix-neuf milles, depuis le lac Léman, qui déverse ses eaux dans le Rhône, jusqu’au Jura, qui forme la frontière entre les Séquanes et les Helvètes, un mur haut de seize pieds* et précédé d’un fossé. Ayant achevé cet ouvrage, il distribue des postes, établit des redoutes, afin de pouvoir mieux leur interdire le passage s’ils veulent le tenter contre son gré. Quand on fut au jour convenu, et que les envoyés revinrent, il déclara que les traditions de la politique romaine et les précédents ne lui permettaient pas d’accorder à qui que ce fût le passage à travers la province ; s’ils voulaient passer de force, ils le voyaient prêt à s’y opposer. Les Helvètes, déchus de leur espérance, essayèrent, soit à l’aide de bateaux liés ensemble et de radeaux qu’ils construisirent en grand nombre, soit à gué, aux endroits où le Rhône avait le moins de profondeur, de forcer le passage du fleuve, quelquefois de jour, plus souvent de nuit ; mais ils se heurtèrent aux ouvrages de défense, furent repoussés par les attaques et les tirs de nos soldats, et finirent par renoncer à leur entreprise.

* Le pied romain valait 29.6 centimètres.

 

 IX

 

 Il ne leur restait plus qu’une route, celle qui traversait le territoire des Séquanes ; ils ne pouvaient, à cause des défilés, s’y engager sans le consentement de ce peuple. Ne pouvant le persuader à eux seuls, ils envoient une ambassade à l’Héduen Dumnorix, afin que par son intercession il leur obtienne le passage. Dumnorix, qui était populaire et généreux, disposait de la plus forte influence auprès des Séquanes ; c’était en même temps un ami des Helvètes, parce qu’il s’était marié dans leur pays, ayant épousé la fille d’Orgétorix ; son désir de régner le poussait à favoriser les changements politiques, et il voulait s’attacher le plus de nations possible en leur rendant des services. Aussi prend-il l’affaire en mains : il obtient des Séquanes qu’ils laissent passer les Helvètes sur leur territoire, et amène les deux peuples à échanger des otages, les Séquanes s’engageant à ne pas s’opposer au passage des Helvètes, ceux-ci garantissant que leur passage s’effectuera sans dommages ni violences.

 

 X

 

 On rapporte à César que les Helvètes se proposent de gagner, par les territoires des Séquanes et des Héduens, celui des Santons, qui n’est pas loin de la cité des Tolosates, laquelle fait partie de la province romaine. Il se rend compte que si les choses se passent ainsi, ce sera un grand danger pour la province que d’avoir, sur la frontière d’un pays sans défenses naturelles et très riche en blé, un peuple belliqueux, hostile aux Romains. Aussi, confiant à son légat Titus Labiénus le commandement de la ligne fortifiée qu’il avait établie, il gagne l’Italie par grandes étapes ; il y lève deux légions, en met en campagne trois autres qui prenaient leurs quartiers d’hiver autour d’Aquilée, et avec ces cinq légions* il se dirige vers la Gaule ultérieure, en prenant au plus court, à travers les Alpes. Là les Ceutrons, les Graiocèles, les Caturiges, qui avaient occupé les positions dominantes, essayent d’interdire le passage à son armée. Parti d’Océlum, qui est la dernière ville de la Gaule Citérieure , il parvient en sept jours, après plusieurs combats victorieux, chez les Voconces, en Gaule ultérieure ; de là il conduit ses troupes chez les Allobroges, et des Allobroges chez les Ségusiaves. C’est le premier peuple qu’on rencontre hors de la province au-delà du Rhône.

* Une légion compte 6'000 hommes.

 

 XI

 

 Les Helvètes avaient déjà franchi les défilés et traversé le pays des Séquanes ; ils étaient parvenus chez les Héduens, et ravageaient leurs terres. Ceux-ci, ne pouvant se défendre ni protéger leurs biens, envoient une ambassade à César pour lui demander secours : « Ils s’étaient, de tout temps, assez bien conduits envers le peuple romain pour ne pas mériter que presque sous les yeux de notre armée leurs champs fussent dévastés, leurs enfants emmenés en esclavage, leurs villes prises d’assaut. » En même temps les Ambarres, peuple ami des Héduens et de même souche, font savoir à César que leurs campagnes ont été ravagées, et qu’ils ont de la peine à défendre leurs villes des agressions de l’ennemi. Enfin des Allobroges qui avaient sur la rive droite du Rhône des villages et des propriétés cherchent un refuge auprès de César et lui exposent que, sauf le sol même, il ne leur reste plus rien. Ces faits décident César : il n’attendra pas que les Helvètes soient arrivés en Saintonge après avoir consommé la ruine de nos alliés.

 

 XII

 

 Il y a une rivière, la Saône , qui va se jeter dans le Rhône en passant par les territoires des Héduens et des Séquanes ; son cours est d’une incroyable lenteur, au point que l’œil ne peut juger du sens du courant. Les Helvètes étaient en train de la franchir à l’aide de radeaux et de barques assemblés. Quand César sut par ses éclaireurs que déjà les trois quarts de leurs troupes avaient franchi la rivière et qu’il ne restait plus sur la rive gauche que le quart environ de l’armée, il partit de son camp pendant la troisième veille* avec trois légions et rejoignit ceux qui n’avaient pas encore passé. Ils étaient embarrassés de leurs bagages et ne s’attendaient pas à une attaque : César en tailla en pièces la plus grande partie ; les reste chercha son salut dans la fuite et se cacha dans les forêts voisines. Ces hommes étaient ceux du canton des Tigurins : l’ensemble du peuple helvète se divise, en effet, en quatre cantons. Ces Tigurins, ayant quitté seuls leur pays au temps de nos pères, avaient tué le consul L. Cassius et fait passer son armée sous le joug. Ainsi, soit effet du hasard, soit dessein des dieux immortels, la partie de la nation helvète qui avait infligé aux Romains un grand désastre fut la première à être punie. En cette occasion, César ne vengea pas seulement son pays, mais aussi sa famille : L. Pison, aïeul de son beau-père L. Pison, et lieutenant de Cassius, avait été tué par les Tigurins dans le même combat où Cassius avait péri.

*La nuit, depuis le coucher du soleil jusqu’à son lever, était divisé en quatre « veilles », dont la longueur, de trois heures aux équinoxes, augmentait ou diminuait selon l’époque de l’année. La troisième veille commençait approximativement à minuit.

 

 XIII

 

 Après avoir livré cette bataille, César, afin de pouvoir poursuivre le reste de l’armée helvète, fait jeter un pont sur la Saône et par ce moyen porte son armée sur l’autre rive. Sa soudaine approche surprend les Helvètes, et ils s’effraient de voir qu’un jour lui a suffi pour franchir la rivière, quand ils ont eu beaucoup de peine à le faire en vingt. Ils lui envoient une ambassade : le chef en était Divico, qui avait commandé aux Helvètes dans la guerre contre Cassius. Il tint à César ce langage : « Si le peuple Romain faisait la paix avec les Helvètes, ceux-ci iraient où César voudrait, et s’établiraient à l’endroit de son choix ; mais s’il persistait à les traiter en ennemis, il devait pas oublier que les Romains avaient éprouvé autrefois quelque désagrément, et qu’un long passé consacrait la vertu guerrière des Helvètes. Il s’était jeté à l’improviste sur les troupes d’un canton, alors que ceux qui avaient passé la rivière ne pouvaient porter secours à leurs frères ; il ne devait pas pour cela trop présumer de sa valeur ni mépriser ses adversaires. Ils avaient appris de leurs aïeux à préférer aux entreprises de ruse et de fourberie la lutte ouverte où le plus courageux triomphe. Qu’il prît donc garde : les lieux où ils s’étaient arrêté pourraient bien emprunter un nom nouveau à une défaite romaine et à la destruction de son armée, ou en transmettre le souvenir. »

 

 XIV

 

 César répondit en ces termes : « Il hésitait d’autant moins sur le parti à prendre que les faits rappelés par les ambassadeurs helvètes étaient présents à sa mémoire, et il avait d’autant plus de peine à en supporter l’idée que le peuple Romain était moins responsable de ce qui s’était passé. Si, en effet, il avait eu conscience d’avoir causé quelque tort, il ne lui eût pas été difficile de prendre ses précautions ; mais ce qui l’avait trompé, c’est qu’il ne voyait rien dans sa conduite qui lui donnât sujet de craindre, et qu’il ne pensait pas qu’il dût craindre sans motif. Et à supposer qu’il consentît à oublier l’ancien affront, leurs nouvelles insultes – tentative pour passer de force à travers la province dont on leur refusait l’accès, violences contre les Héduens, les Ambarres, les Allobroges, pouvait-il les oublier ? Quant à l’insolent orgueil que leur inspirait leur victoire, et à leur étonnement d’être restés si longtemps impunis, la résolution de César s’en fortifiait. Car les dieux immortels, pour faire sentir plus durement les revers de la fortune aux hommes dont ils veulent punir les crimes, aiment à leur accorder des moments de chance et un certain délai d’impunité. Telle est la situation ; pourtant, s’ils lui donnent des otages qui lui soient une garantie de l’exécution de leurs promesses, et si les Héduens reçoivent satisfaction pour les torts qu’eux et leurs alliés ont subis, si les Allobroges obtiennent également réparation, il est prêt à faire la paix. » Divico répondit que « les Helvètes tenaient de leurs ancêtres un principe : ils recevaient des otages, ils n’en donnaient point ; le peuple Romain pouvait en porter témoignage ». Sur cette réponse, il partit.

 

 XV

 

 Le lendemain, les Helvètes lèvent le camp. César fait de même, et il envoie en avant toute sa cavalerie, environ quatre mille hommes qu’il avait levés dans l’ensemble de la province et chez les Héduens et leurs alliés : elle devait se rendre compte de la direction prise par l’ennemi. Ayant poursuivi avec trop d’ardeur l’arrière-garde des Helvètes, elle a un engagement avec leur cavalerie sur un terrain qu’elle n’a pas choisi, et perd quelques hommes. Ce combat exalta l’orgueil de nos adversaires, qui avaient avec cinq cents cavaliers repoussé une cavalerie si nombreuse : ils commencèrent à se montrer plus audacieux, faisant face quelquefois et nous harcelant de combats d’arrière-garde. César retenait ses soldats, et se contenait pour le moment d’empêcher l’ennemi de voler, d’enlever le fourrage et de détruire. On marcha ainsi près de quinze jours, sans qu’il y eût jamais entre l’arrière-garde ennemi et notre avant-garde plus de cinq ou six mille pas.

 

 XVI

 

 Cependant César réclamait chaque jour aux Héduens le blé qu’ils lui avaient officiellement promis. Car, à cause du froid – la Gaule , comme on l’a dit précédemment, est un pays septentrional – non seulement les moissons n’étaient pas mûres, mais le fourrage aussi manquait ; quant au blé qu’il avait fait transporter par eau en remontant la Saône , il ne pouvait guère en user, parce que les Helvètes s’étaient écartés de la rivière et qu’il ne voulait pas perdre de vue. Les Héduens différaient leur livraison de jour en jour : « On rassemblait les grains, disaient-ils, ils étaient en route, ils arrivaient. » Quand César vit qu’on l’amusait, et que le jour était proche où il faudrait distribuer aux soldats leur ration mensuelle, il convoque les chefs héduens, qui étaient en grand nombre dans son camp ; parmi eux se trouvaient Diviciacos et Liscos ; ce dernier était le magistrat suprême, que les Héduens appellent vergobret : il est nommé pour un an, et a droit de vie et de mort sur ses citoyens ; César se plaint vivement que, dans l’impossibilité d’acheter du blé ou de s’en procurer dans la campagne, quand les circonstances sont si critiques, l’ennemi si proche, il ne trouve pas d’aide auprès d’eux, et cela, quand c’est en grande partie pour répondre à leur prières qu’il a entrepris la guerre ; plus vivement encore il leur reproche d’avoir trahi sa confiance.

 

 XVII

 

 Ces paroles de César décident Liscos à dire enfin ce que jusqu’alors il avait tu : « Il y a un certain nombre de personnages qui ont une influence prépondérante sur le peuple, et qui, simples particuliers, sont plus puissants que les magistrats eux-mêmes. Ce sont ceux-là qui, par leurs excitations criminelles, détournent la masse des Héduens d’apporter le blé qu’ils doivent : ils leur disent qu’il vaut mieux, s’ils ne peuvent plus désormais prétendre au premier rang dans la Gaule , obéir à des Gaulois qu’aux Romains ; ils se déclarent certains que, si les Romains triomphent des Helvètes, ils raviront la liberté aux Héduens en même temps qu’au reste de la Gaule , ce sont ces mêmes personnages qui instruisent l’ennemi de nos plans et de ce qui se passe dans l’armée ; il est impuissant à les contenir. Bien plus : s’il a attendu d’y être forcé pour révéler à César une situation aussi grave, c’est qu’il se rend compte du danger qu’il court ; voilà pourquoi, aussi longtemps qu’il l’a pu, il a gardé le silence. »

 

 XVIII

 

 César sentait bien que ces paroles de Liscos visaient Dumnorix, frère de Diviciacos ; mais, ne voulant pas que l’affaire soit discutée en présence de plusieurs personnes, il congédie promptement l’assemblée, et ne retient que Liscos. Seul à seul, il l’interroge sur ce qu’il avait dit dans le conseil. Celui-ci parle avec plus de liberté et d’audace. César interroge en secret d’autres personnages ; il constate que Liscos a dit vrai. « C’était bien Dumnorix : l’homme était plein d’audace, sa libéralité l’avait mis en faveur auprès du peuple, et il voulait un bouleversement politique. Depuis de longues années il avait à vil prix la ferme des douanes et de tous les autres impôts des Héduens, parce que, lorsqu’il enchérissait, personne n’osait enchérir contre lui. Cela lui avait permis d’amasser, tout en enrichissant sa maison, de quoi pourvoir abondamment à ses largesses ; il entretenait régulièrement, à ses frais, une nombreuse cavalerie qui lui servait de garde du corps, et son influence ne se limitait pas à son pays, mais s’étendait largement sur les nations voisines. Il avait même, pour développer cette influence, marié sa mère chez les Bituriges, à un personnage de haute noblesse et de grand pouvoir ; lui-même avait épousé une Helvète ; sa sœur du côté maternel et des parentes avaient été mariées par ses soins dans d’autres cités. Il aimait et favorisait les Helvètes à cause de cette union ; en outre, il nourrissait une haine personnelle contre César et les Romains, parce que leur arrivée avait diminué son pouvoir et rendu à son frère Diviciacos crédit et honneurs d’autrefois. Un malheur des Romains porterait au plus haut ses espérances de devenir roi grâce aux Helvètes ; la domination romaine lui ferait perdre l’espoir non seulement de régner, mais même de conserver son crédit. » L’enquête de César lui apprit encore que, dans le combat de cavalerie défavorable à nos armes qui avait eu lieu quelques jours auparavant, Dumnorix et ses cavaliers avaient été les premiers à tourner bride (la cavalerie auxiliaire que les Héduens avaient fournie à César était, en effet, commandée par Dumnorix) ; c’était leur fuite qui avait jeté la panique dans le reste de la troupe.

 

 XIX

 

 Au soupçons que faisaient naître ces renseignements se joignaient d’absolues certitudes : il avait fait passer les Helvètes à travers le pays des Séquanes ; il s’était occupé de faire échanger des otages entre les deux peuples ; il avait agi en tout cela non seulement sans l’ordre de César ni de ses concitoyens,  mais encore à leur insu ; il était dénoncé par le premier magistrat des Héduens. César pensait qu’il y avait là motif suffisant pour sévir lui-même ou inviter sa cité à la punir. A ces raisons, une seule s’opposait : il avait pu apprécier chez Diviciacos, frère du traître, un entier dévouement au peuple romain, un très grand attachement à sa personne, les plus remarquables qualités de fidélité, de droiture, de modération ; et il craignait de lui porter un coup cruel en envoyant son frère au supplice. Aussi, avant de rien tenter, il fait appeler Diviciacos, et, écartant ses interprètes ordinaires, il a recours, pour s’entretenir avec lui, à Caïus Valérius Troucillus, grand personnage de la Gaule romaine, qui était son ami et en qui il avait la plus entière confiance. Il lui rappelle ce qu’on a dit de Dumnorix en sa présence, dans le conseil, et lui fait connaître les renseignements qu’il a obtenus dans des entretiens particuliers ; il le prie instamment de ne pas s’offenser s’il statue lui-même sur le coupable après information régulière ou s’il invite sa cité à le juger,

 

 XX

 

 Diviciacos, tout en larmes, entoure César de ses bras et le conjure de ne pas prendre contre son frère des mesures trop rigoureuses. Il savait qu’on avait dit vrai, et personne n’en souffrait plus que lui : car alors qu’il jouissait dans son pays et dans le reste de la Gaule d’une très grande influence et que son frère, à cause de son jeune âge, n’en possédait aucune, il l’avait aidé à s’élever ; et la fortune et la puissance ainsi acquises, il s’en servait non seulement à affaiblir son crédit, mais même à préparer sa perte. Pourtant, c’était son frère, et d’autre part l’opinion publique ne pouvait le laisser indifférent. Si César le traitait avec rigueur quand lui, Diviciacos, occupait un si haut rang dans son amitié, personne ne penserait que c’eût été contre son gré : et dès lors tous les Gaulois lui deviendraient hostiles. Il parlait avec abondance et versait des larmes ; César prend sa main, le rassure, lui demande de mettre fin à ses instances ; il lui déclare qu’il estime assez haut son amitié pour sacrifier à son désir et à ses prières le tort fait aux Romains et l’indignation qu’il éprouve. Il fait venir Dumnorix et, en présence de son frère, lui dit ce qu’il lui reproche ; il lui expose ce qu’il sait, et les griefs de ses compatriotes ; il l’avertit d’avoir à éviter, pour l’avenir, tout soupçon ; il lui pardonne le passé en faveur de son frère Diviciacos ; il lui donne des gardes, afin de savoir ce qu’il fait et avec qui il s’entretient.

 

 XXI

 

 Le même jour, ayant appris par ses éclaireurs que l’ennemi s’était arrêté au pied d’une montagne à huit milles de son camp, César envoya une reconnaissance pour savoir ce qu’était cette montagne et quel accès offrait son pourtour. On lui rapporta qu’elle était d’accès facile. Il ordonne à Titus Labiénus, légat propréteur, d’aller, au cours de la troisième veille, occuper la crête de la montagne avec deux légions, en se faisant guider par ceux qui avaient reconnu la route ; il lui fait connaître son plan. De son côté, pendant la quatrième veille, il marche à l’ennemi, par le même chemin que celui-ci avait pris, et détache en avant toute sa cavalerie. Elle était précédée par des éclaireurs sous les ordres de Publius Considius, qui passait pour un soldat très expérimenté et avait servi dans l’armée de Lucius Sulla, puis dans celle de Marcus Crassus.

 

 XXII

 

 Au point du jour, comme Labiénus occupait le sommet de la montagne, que lui-même n’était plus qu’à quinze cents pas du camp ennemi, et que – il le sut plus tard par des prisonniers – on ne s’était aperçu ni de son approche, ni de celle de Labiénus, Considius accourt vers lui à bride abattue : « La montagne, dit-il, que Labiénus avait ordre d’occuper, ce sont les ennemis qui la tiennent : il a reconnu les Gaulois à leurs armes et à leurs insignes. » César ramène ses troupes sur une colline voisine et les range en bataille. Il avait recommandé à Labiénus de n’engager le combat qu’après avoir vu ses troupes près du camp ennemi, car il voulait que l’attaque se produisît simultanément de tous côtés : aussi le légat, après avoir pris position sur la montagne, attendait-il les nôtres et s’abstenait-il d’attaquer. Ce ne fut que fort avant dans la journée que César apprit par ses éclaireurs la vérité : c’étaient les siens qui occupaient la montagne, les Helvètes avaient levé le camp, Considius, égaré par la peur, lui avait dit avoir vu ce qu’il n’avait pas vu. Ce jour même César suit les ennemis à la distance prdinaire et établit son camp à trois mille pas du leur.

 

 XXIII

 

 Le lendemain, comme deux jours en tout et pour tout le séparaient du moment où il faudrait distribuer du blé aux troupes, et comme d’autre part Bibracte, de beaucoup la plus grande et la plus riche ville des Héduens, n’était pas à plus de dix-huit milles, il pensa qu’il fallait s’occuper de l’approvisionnement, et, laissant les Helvètes, il se dirigea vers Bibracte. Des esclaves de Lucius Emilius, décurion de la cavalerie gauloise, s’enfuient et apprennent la chose à l’ennemi. Les Helvètes crurent-ils que les Romains rompaient le contact sous le coup de la terreur, pensée d’autant plus naturelle que la veille, maîtres des hauteurs, nous n’avions pas attaqué ? ou bien se firent-ils forts de nous couper les vivres ? toujours est-il que, modifiant leurs plans et faisant demi-tour, ils se mirent à suivre et à harceler notre arrière-garde.

 

 XXIV

 

 Quand il s’aperçut de cette manœuvre, César  se mit en devoir de ramener ses troupes sur une colline voisine et détacha sa cavalerie pour soutenir le choc de l’ennemi. De son côté, il rangea en bataille sur trois rangs, à mi-hauteur, ses quatre légions de vétérans ; au-dessus de lui, sur la crête, il fit disposer les deux légions qu’il avait levées en dernier lieu dans la Gaule , et toutes les troupes auxiliaires ; la colline entière était ainsi couverte de soldats ; il ordonna qu’en même temps les sacs fussent réunis en un seul point et que les troupes qui occupaient la position la plus haute s’employassent à la fortifier. Les Helvètes, qui suivaient avec tous leurs chariots, les rassemblèrent sur un même point ; et les combattants, après avoir rejeté notre cavalerie en lui opposant un front très compact, formèrent la phalange et montèrent à l’attaque de notre première ligne.

 

 XXV

 

 César fit éloigner et mettre hors de vue son cheval d’abord, puis ceux de tous les officiers, afin que le péril fût égal pour tous et que personne ne pût espérer s’enfuir ; alors il harangua ses troupes et engagea le combat. Nos soldats, lançant le javelot de haut en bas, réussirent aisément à briser la phalange des ennemis. Quand elle fut disloquée, ils tirèrent l’épée et chargèrent. Les Gaulois éprouvaient un grave embarras du fait que souvent un seul coup de javelot avait percé et fixé l’un à l’autre plusieurs de leurs boucliers ; comme le fer s’était tordu, ils ne pouvaient l’arracher, et, n’ayant pas le bras gauche libre, ils étaient gênés pour se battre : aussi plusieurs, après avoir longtemps secoué le bras, préféraient-ils laisser tomber les boucliers et combattre à découvert. Enfin, épuisés par leurs blessures, ils commencèrent à reculer et à se replier vers une montagne qui était à environ un mille de là. Ils l’occupèrent, et les nôtres s’avançaient pour les en déloger quand les Boïens et les Tulinges, qui, au nombre d’environ quinze mille, fermaient la marche et protégeaient les derniers éléments de la colonne, soudain attaquèrent notre flanc droit et cherchèrent à nous envelopper ; ce que voyant, les Helvètes qui s’étaient réfugiés sur la hauteur redevinrent agressifs et engagèrent à nouveau le combat. Les Romains firent une conversion et attaquèrent sur deux fronts : la première et la deuxième lignes résisteraient à ceux qui avaient été battus et forcés à la retraite, tandis que la troisième soutiendrait le choc des troupes fraîches.

 

 XXVI

 

 Cette double bataille fut longue et acharnée. Quand il ne leur fut plus possible de supporter nos assauts, ils se replièrent, les uns sur la hauteur, comme ils l’avaient fait une première fois, les autres auprès de leurs bagages et de leurs chariots. Pendant toute cette action, qui dura de la septième heure du jour jusqu’au soir, personne ne put voir un ennemi tourner le dos. On se battit encore autour des bagages fort avant dans la nuit : les Barbares avaient en effet formé une barricade de chariots et, dominant les nôtres, il les accablaient de traits à mesure qu’ils approchaient ; plusieurs aussi lançaient par-dessous, entre les chariots et entre les roues, des piques et des javelots qui blessaient nos soldats. Après un long combat, nous nous rendîmes maîtres des bagages et du camp. La fille d’Orgétorix et un de ses fils furent faits prisonniers. Cent trente mille hommes environ s’échappèrent, et durant cette nuit-là ils marchèrent sans arrêts ; le quatrième jour, sans jamais avoir fait halte un moment la nuit, ils arrivèrent chez les Lingons ;  nos troupes n’avaient pu les suivre, ayant été retenues trois jours par les soins à donner aux blessés et par l’ensevelissement des morts. César envoya aux Lingons une lettre et des messagers pour les inviter à ne fournir aux Helvètes ni ravitaillement, ni aide d’aucune sorte ; sinon, il les traiterait comme eux. Et lui-même, au bout de trois jours, se mit à les suivre avec toute son armée.

 

 XXVII

 

 

 

Les Helvètes, privés de tout, furent réduits à lui envoyer des députés pour traiter de leur reddition. Ceux-ci le rencontrèrent tandis qu’il était en marche ; ils se jetèrent à ses pieds et, suppliant, versant des larmes, lui demandèrent la paix ; il ordonna que les Helvètes attendissent sans bouger de place son arrivée : ils obéirent. Quand César les eut rejoints, il exigea la remise d’otages, la livraison des armes et celle des esclaves qui s’étaient enfuis auprès d’eux. Dès le lendemain, on recherche, on rassemble ce qui doit être livré ; cependant, six mille hommes du pagus Verbigénus, soit qu’ils craignaient d’être envoyés au supplice une fois leurs armes livrés, soit qu’ils eussent l’espoir que leur fuite, tandis qu’un si grand nombre d’hommes faisaient leur soumission, passait sur le moment inaperçue, ou même restait toujours ignorée, sortirent du camp des Helvètes aux premières heures de la nuit et partirent vers le Rhin et la Germanie.

 

 

 

XXVIII

 

 

 

Quand César apprit la chose, il enjoignit aux peuples dont ils avaient traversé les territoires de les rechercher et de les lui ramener, s’ils voulaient être justifiés à ses yeux ; on les ramena et il les traita comme des ennemi ; tous les autres, une fois qu’ils eurent livré otages, armes et déserteurs, virent leur soumission acceptée. Helvètes, Tulinges et Latobices reçurent l’ordre de regagner le pays d’où ils étaient partis ; comme ils avaient détruit toutes leurs récoltes, et qu’il ne leur restait rien pour se nourrir, César donna ordre aux Allobroges de leur fournir du blé ; à eux, il enjoignit de reconstruire les villes et les villages qu’ils avaient incendiés. Ce qui surtout lui dicta ces mesures, ce fut le désir de ne pas laisser désert le pays que les Helvètes avaient abandonné, car la bonne qualité des terres lui faisait craindre que les Germains qui habitent sur l’autre rive du Rhin ne quittassent leur pays pour s’établir dans celui des Helvètes, et ne devinssent ainsi voisins de la province et des Allobroges. Quant aux Boïens, les Héduens demandèrent, parce qu’ils étaient connus comme un peuple d’une particulière bravoure, à les installer chez eux ; César y consentit ; ils leur donnèrent des terres, et par la suite les admirent à jouir des droits et des libertés dont ils jouissaient eux-mêmes.

 

 

 

XXIX

 

 

 

On trouva dans le camp des Helvètes des tablettes écrits en caractères grecs ; elles furent apportées à César. Elles contenaient la liste nominative des émigrants en état de porter les armes, et aussi une liste particulière des enfants, des vieillards et des femmes. Le total général était de 263.000 Helvètes, 36.000 Tulinges, 14.000 Latobices, 23.000 Rauraques, 32.000 Boïens ; ceux qui parmi eux pouvaient porter les armes étaient environ 92.000. En tout, c’était une population de 368.000 âmes. Ceux qui retournèrent chez eux furent recensés, suivant un ordre de César : on trouva le chiffre de 110.000.

 

http://www.linternaute.com/biographie/jules-cesar/
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5 mars 2007 1 05 /03 /mars /2007 22:00

 

Quatre ! Quatre hommes et rien de plus ; c’est ce qu’il a fallut pour que la Suisse tel que nous la connaissons existe.

 

Sinon, tous les personnages de moindre envergure dans l’histoire suisse, ne sont pas ou peu connus à l’étranger. Qui connaît Nicolas de Flüe hors de Suisse ? Les Helvètes étaient une épine dans le flanc de l’empire romain et César régla le problème sévèrement et pour longtemps. Laissez à eux-mêmes, les Helvètes sont plus ou moins intégrés dans des royaumes voisins sans pour autant être libre ou autonomes. La faiblesse de l’Empire romain laissa le champ libre aux Huns. Par la suite, probablement les Vandales, puis les Wisigoths ont du explorer un peu les territoires de l’Helvétie, il n’y a pas de raisons de l’avoir ignoré. En 486 Clovis fonde le royaume Franc. Au sud des Alpes, les Ostrogots ont leur royaume en Italie. En 774 Charlemagne à la conquête de l’Italie du Nord. 843, traité de Verdun, partage de l’Empire Carolingien. Avec Otton Ier et la naissance du Saint Empire romain germanique en 962, les Helvètes sont au beau milieu de cet ensemble impérial. L’Europe se déchire et se reconstruit à coups d’épées et de lances. Autour du massif alpin, dans les plaines et au bord des mers, ici les Vikings, là les croisés courent de toute l’Europe, par-là les Normands conquièrent la Sicile , les Mongoles jouent dans les pays de l’est, la Russie , la Pologne , la Hongrie et la Bohème. Alexandre Nevsky bat les chevaliers Teutoniques. Et là, dans les bouleversements qui règnent sur l’Europe, trois paysans montagnards se jurent une mutuelle aide en cas de pépins. 1291 sur la légendaire plaine du Grütli, l’embryon de la Suisse naissait dans l’indifférence de tous. 1515 à Marignan François Ier fait, avec la paix perpétuelle, une des composante de la Suisse futur. Une parenthèse en 1798 avec la proclamation de la République Helvétique en attendant l’Acte de Médiation de 1803 qui devient à peu près ce quelle est aujourd’hui.

 

Dans chaque ville de notre pays on devrait trouver une rue Jules César, une place Charlemagne, un square François Ier et un jardin Napoléon Bonaparte. Pourquoi rien de tout cela en Suisse ?

Par contre on trouve (peut-être), ou l’on devrait trouver :

 

Ulrich Zwingli, Joachim von Watt, Theophrastus Bombastus von Hohenheim, connu comme Paracelse, Francois de Bonivard, prisonnier de Chillon, Domenico Fontana, architecte, Kaspar Jodok von Stockalper, Jakob et Johann Bernoulli, mathématiciens, Jean Etienne Liotard, peintre, Daniel Bernoulli, mathématicien, Leonhard Euler, mathématicien, Jean-Jacques Rousseau, philosophe et écrivain, Salomon Gessner, poète et peintre, Horace Benedict de Saussure, physicien, Jacques Necker, financier et homme d'état, Johann Caspar Lavater, philosophe, Johann David Wyss, écrivain, Johann Heinrich Pestalozzi, enseignant et écrivain, General Frederic de Laharpe, tuteur du Tsar Alexandre Ier, Guillaume Henri Dufour, général de l'armée Suisse, Leopold Robert, peintre, Albert Bitzius connu comme Jeremias Gotthelf, écrivain, Rodolphe Toepffer, connu pour ses dessins, Johann Ludwig Burkhardt, découvreur de Pétra et d’Abou Simbel,  Louis Agassiz, géologue, Nikolaus Riggenbach, ingénieur (a construit les trains à crémaillère), Jacob Burckhardt, philosophe, Gottfried Keller, poète, Henri Frederic Amiel, écrivain, Conrad Ferdinand Meyer, Arnold Böcklin, peintre, Henri Dunant, fondateur de la Croix-Rouge , Cesar Ritz, homme d'affaires et hôtelier, Carl Spitteler, poète, Ferdinand Hodler, peintre, Ferdinand de Saussure, linguiste, Felix Valloton, peintre, Carl Gustav Jung, psychoanalyste, Charles Ferdinand Ramuz, écrivain, Adrien Wettach connu comme Grock, Ernest Ansermet, chef d'orchestre, Frederic Sauser connu comme Blaise Cendrars, écrivain, Edouard Jeanneret Gris connu comme Le Corbusier, architecte, Frank Martin et Arthur Honegger, musiciens, Michel Simon, acteur, Alberto Giacometti, peintre et sculpteur, Mario Botta, architecte, Hans Erni, peintre, Jean Tinguely, sculpteur, Max Frisch, écrivain, Friedrich Dürrenmatt, écrivain.

 

je peux ajouter: Walter Supersaxo, Mathieu Schiner, et aussi...

 

En connaissez-vous d’autres ?

Probablement oui ! Et si vous connaissez des femmes, faites moi savoir.

 

 

Johann Augustus Sutter 1803 – 1880 Aventurier.

François-Louis Cailler 11 juin 1796 à Vevey - 6 avril 1852 à Corsier sur Vevey, l’un des pionnier du chocolat en Suisse.

Philippe Suchard à Neuchâtel, 9 octobre 1797 à Boudry - 14 janvier 1884 à Neuchâtel.

Amédée Kohler inventeur du chocolat aux noisettes en 1828.

Henri Nestlé la première farine lactée 1866 et le chocolat au lait c’était en 1830.

Jean Tobler ouvre son premier magasin en 1867 et fabrique le Toblerone, le nom vient de Tobler et de Torrone, le nom italien du nougat au miel et aux amandes, 1899.

David Sprüngli fonde l’entreprise familiale en 1845 à Zurich et en 1899 rachète la manufacture de chocolat de Rodolphe Lindt à Berne.

Julius Michael Johannes Maggi.9 octobre 1846 à Frauenfeld - 19 octobre 1912, il fonda la maison Maggi en 1884.

 

 

 

César Ritz César Ritz peut être considéré comme le père de l'hôtellerie moderne. Il est né à Niederwald, village du Haut-Valais. 1850 - 26 octobre 1918 à Küssnacht.

 

Jean William Fritz Piaget 9 août 1896 à Neuchâtel - 16 septembre 1980 à Genève.

Jules Piccard  1840 - 1933

August Piccard 28 janvier 1884 à Bâle - 24 mars 1962 à Chexbres.

Jacques Piccard né le 28 juillet 1922 à Bruxelles

Bertrand Piccard né à Lausanne en 1958

Albert Hofmann né à Baden en 1906 – père du LSD

Emil Orcitirix Gustav Forrer (19. Février 1894- 10. Janvier 1986): contribua au déchiffrement du Hittite hiéroglyphique.  

 

Un des grands-pères de la topologie Leonard Euler (1707-1783) effectua initialement des études théologiques à Bâle. Le fameux Jean Bernoulli remarqua ses aptitudes en Mathématiques et lui conseilla de changer d’orientation. Euler devint l’un des plus grands mathématiciens de tous les temps et un des premiers chercheurs à se consacrer à un domaine qui devait plus tard prendre le nom de topologie. Les vieux ponts qui ont conduit à la théorie moderne des réseaux L’une des formes les plus pratiques de la topologie est constituée par la théorie des réseaux ; elle s’applique à la détermination des réseaux électriques ou de télécommunication et aux problèmes d’économie. Ce procédé fut imaginé par Leonard Euler qui résolut deux problèmes relevant de cette science. Résultat d’une simple coïncidence, ces deux problèmes qu’il croyait indépendants relèvent l’un et l’autre de la théorie des réseaux.  Les deux casse-tête qui retinrent l’attention d’Euler avaient trait l’un et l’autre à des problèmes mettant en jeu des réseaux de lignes joignant un certain nombre de points. Le premier était celui des ponts de Koenigsberg. Ces sept ponts, disait-on, ne pouvaient être traversés à la file au cours d’une même promenade sans que le promeneur ne fût amené à repasser la rivière par un des ponts déjà empruntés, mais nul ne connaissait la raison de cette assertion. Euler comprit qu’un principe mathématique était en jeu, aussi décida-t-il de trouver une démonstration qui expliquait cette impossibilité.    Le second des problèmes d’ordre topologique concernait le polyèdre, ce solide possédant un certain nombre de faces et qui peut être défini comme un ensemble de points et de lignes situés dans un espace à trois dimensions. L’étude de ces solides révéla à Euler que quelque soit le nombre de face d’un polyèdre il existe des relations numériques entre le nombre de ses sommets, celui de ses faces et celui de ses arêtes. Ce résultat, qui porte encore le nom de « formule d’Euler » est expliqué ci-dessous : Euler démontra que dans tout polyèdre la somme du nombre de face et du nombre de sommets est égal au nombre des arêtes augmenté de 2. La formule s’écrit s + f = a + 2. Le cube, par exemple, a huit sommets et six faces, il a donc 12 arêtes. La formule s’applique à des solides de forme plus complexe, tel le polyèdre à 240 faces. Ce rhombo-cosidodecahèdre à faces étoilées a toujours 360 arêtes et 122 sommets.

 

 

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_C%C3%A9sar

http://www.myswitzerland.com/fr/offer.cfm?category=Activities_Excursions&subcat=Discover%20and%20Explore&id=36456

http://www.linternaute.com/histoire/motcle/217/a/1/1/charlemagne.shtml

 

 

 

 

 

 

Le Major Davel, 20 octobre 1670 à Morrens - 24 aveil 1723 à Vidy. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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5 mars 2007 1 05 /03 /mars /2007 00:00

 

Écrivain francophone de Suisse romande (Pays de Vaud) il s’exprime en 1930 dans un journal, pour contester l’érection d’une tour, aujourd’hui figure emblématique de Lausanne.

 

 

 

C. F. RAMUZ

 

 

 

Sur une ville qui a mal tourné

 

 

 

   De temps en temps, un événement sans grande importance en lui-même, mais qui, parce qu’il est un fait et un fait précis et qu’il se prête à la discussion, vient secouer chez nous l’indifférence générale et mettre pour un peu de temps de l’animation autour des tables de café. On voit le pays sortir de l’état de torpeur où il vit d’ordinaire et qu’explique suffisamment son caractère de pays neutre, sans accès à la mer et sans colonies. Le débat grossit, s’anime, semble devoir un instant aboutir, puis meurt tout à coup de sa belle mort, et il n’en est plus question. La solution n’est même pas intervenue. Elle n’intervient que plus tard ; et généralement il n’y a pas de solution, parce qu’il n’y a qu’une demi solution. On a cherché à contenter tout le monde. Et personne n’est content, mais personne ne dit plus rien. C’est ce qui va se passer sans doute à propos de cette tour qu’un « consortium » se proposait, et se propose sans doute encore, d’élever à Lausanne, et au sujet de laquelle toute la population s’est passionnée, il n’y a pas longtemps, on se sait d’ailleurs pas trop pourquoi. Il semble bien qu’on ait assisté à un phénomène de polarisation, l’un des pôles étant le respect du passé, l’autre le souci de l’avenir ; et, passé et avenir ayant paru contradictoires, chacun s’est rallié à l’objet de son goût ; en l’espèce, d’une part, la cathédrale devenue symbole, de l’autre et non moins symbolique un « gratte-ciel ». le malheur est que cette tour, dont j’ai vu un dessin, ne m’a rien paru avoir d’un gratte-ciel, et m’a semblé représenter fort mal en l’occurrence l’architecture dite moderne. Elle m’a paru au contraire assez « vieillotte » et tout entachée de réminiscences. Elle m’a paru enfin parfaitement inutile. Car que va-t-on y loger qu’on n’ait pu loger ailleurs ? On voit que l’architecte a dû se débattre douloureusement entre la nécessité où il était d’obéir à des besoins tout commerciaux et son désir bien naturel de satisfaire à certains principes d’architecture. Ainsi les derniers étages m’ont paru être entièrement vitrés, ce qui crée un impression désagréable de transparence, à cause de l’altitude où ils s’élèvent, et étant dans le vide eux-mêmes. Cette tour semble devenir de plus en plus poreuse à mesure qu’elle s’éloigne du sol et comme s’atténuer au lieu de s’affirmer, de sorte qu’elle est sans sommet, sans terminaison, sans accent final. D’ailleurs « proprette », je n’en disconviens pas (comme tout ce qui se fait chez nous), mais c’est tout ce qu’on peut en dire. Ce qui était, d’ailleurs, surtout en cause, c’était sa hauteur. On nous donnait des chiffres. Il s’agissait, bien entendu, de sa hauteur absolue. C’est elle qui paraissait à beaucoup consternante. Est-il permis de faire remarquer que les chiffres ici ne signifient rien ? Une tour peut avoir cent mètres et paraître petite ; elle peut n’avoir que vingt mètres et paraître grande. La tour en question doit avoir, je crois bien, une quarantaine de mètres et elle m’a paru essentiellement moyenne, c’est-à-dire rien du tout : à cause des deux longues lignes horizontales d’où elle se détache (autant qu’il me souvient) vers la moitié de sa hauteur, ce qui suffit déjà à la priver de tout élan ; de sorte qu’elle ne m’a guère paru être qu’un ornement assez prétentieux à une bâtisse elle-même assez prétentieuse ; de sorte qu’on se prononcerait utilement contre la tour pour des raisons de modernisme et puis pour des raisons de dignité, si la question pouvait avoir encore ; à Lausanne, du moins, aucune importance, c’est-à-dire si la ville était vraiment pourvue encore d’un caractère ou d’une signification qu’il s’agirait de sauvegarder. Comme ce n’est pas le cas, je pense que les sages s’abstiendront, ce qu’ils ont déjà fait sans doute – et d’autant plus que tout le débat reposait, comme on vient de voir, sur le pire des malentendus.

 

 

 

Ù

 

 

 

   Car chaque ville a eu un caractère au moment où sa vie avait une signification. L’architecture d’une ville n’est que la cristallisation visible d’un ensemble de sentiments et de besoins strictement subordonnés l’un à l’autre : sociaux, politiques, religieux. Nous avons sans sortir de Suisse (et l’exemple est très bien choisi, à cause des gouvernements cantonaux qui font de chacune de ses villes une petite capitale) toute une série de types, que le passé a édifiés, que le présent entame et renie un peu plus chaque jour ; si bien qu’il est très passionnant de voir agir en sens contraire ces forces et d’en évaluer le potentiel. Il y a les villes patriciennes qui sont des cités, comme Fribourg l’est encore, comme Genève l’a été ; et il y a les bourgades, centres de pays féodaux ou de territoires paysans, comme Berne et comme Lausanne. Lausanne, bâtie d’abord en terrain plat, au temps de la « paix romaine », s’est hissée sur ses collines par la suite, pour mettre plus facilement en état de défense son bien essentiel : une cathédrale, ses biens secondaires : quelques maisons nobles et quelques bureaux. Ne retenons que son exemple : et voyons qu’elle n’est guère qu’un centre religieux qui se trouvait, en même temps, comme il est naturel, être un centre d’échanges : ce qui suppose une justice, ce qui suppose des notaires, puis une vaste place de foire et autour d’elle ceux qui en vivent, on veut dire une population d’artisans et de boutiquiers, eux-mêmes restés longtemps à demi paysans. C’est cette vie villageoise subsistant à l’intérieur même d’une agglomération urbaine, qui caractérise la bourgade, outre qu’elle a, contrairement à la cité, une population essentiellement flottante à cause de l’apport périodique des pèlerinages, de l’afflux momentané des paysans arrivant à dates fixes vendre leurs produits et faire leurs achats. Je pense qu’il y a encore des Lausannois qui se souviennent d’avoir connu certains samedis une ville tout à fait encombrée, et non pas seulement certains de ses quartiers, mais même la rue de Bourg ou Saint-François, d’hommes à blouse bleue, de femmes à coiffe ou à chapeau, ou les deux, le chapeau sur la coiffe, comme moi-même j’en ai vu. Et surtout de gens qui étaient chez eux, qu’on ne voit plus ou qu’on ne voit plus guère, et qui ne sont plus chez eux nulle part, sauf sur la Riponne. Il est permis pourtant d’imaginer qu’un très petit bourg comme Lausanne a continué de mener la même existence pendant des siècles, encore que la Réforme ait dû lui porter un premier coup (par la suppression des pèlerinages). Ville isolée, comme tous les autres bourgs, mais au centre d’un pays riches et qui se suffisait à lui-même, les changements ne pouvaient lui venir que du dehors, qui étaient ceux de la civilisation, ceux des inventions qui se faisaient autour d’elle, et où elle avait peu de part, mais contre lesquelles ou pour lesquelles elle avait du moins (e a encore) à prendre parti. Il est malheureusement impossible d’esquisser ici l’historique des transformations survenues et toutes subies un peu malgré nous ; tenons-nous-en à celles qui nous ont été particulières, car il y en a et d’essentielles. Il faut voir, en effet, qu’une ville est placée plus ou moins heureusement dans un paysage (au dire des passants, car généralement les habitants n’ont là-dessus d’autres opinion que celle qui leur est suggérée), on veut dire dans un site plus ou moins beau ; - et que la nature qui ne compte pas d’abord, qui ne compte pour personne peut commencer à compter tout à coup et même à compter beaucoup pour tout le monde. Il y a ainsi des révolutions dans le goût et dans la mode ; et elles sont dues généralement à un seul homme (comme toutes les révolutions, comme tout ce qui se fait d’important, comme tout ce qui se fait de grand). Osera-t-on dire que l’événement essentiel pour notre pays, et, par conséquent, pour Lausanne, a été la naissance de Rousseau ou, si on aime mieux, l’avènement du naturisme ? La Nouvelle Héloïse paraît et un petit pays tout à fait inconnu devient subitement, pour des centaines de lecteurs, le centre du monde. Bien entendu, les conséquences économiques ne s’en sont pas fait sentir tout de suite ; bien entendu les « visiteurs » n’ont d’abord été chez nous qu’assez peu nombreux, leur importance n’étant que qualitative. Mais, comme il arrive toujours, et parce que la quantité n’est qu’une dégradation de la qualité, celle-ci a été remplacée bientôt par celle-là. Voltaire, Gibbon, beaucoup de marquis français, beaucoup de Lords venus d’Angleterre ont été supplantés, au cours du XIXe siècle, par une infinité de particuliers dépourvus de toute illustration, mais non d’argent, ce qui nous intéressait surtout, puisque c’est là l’origine du tourisme. Il faut voir aussi que pendant ce temps les chemins de fer étaient inventés, la grande industrie prenait son essor, les échanges se multipliaient, et que pour toutes ces raisons et beaucoup d’autres, chacune agissant sur le phénomène, le vieux bourg autour de sa cathédrale et de son château, tout en cherchant à perpétuer sa propre vie (ce qu’il tâche encore de faire), allait subissant mille influences, en somme pour lui favorables, on veut dire matériellement favorables, puisqu’il se développait avec une rapidité de plus en plus accélérée, et que, comme on dit, quand le bâtiment va, tout va.

 

 

 

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   On bâtissait. Mais encore faut-il savoir où bâtir et comment ? Je pense (entre parenthèses) qu’on a bien bâti aussi longtemps qu’on ne s’est pas posé la question de savoir comment bâtir, parce qu’on le savait d’avance. Or, à un moment donné et à cause des apports venus de l’étranger (entrepreneurs, main-d’œuvre, exemples), voici la question qui se pose. On ne bâtit plus comme on a toujours bâti. Et puis on ne sait plus où bâtir, ne serait-ce déjà que parce que le prix du terrain monte. Et, le prix du terrain montant, il faut que les maisons pour rester « rentables » deviennent plus hautes. On voit la complexité de la question ou des deux questions, car elles sont étroitement liées l’une à l’autre. Toujours est-il qu’elles ont dû se poser pour la première fois dans toute leur intensité à Lausanne vers 1860 ou 70. Et tout se gâte. Il y aurait fallut un homme et nous n’en avons pas eu. Il aurait fallu que survînt à ce moment-là dans nos administrations quelque chose de plus qu’un simple administrateur ou teneur de comptes, un simple gérant plus ou moins bien doué de la prospérité publique, ce que j’appelle un homme, c’est-à-dire un individu doué de toutes les qualités d’homme, qui ne sont pas seulement la possibilité de calculer, ni même celles de combiner plus ou moins bien ce qui existe, mais d’imaginer ce qui devrait être et de faire en sorte que ce qui devrait être soit. Supposons qu’il eût existé : son premier soin aurait dû être de faire redescendre Lausanne dans la plaine ; là était le grand principe auquel il convenait de tout subordonner. Plaine est d’ailleurs une façon de dire ; on veut parler des terrains relativement plats qui s’étendent entre la gare et le lac. Il aurait vu (l’homme en question) que Lausanne n’avait plus rien à faire sur sa colline, sur ses collines, où elle n’était montée que comme un gamin qui a peur grimpe sur un mur ; et que, si nous n’avions plus la « paix romaine », elle n’en avait pas moins été remplacée par quelque chose que je ne sais comment nommer, qui n’est certainement pas la paix et peut-être même pas la sécurité (surtout aujourd’hui), - disons un ensemble de conditions qui faisaient qu’une position élevée ne nous servait décidément plus à rien, sinon à être « pittoresques », ce qui ne suffit pas, mais aurait pu du moins être sauvegardé. Il aurait fallu voir qu’une ville se compose essentiellement de quartiers ou peut se répartir en quartiers, dont les conditions d’existence sont différentes, - et qu’en particulier les quartiers d’affaires ont besoin d’espaces vastes, bien ouverts de tout côté, largement percés de rues droites où la circulation est facile ; même si on ne pouvait prévoir alors ni les tramways, ni les automobiles, il fallait songer aux camions de toute espèce, aux voitures, aux simples piétons. L’homme dont je parle, s’il était venu, aurait donc décidé de faire émigrer les quartiers d’affaires autour et au-dessous de la gare où justement le terrain offrait beaucoup de facilités ; et de les faire suivre ou même précéder dans leur déplacement par tout ce qui a rapport avec une gare, ce qui a rapport au commerce et aux échanges, en particulier la poste et les banques. Quel débarras ! Car, considérant alors ce qui restait de la ville, telle que son passé l’avait faite, et telle qu’il souhaitait que l’avenir la fît, il aurait vu que l’industrie qui ailleurs est tout n’y était rien ou peu de chose ; que l’activité simplifiée de Lausanne était déterminée par sa double fonction de petite capitale et de ville d’étrangers ; ce qui supposait d’une part un quartier administratif ou gouvernemental, de l’autre un quartier de plaisance (on verra tout à l’heure le sens qu’il faut donner à ce mot) ; outre que sa situation particulière, et pour les deux raisons ci-dessus, comportait de nombreuses écoles, dont une académie qui allait devenir université. Il aurait décidé de loger toute l’administration cantonale à la Cité (ce qui a été fait d’ailleurs ou à peu près), mais d’y loger aussi les établissements d’instruction publique, ou dans ses alentours, selon un plan à établir ; de consacrer la Riponne et les quartiers voisins aux échanges locaux (comme c’était déjà le cas et comme c’est encore le cas) ; de restituer enfin la place Saint-François qui avait été jusqu’alors le centre des affaires (la poste, ni la Banque cantonale n’étaient encore bâties) à ce qui semblerait bien être son rôle naturel dans l’économie de la ville, par sa position privilégiée et l’emplacement de l’église, d’où l’on pouvait jouir du côté du sud de la vue la plus étendue, qui est une valeur et même une valeur d’argent. On imagine sans peine, même aujourd’hui, au midi de la place, une succession ou une superposition d’esplanades, avec jardin public, un ou deux cafés à terrasses (ce qui nous manque tellement), une salle de concerts, des bancs et des tables où à l’ombre des tentes ou de quelques beaux arbres on aurait pu l’été compter les bateaux, suivre de l’œil la tache blanche d’une barque à voiles de Montreux à Ouchy ou d’Ouchy à Thonon, contempler des kilomètres et des kilomètres d’eau bleue ou grise ou blanche ou noire ouverte de toute part à plat au-dessous de vous ; tout cela en plein cœur de la ville, ce qui est très important. Car c’est toujours au cœur d’une ville que se donnent les rendez-vous ; on le voit bien aujourd’hui encore. Il faut dire que ces rendez-vous sont singulièrement bousculés. La place manque. On n’a rien prévu. On a voulu tout réunir en un seul point, au lieu de départager et de classer les activités. Il aurait fallu ordonner, c’est-à-dire d’abord imaginer. On se serait encore préoccupé, par exemple, d’ouvrir une large artère d’accès facile du quartier de la gare, c’est-à-dire le quartier des affaires, au quartier du petit commerce et des écoles ; l’amorce en existait : c’était le tunnel du funiculaire qu’il n’y aurait eu qu’à élargir, qu’à éclairer, et qu’à rendre accessible aux piétons, ce qui n’eût pas été impossible ; ainsi on aurait sauvegardé en les isolant l’une de l’autre la ville du passé, mais qui pouvait servir encore, et cette ville de l’avenir, comme on l’appelle, qui aurait eu alors toute la place qu’il lui fallait. Elles auraient été réunies et en quelque sorte surmontées par une ville de plaisir : j’entends le plaisir qui est pour tout le monde et gratuit, étant fait d’air, de soleil et d’espace ; le plaisir d’être ensemble, le plaisir de pouvoir causer tranquillement entre amis. Au lieu de quoi, eh bien, on voit ce qui est arrivé, et ce que ça en a coûté, je veux dire de regrets et de sommes d’argent. Combien de millions pour l’espèce de palais « florentin » qui devait loger l’université, qui ne la loge même pas, étant aux trois quarts inhabitable, et qu’on a été enterrer, c’est bien le mot, dans un flanc d’une colline qui était jolie et joliment surmontée de murs anciens, mais c’est probablement pourquoi on a jugé bon de la défigurer à jamais. Combien de millions pour dresser un écran opaque et définitif entre les passants et la vue au sud de l’église Saint-François, elle-même transformée en une espèce de pièce montée posée sur un plat de confiseur entre les bâtisses massives qui l’enserrent de partout, elle qui était faite pour être vue de loin ! Et on ne la voit pas, et à vrai dire on ne voit rien, même pas les autos qui arrivent en tout sens et jouent à cache-cache, tournant en rond autour de cet énorme écueil. On ne voit surtout ni le lac, ni les montagnes, ni le ciel, du lieu même qui était ainsi disposé beaucoup mieux que Montbenon pour qu’ils fussent vus tout entiers. Il semble que tout ait été calculé à rebours, - au rebours du bon sens et au rebours de la nature.

 

Or, si l’exemple de l’ordre impose l’ordre, l’exemple du désordre conseille le désordre. Il n’a eu qu’à partir du centre où il trouvait tous les encouragements et à gagner de là vers la périphérie. Le désordre et tous les désordres, pas seulement le désordre architectural et esthétique, qui n’est d’ailleurs que le signe du désordre intérieur ; mais le désordre dans les habitudes et les goûts, et le désordre dans les comptes :  ainsi on a pu voir à diverses reprises tel bâtiment être démoli, puis rebâti à la même place, et presque de la même façon et dans les mêmes dimensions, mais les loyers avaient quadruplé ; - parce qu’il y avait quelque part la « poste centrale » ; il a été impossible d’empêcher les banques de venir s’installer précisément tout à côté, c’est-à-dire justement où elles auraient dû ne pas être ; - on a bâti de hautes maisons à sept étages où il en fallait qui n’en eussent qu’un et des maisons à un étage où elles auraient pu en avoir plusieurs sans inconvénient aucun ; - et je n’insiste pas sur le spectacle d’une banlieue hétéroclite qui s’est répandue peu à peu dans tout le pays, des Alpes au Jura ; qui n’est pas seulement laide, mais morne (car il y a des laideurs vivantes), morne et morte, morne et proprette, et parfaitement satisfaite d’elle-même au milieu de la pire incohérence qui soit.

 

 

 

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   C’est qu’un homme a manqué. Il n’a pas été là quand il aurait dû être là. On bien s’il a été là (ce qui est possible), il a été sans influence. Il semble bien que notre système démocratique ne puisse produire, ou du moins porter au pouvoir, que des hommes « moyens », étant le régime de la moyenne ; et l’homme moyen ne peut résoudre que les problèmes moyens ; et en outre l’homme moyen n’est jamais seul à décider. Il n’est qu’une unité, quels que soient par ailleurs son grade et sa fonction, au sein de la collectivité seule responsable, mais qui ne l’est déjà plus en ce qu’elle est une collectivité. Il appartient à un parti ; il est de la majorité ou de la minorité : son raisonnement et ses vues sont ceux de ses co-partenaires. Il ne domine pas, donc il est dominé. Il peut être très honnête et l’est généralement, bon administrateur, on le répète, de ce qui est, mais nullement artisan du futur. Alors, le futur se fait tout seul, c’est-à-dire se fait mal ; c’est-à-dire à coups de votations contradictoires et incohérentes, à grands renforts de compromis, avec infiniment de vues particulières et de détail, point de vue d’ensemble. Ce qui est frappant, me semble-t-il, dans l’aventure de cette tour, car il faut bien y revenir, c’est la mesquinerie des raisons qu’on a fait valoir « pour ou contre ». Ici encore personne n’a voulu voir le cas général ; il est vrai qu’il était trop tard. On ne voit pas qu’une ville est une personne vivante qui « tourne bien » ou « tourne mal », qui peut d’ailleurs avoir « bien tourné » une première fois et puis tourner mal par la suite. Je n’ai cité la tour que pour mémoire, parce qu’elle n’est qu’un détail, mais le détail est seul de nature à soulever, chez nous, les passions. Les soulever pour un moment, et puis elles retombent et s’endorment. Que cette tour se fasse ou ne se fasse pas est une question qui est depuis longtemps indifférente. Née du désordre, elle ajoutera au désordre, sans y apporter aucun embellissement, ni d’ailleurs aucun enlaidissement sans doute, ce qui serait difficile. Le plus probable est qu’on ne la remarquera même pas, si elle se fait et que, si elle ne se fait pas, elle sera remplacée par quelque chose d’équivalent, sinon de pire. Traitée en tant que détail et indépendamment d’un plan d’ensemble qui n’existe pas, et ne saurait plus exister, la question est sans solution. Consolons-nous. L’architecture est l’expression de la société elle-même, de ce qu’elle croit, de ce qu’elle pense, de ce qu’elle sent. Le cas ne nous est pas particulier. Toutes les villes « tournent mal » plus ou moins vite, plus ou moins mal en ce moment ; c’est que la société elle-même tourne mal. Quand une société ne croit à rien, ne pense à rien, ne sent rien, elle ne peut plus avoir d’architecture à elle. Elle vit d’emprunts. Elle copie autour d’elle des modèles tout faits, qu’elle va chercher très loin, aux Inde, en Norvège. Pourquoi pas ? Chacun ne se détermine que selon ses goûts, dont on voit ce qu’ils valent, ou bien le désir de paraître, dont on devine assez les aboutissements. Toutes les villes ont mal tourné ou tournent mal en ce moment ; j’entends celles qui ont un passé, bien entendu. Nous sommes dans ce qu’on appelle, par euphémisme, une période de transition. Il faut attendre qu’elle soit finie. Il faut attendre que la société ait trouvé de nouveau une raison de vivre, car elle n’en a plus. Elle ne vit que d’habitudes, et l’habitude ne suffit pas pour inventer. L’habitude, une fois ses aises sauvegardées, car tout est là pour elle, laisse faire, sans plus. Il faut que la société ait d’abord réappris à vivre. Alors elle aura de nouveau une architecture.

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Article publié dans Aujourd’hui (Lausanne)

 

le 18 décembre 1930

 

 

 

Article tiré du livre : LAUSANNE Une ville qui a mal tourné édité par H. L. Mermod à Lausanne 1946 à 2000 exemplaires

  http://pages.infinit.net/poibru/ramuz/ 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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